La manipulation des foules – interview de Frédéric Bascuñana par Louis Fouché.
Notre réalité est-elle encore la nôtre ? Sommes-nous les auteurs de nos choix les plus intimes ou les acteurs d’un scénario écrit par des « architectes du consentement » ? Dans un entretien sans concession, Frédéric Bascuñana, consultant en stratégie, ingénieur social et spécialiste de l’ergonomie de l’information, décortique les rouages de la guerre cognitive menée contre les peuples. Pas de théories fumeuses : mais un exposé sans concession, avec une précision clinique, de la manière dont la neuroscience et la cybernétique sont devenues les armes d’une gouvernance qui nous préfère anesthésiés, isolés et déprimés plutôt qu’ouvertement réprimés. « La dépression plutôt que la répression ».
Découvrez comment des techniques comme la schismogenèse – l’art de créer la discorde pour mieux régner – ou l’astroturfing – la fabrication de fausses foules, de fausse colères populaires – ne relèvent plus de la fiction mais d’une ingénierie sociale parfaitement maîtrisée.
Cet échange met en lumière la stratégie de l’oligarchie : nous maintenir en « système 1 », ce mode cérébral réflexe et émotionnel, pour nous rendre imperméables à la pensée critique.
Le but ? Fabriquer une impuissance si profonde qu’elle en devient notre seconde nature.
Toutefois, il existe une lueur d’espoir : cet entretien est aussi un manifeste pour l’insurrection des esprits. Face à ce tableau clinique d’une démocratie sous anesthésie, une voie subversive se dessine : l’involution. Il ne s’agit plus d’attendre le grand soir ou l’homme providentiel, mais de hacker le système de l’intérieur, de retisser les liens de l’intelligence collective par-delà les divisions orchestrées.
Nous vous invitons à plonger dans cette analyse percutante qui ne vous laissera pas indemne. Un véritable manuel d’autodéfense intellectuelle pour comprendre les chaînes invisibles qui entravent notre présent et forger les outils de notre libération.
C’est l’heure de réactiver notre « système 2 » et de faire le pari de notre propre lucidité, le pari de l’intelligence collective.
Dr Louis Fouché :
Bonjour à tous, je suis ravi de vous retrouver pour un nouvel entretien avec des personnes dont le travail mérite d’être souligné ou dont je pense qu’elles sont utiles au bien commun et que devraient être plus largement partagées. Je mets les maigres moyens de nos chaînes à contribution pour essayer de mettre en lumière Certains qui oeuvrent au quotidien dans le réel avec des gens autour d’eux et qui ne se laissent pas embarquer dans la fascination de la société du spectacle, à attendre le prochain épisode, à souhaiter le prochain sauveur, mais qui eux-mêmes se mettent en mouvement pour être leur propre résolution. Aujourd’hui, j’ai la chance de recevoir Frédéric Boscugnana. Bonjour Frédéric, tu vas bien ?
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Bonjour à toi et que tes auditeurs, que ton audience nous pardonne l’image un petit peu saccadée. Je suis arrivé sur une étape avant mon véritable lieu de vacances et je n’ai pas une connexion idéale comme d’habitude.
Dr Louis Fouché :
Merci de nous offrir un peu de temps même pendant ce trajet des vacances. Est-ce que tu veux bien te présenter pour les gens qui ne te connaîtraient pas ? Tu as de multiples facettes, mais l’une d’entre elles c’est d’être un entrepreneur quelque part, donc d’être intégré à la vie réelle économique et puis de participer à une sorte d’intelligence stratégique pour beaucoup de groupes si c’est bien ça. Est-ce que tu veux bien nous expliciter tout ça ?
