Nous sommes connus pour notre impartialité (et même, avouons-le, nos diatribes quand elles sont justifiées) face à tous nos représentants politiques – que nous critiquons vertement en dépit des intimidations hystériques que cela occasionne de la part de certains militants. Nous ne sommes pourtant soucieux que de diagnostiquer les idées, ou les faiblesses de l’incarnation. Or cela ne nous empêche pas de célébrer les travaux d’utilité publique quand ils sont pertinents :
L’approche de Sarah Knafo fustigeant l’arrogance et l’incompétence du management de France-Travail est salutaire.
Notons que cet excellent (et nécessaire) travail d’analyse et de recherche par Sarah Knafo sur le scandale France Travail dépasse allègrement le million de vues et les 14.000 « likes » sur la plateforme X (et cela vraisemblablement doubler).
Mais il est un contraste saisissant à relever entre X et LinkedIn :
Or au moment où nous déposons le présent article, il faut bien se rendre compte d’un contraste des plus saisissants et révélateurs : sur LinkedIn, il ne fait pas encore plus de 200 petits likes discrets.
Rappel : des professionnels ont été virés, ou ont dû remettre leurs démissions pour avoir seulement déjà cliqué sur le bouton « j’aime » d’un article de Sarah Knafo.
Ce sont pourtant très clairement les usagers de LinkedIn qui devraient s’en enorgueillir !
Alors pourquoi est-ce important de souligner ce contraste ?
Parce qu’il ne faut tout de même pas non plus oublier que LinkedIn :
👉 Appartient à Bill Gates (racheté 27 milliards de dollars en 2016) ;
👉 Est truffé de bugs (et non ce n’est pas qu’une remarque de geek, nombre de fonctionnalités y sont catastrophiques, phénomène en aggravation constante depuis ledit rachat, tant la créativité des concepteurs y est contingentée) ;
👉 Pratique les pires formes de censure : mon propre compte a déjà sauté 2 fois en raison de remarques quasi anodines (rien de ce que j’y formule ne peut rivaliser avec ce que je dis ici sur X) ;
👉 Dégrade fortement les profils n’étant pas officiellement validé par le truchement d’un organisme tiers qui exige le scan de votre carte d’identité pour limiter l’anonymat ;
👉 Préfigure ainsi, et même incarne déjà la PIRE forme de crédit social : quand votre compte saute, ils s’assurent que vous ne puissiez pas aisément vous réinscrire (à moins de tricher sur votre identité…), et la PEUR règne sur cette plateforme parce que, pour beaucoup de professionnels, un compte qui saute c’est soit une perte de chiffre d’affaire, soit un énorme problème d’employabilité puisque les recruteurs y sont massivement présents, et que si un profil n’est pas dans cette base de données… Vous n’existez pratiquement plus à leurs yeux (sachant que beaucoup l’utilisent de manière exclusive pour leurs recrutements : c’est devenu un standard).
LinkedIn est un danger pour la souveraineté nationale, mais aussi pour votre souveraineté individuelle et notre liberté d’expression
Alors pourquoi je rappelle tout ça ?
NON PAS pour donner tort à Sarah Knafo bien au contraire :
Mais parce que de manière très similaire à ce qui se passe sur les IA, la France a besoin de trouver là-dessus aussi sa souveraineté numérique.
L’État français aurait dû faire ce que l’État américain fait avec tous ses fleurons numériques : ils les finance bien plus qu’on ne le pense via la commande publique (même Google, Amazon, Facebook et bien entendu Microsoft en ont bénéficié…).
Or nous avions naguère Viadeo : nous ne les avons pas suffisamment soutenus.
Il faut que d’autres plateformes émergent : parce que LinkedIn détient un monopole extrêmement dangereux à la fois pour notre liberté d’expression, mais pour nos intérêts stratégique et vitaux. Ils gèrent la plus importante base de profils professionnels du monde : ils sont à vrai dire, le nouveau véritable Pôle Emploi…
Le préjudice quand vous y êtes censuré est tout bonnement cauchemardesque (ce qui dépend évidemment de la nature de votre métier).
Le lien avec l’étude de Sarah Knafo ?
C’est, vous l’aurez probablement compris si vous m’avez lu jusqu’ici, que le budget de France Travail, ainsi que les salaires délirants de tous ces cadres incompétents, qui ne sont tout juste bons qu’à faire les cabotins en plateaux TV, gagnerait à soutenir la créativité des entrepreneurs qui pourraient encore développer des plateformes rentables et souveraines.
Pour terminer, je dépose ici le commentaire que j’ai émis sur son sujet, sur LinkedIn :
« Flûte, j’ai cliqué sur le bouton « total soutien », j’espère qu’on ne va pas me virer 😂 (je suis mon propre patron, mais sait-on jamais, mes clients pourraient enrager). Blague à part, moi qui suis souvent sceptique sur vos positions, et qui pense qu’on ne travaille toujours pas suffisamment sur la « cause des causes », oui bien sûr, ce travail pourtant élémentaire est essentiel et courageux. Bien joué. »