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Oui, quand j’étais étudiant j’ai commencé ma carrière en faisant de l’ergonomie web et c’est comme ça que je me suis intéressé à toutes les méthodes de sollicitation douce de l’attention des gens. A l’époque c’était encore très innocent, on voulait juste en l’occurrence aider des gens à trouver un emploi sur internet. J’ai vendu mon entreprise en 99 et puis j’ai vécu dix ans aux Etats-Unis où j’ai continué à vivre au contact de ces gens qui maîtrisent les techniques de storytelling. Quand je suis rentré en France, j’ai eu la sensation d’un d’un fossé culturel étonnant parce que j’ai grandi professionnellement mes premières années au contact des anglo-saxons et c’est ce contraste, ce sont ces frictions qui m’ont d’autant plus amené à me questionner sur le monde dans lequel je vis, l’environnement, notamment sur notre psyché collective dont je me suis aperçu qu’au fur et à mesure que les techniques de captation de l’attention se perfectionnaient, nous étions nous-mêmes en osmose avec ces espaces numériques, mais aussi altérés dans notre conscience de ce qui se passe autour de nous. Puis au travers de mon travail, quand j’ai quitté cette entreprise, je suis revenu travailler comme consultant en stratégie pour de grandes organisations. Je veux dire par là qu’il y a des chantiers assez importants, notamment conduite du changement, accompagnement dans des transformations profondes. Je me suis intéressé aussi à toutes les techniques dites d’accompagnement du changement et ça m’a beaucoup déstabilisé parce que quand on arrive dans son environnement, en étant un petit peu idéaliste, on est absolument persuadé de faire le bien, d’aider les entreprises à prospérer et puis petit à petit, On apprend avec le temps, quand on est en mesure de le faire économiquement, on apprend à choisir ses clients parce que certains sont plus cyniques que d’autres et veulent obtenir le consentement par des effets de prestidigitation, là où d’autres l’infusent avec une meilleure conscience éthique. C’est comme ça aussi que je me suis intéressé aux méthodes de gouvernance à l’échelle d’un état. à l’échelle d’un pays. Je crois que les méthodes de gouvernance qu’on emploie aujourd’hui, étant l’héritage direct des enseignements des 20 dernières années en neurosciences, sont extrêmement dangereuses. Et je vais jusqu’à dire dans mon travail que l’on nous mène une guerre cognitive, ce qui en apparence fait de moi un paranoïaque et donc un complotiste, alors que la réalité, c’est que quand on arbore le prisme de ceux qui exercent des outils de contrôle et de surveillance sur nous, on s’aperçoit que ce sont eux qui sont profondément paranoïaques et qui ont peur qu’un jour le peuple coalise contre eux. Et c’est ce qui les amène donc à cette fuite en avant des méthodes de manipulation psychologique des foules.
Dr Louis Fouché :
Je comprends que tout ça, ça t’a mené à une sorte d’interface entre la psychologie, la psychologie sociale, les méthodes d’ingénierie collective, mais aussi le travail sur l’ergonomie des outils, comment est-ce qu’on rentre dedans. En gros, comme si on pouvait construire à mesure le techno cocon, l’environnement dans lequel on est pris, et en même temps la réalité dans laquelle on est pris. C’est comme si elle était factice et qu’elle pouvait être manipulée à mesure par des espèces de chefs d’orchestre, de planificateurs centraux. qui seraient en charge de conduire ce changement et d’obtenir de nous un consentement pour aller vers ce changement qui est souhaité par eux. Tu as vécu ça à la fois aux Etats-Unis et en France, et de 1999 à 2025, en gros il s’est passé une trentaine d’années, où vraiment il y a eu une sorte d’accélération de ces phénomènes, avec l’apparition de l’Internet comme une réalité digitale dans laquelle on a été petit à petit de plus en plus imprégné, de plus en plus plongé. mais aussi dans la réalité quotidienne, je pense à un ouvrage de Matthew Crawford qui est cet auteur américain philosophe qui a écrit l’éloge du carburateur et qui a écrit aussi un livre récemment qui s’appelle Contact, comment nous avons perdu l’attention au monde et comment nous pouvons la retrouver, c’est le sous-titre, et qui commence son propos par un concours de marketing où il décrit que le premier prix a été remporté par une entreprise coréenne ou je ne sais plus quoi qui en gros dans un bus réussit à mettre à la fois les images des frites comme il faut, à propager des odeurs avec des… des propulseurs d’arôme quoi on va dire et puis marketing olfactif voilà et réussi à mettre en gros dans tous les champs sensoriels une sorte de synesthésie au sens gaudelairien de la capture de l’attention pour qu’à la fin vous sortiez du bus en disant oui j’ai envie d’acheter des frites machin sans même sans même y penser quoi est-ce que tu peux nous décrire un petit peu ces méthodes ces techniques qui ont l’air de s’être développées dans les années 70 puis avec les neurosciences comme tu l’as dit et Peut-être on peut commencer par l’astro-turfing ?
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Si tu veux bien, je voudrais rapidement rebondir sur l’exemple que tu as donné et le fait que tu l’as introduit en parlant d’ergonomie. C’est très important. Ceux qui ont commencé par se projeter dans des méthodes de manipulation psychologique se sont toujours eux-mêmes considérés comme des ergonomes et d’ailleurs dans le cadre de ce qu’on appelle le Nudge, qui est en train de devenir une véritable discipline depuis maintenant facilement une bonne grosse dizaine d’années, voire un peu plus, au sens où elle se professionnalise. Dans le Nudge, donc, ils s’appellent eux-mêmes des Choice Architects, des architectes du choix. Et tout ça est directement hérité de travaux, donc en l’occurrence d’un prix Nobel du nom de Daniel Kahneman, qui est celui qui a écrit un livre intitulé Les deux vitesses de la pensée, qui a démontré, en gros, que notre cerveau fonctionnait selon deux modes, le mode qu’il appelle système 1 versus le système 2. Le système 1, c’est celui qui réagit de manière réflexe et qui est généralement victime de ce qu’il a baptisé les biais cognitifs, enfin ce qu’il a baptisé. Il a repris le terme des biais cognitifs qui existait déjà, mais il a véritablement pris ses lettres de noblesse et il s’est pérennisé à partir du moment où Daniel Kahneman a sorti son ouvrage et a été reconnu grâce à son prix Nobel. Vous l’aurez compris, l’autre vitesse du cerveau, c’est celle que l’on active quand on pratique son esprit critique. Pourquoi est-ce qu’il est important d’en parler ? La vraie raison pour laquelle il est important d’en parler, ce n’est pas parce que j’ai envie de vous expliquer que le cerveau a deux vitesses. Il y a deux raisons pour vous en parler. La première, c’est que la plupart du temps, notre cerveau est évidemment en mode réflexe. Le cerveau pèse 2% de la masse corporelle complète, globale, de notre corps en moyenne. mais il consomme 20 à 25% de l’énergie quand il est à plein régime. Nous réfléchissons à des équations complexes. C’est la raison pour laquelle cette machine est toujours en mode économie d’énergie. Elle réclame beaucoup de glucose et elle veut en consommer le moins possible. Je veux être sûr que tu es là, je ne suis pas sûr d’avoir le son.
Dr Louis Fouché :
Je t’entends bien. Cette économie d’énergie, on la voit bien dans toutes les routines qu’on crée. C’est-à-dire qu’au début, un phénomène est critique, nécessite un apprentissage et petit à petit, il devient automatique. Puis, on conduit la bagnole sans y penser alors qu’au début, juste passer les vitesses et tout ça. Et si on voulait revenir à réfléchir à comment on passe les vitesses, c’est très difficile parce qu’on a complètement intégré dans la structure neuronale cette espèce de réflexe d’appuyer sur la pédale quand on touche la poignée.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
C’est d’ailleurs pour ça que, statistiquement parlant, la majorité des accidents de voiture se produisent en rentrant à la maison. C’est-à-dire dans les chemins que l’on accomplit de façon trop automatique et il suffit qu’il y ait un facteur perturbateur. on met un petit peu plus de temps à retrouver son acuité sensorielle, avoir les sens en éveil quand on est un peu en mode comme ça, quasiment passif. Et la deuxième raison pour laquelle c’est important de parler justement de ces deux vitesses du cerveau, c’est que vous entendez ou vous lisez beaucoup au quotidien de gens qui disent tout le monde est devenu complètement abéti et on parle d’anesthésie. Et je suis triste d’entendre dans la dissidence, si j’ose dire, beaucoup de gens dire on n’y arrivera pas, L’allié principal de la censure, du contrôle, de la surveillance, c’est la bêtise des masses. C’est important de savoir que ce n’est pas ça le sujet. Le sujet c’est que, pris dans le tourbillon d’un quotidien de plus en plus anxiogène, qui nous sollicite de plus en plus sur le plan du stress mais aussi de la performance, nous avons tendance à mettre notre esprit critique en veille. Toi et moi, nous avons décidé par exemple d’investir du temps, de notre temps professionnel, nous avons fait beaucoup de sacrifices pour pouvoir travailler sur ces sujets là, mais la plupart des gens n’ont pas le temps. Ils sont en pilote automatique l’essentiel de leur vie. Et donc, si je disais que c’était très important d’avoir ça en tête, c’est qu’il y a un moment donné, où le wake up call à l’échelle de la population va permettre à une audience grandissante de remettre en action ses capacités critiques sur certains sujets sur lesquels elle ne les active pas. C’est pour ça qu’on a parfois l’impression On se sent, et beaucoup de gens nous racontent des anecdotes en ce sens-là, dans les agora en ligne, etc. Quand on parle des manipulations du gouvernement en ce moment, etc. Les gens disent c’est pénible, ils m’écoutent pas, etc. C’est qu’il y a un rubicon à franchir qui est celui du déclenchement de cette intention. De passer justement au système 2 dans des séquences où on estime qu’on n’en a pas besoin, que c’est prématuré, etc. Les gens étant pris dans leur quotidien. C’est la raison pour laquelle je ne désespère pas, c’est la raison pour laquelle je suis en ce qui me concerne très optimiste.
Dr Louis Fouché :
Cette idée que le système 2 nécessiterait beaucoup d’énergie et qu’au fond revenir à un état critique, à une compréhension assez juste des phénomènes plutôt qu’automatique, nécessite un effort, un coût énergétique dans une population qui est déjà rincée en termes d’énergie en permanence et qui vit en mode survie, on pourrait dire, la plupart du temps parce que le sommeil n’est pas bon, parce que la nourriture n’est pas bonne, parce que l’intoxication d’informations à traiter fait qu’il y a un goulot d’étranglement tellement il y a une infobésité majeure. Et ça, ça dessine d’emblée des pistes de solutions. C’est-à-dire qu’on pourrait dire que plutôt que de fournir encore plus d’informations aux gens, Au contraire, leur redonner de l’énergie de la bande passante leur permettrait de métaboliser de manière beaucoup plus efficace en système 2 l’information qu’ils reçoivent et donc prendre des vacances, mieux manger, mieux dormir, rigoler, passer un bon petit moment avec des gens, rassurer la relation sans avoir besoin qu’elle soit sans cesse vacillantes parce qu’on est en désaccord, tout ça sont des éléments qui renforcent les gens et leur permettent ensuite de voir par eux-mêmes certaines choses qu’ils ne pourront jamais voir si vous leur surajoutez de l’information.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Absolument, il faut recréer de la proximité. Si on continue à rester sur ce terrain d’une forme de vulgarisation du mode de fonctionnement de notre cerveau, On a appris notamment le mode de fonctionnement des neurones miroirs. C’était au départ des pressentiments de scientifiques qui arrivaient par déduction aujourd’hui. des BEAM, des Brain Electric Activity Map, qui sont des cartographies de l’activité électrique du cerveau. On est capable de tracer le fonctionnement de nos neurohormones et de faire des expériences de plus en plus précises qui démontrent qu’il y a en effet des neurones dites empathiques qui sous-tendent cette idée, qui justifient cette idée que c’est dans des interactions sociales de qualité et donc dans des formes plus ou moins rudimentaire, plus ou moins sophistiqué, d’intelligence collective, que nous retrouvons nos aspirations en quelque sorte à ce diamant pur de la pensée qu’est l’esprit critique. C’est dans l’interaction, c’est rarement dans une logique complètement solipsiste. Certains me diront je me suis je me suis organisé pour pratiquer la méditation, pour me retrouver, etc. Je n’exclus évidemment pas de manière grossière la possibilité pour chacun de faire une forme de retour sur soi, mais le moment qui précède le retour à la stratégie, au sursaut, à l’éveil, et généralement collectif. Il est difficilement fondé sur une démarche totalement individuelle, contrairement à ce que nous vendent les grandes figures d’Hollywood, de ces héros, de ces super-héros qui s’opposent tout seuls au système. C’est un mythe, un mythe d’ailleurs dans lequel je crois que nous sommes malheureusement trop souvent enfermés. qui est promu aussi par les médias, par la création culturelle, grand public, etc. et qui nous fourvoie beaucoup. Ce que j’entends pour moi, en ce qui me concerne, je ne me demande qu’à être challengé là-dessus, j’entends trop souvent des gens prôner une sorte de retour survivaliste à un équilibre intérieur et donc une forme de retraite hors de la société, etc. Or, il est très difficile de promouvoir le changement durablement sans chercher à recréer de la proximité avec autrui. Autrui est certes une fatigue, une source de contrariété et de tracas, mais autrui est aussi la solution. C’est un peu ce que Schopenhauer disait en comparant les êtres humains à des porcs épiques. Ils ont besoin les uns des autres pour mieux réfléchir et aussi parce qu’émotionnellement, ils ont besoin des autres par leurs affects. Le problème, c’est quand ils sont trop proches d’eux, ils se piquent, donc ils s’éloignent. La raison pour laquelle les porcs et piques se rassemblent, c’est pour se réchauffer. Quand ils se frottent trop les uns aux autres, ils se font mal, donc ils s’éloignent, ils reviennent, ils s’éloignent, ils reviennent. Être proche des autres, ça pique aussi. C’est ça que ça veut dire. Cette analogie, outre le fait qu’elle est évidemment et qu’elle ironise évidemment sur nos faiblesses de fragiles bipèdes, dit bien aussi que c’est une question d’équilibre assez complexe à trouver. Il est aussi important d’en parler parce que s’il y a bien une chose que cette société fabrique massivement, c’est de l’isolement.
Dr Louis Fouché :
Dans l’isolement, de la séparation. Dans un article que tu as fait pour Nexus, d’un phénomène qui s’appelle la schismogénèse et qui est théorisé par quelqu’un qui s’appelle Gregory Bateson. Est-ce que tu peux nous en dire justement un peu plus là-dessus, sur cette séparation permanente dans laquelle on est entretenu pour maintenir peut-être notre impuissance ?
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Oui, alors Gregory Bateson, c’est un des co-inventeurs, un co-fondateur de la cybernétique qui a participé à son émergence il y a maintenant un siècle. Tout ça s’est accéléré au lendemain de la seconde guerre mondiale et au début des années 30, Il était un employé de la CIA sans que la chose ne soit évidemment révélée avant une cinquantaine d’années plus tard par la déclassification, on ne le savait absolument pas, on croyait que c’était un chercheur comme un autre qui travaillait sur des concepts de psychologie visant à réparer les traumas des êtres humains, etc. Et en fait non, il travaillait pour la CIA et notamment en Birmanie, en Inde, au Japon, dans les îles Fidji et d’autres destinations. Ils procédaient à des expériences consistant à alimenter des médias par des financements de la CIA ou à en créer à partir de rien. qui consistait à fabriquer des zones de discorde au cœur des populations pour pouvoir d’autant mieux les dominer et ensuite faire de l’influence toxique en armant les uns et les autres. On est toujours dans les bonnes vieilles techniques cabalistiques qui consistent à financer des pions des deux côtés de l’échiquier et la CIA construisait des méthodes d’asservissement de fabrication du consentement évidemment à son influence de par ces techniques dites de schismogenèse, donc la genèse du schisme, le schisme étant la séparation. Donc on sait de manière certaine qu’à minima depuis les années 30, avec un gars comme Gregory Bateson, on a des techniques d’induction de la fragmentation à l’échelle des peuples, donc séparation des gens, pour s’assurer que les combats qui se produisent à l’échelle d’une population soient horizontaux et qu’ils aient moins de chances de s’organiser selon une logique de verticalisation, de coalition, à l’encontre d’un pouvoir qui leur fait peut-être beaucoup plus de mal.
Dr Louis Fouché :
On comprend que c’est la suite de Machiavel et de Séparé pour mieux régner, mais là il y a une sorte de systématisation, d’industrialisation et de scientifisation aussi de ces techniques.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Bien sûr, c’est devenu une science et j’ai aussi le coutume de beaucoup citer Freud sur ce thème-là. Freud est maintenant très très critiqué mais je trouve presque absurde évidemment de le critiquer en bloc et de refuser tout ce qui vient de lui parce que j’ai de plus en plus de mes contemporains qui disent là ne cite pas Freud etc mais il a quand même formalisé quelques concepts très utiles et il y en a un qui est très connu des ingénieurs sociaux qui s’appelle le narcissisme des petites différences. On peut appeler ça aujourd’hui un biais cognitif et c’est celui qui dit que les êtres humains ont tendance à se frictionner plus facilement avec leurs voisins, celui qui leur ressemble, qui appartient à la même classe sociale, qui a un peu les mêmes atouts, qui possède un petit peu la même chose, qui vit dans le même environnement, ils ont tendance plus facilement à se frictionner, tout simplement à se jalouser, qu’il ne serait à même de le faire, de le ressentir avec des des gens appartenant à une classe sociale beaucoup plus élevée. Et en fait, ce narcissisme des petites différences, c’est typiquement ce sur quoi les ingénieurs sociaux comptent, c’est-à-dire qu’ils capitalisent littéralement sur ce type de découvertes dont on s’aperçoit en psychosociologie que ce sont des schémas reproductibles, aisément reproductibles. Ils comptent là-dessus, notamment quand ils font ce qu’on appelle de l’astroturfing, puisque tu as amené le terme. L’astroturfing, c’est quoi ? Rapidement, c’est un terme qui est apparu au milieu des années 80. C’est un sénateur, en l’occurrence du Texan, qui a forgé le terme parce qu’un jour il a reçu des milliers de courriers de plaintes de ses concitoyens qui demandaient à ce que l’on soit beaucoup plus coulant sur certaines lois et notamment en rapport avec la consommation d’alcool. Je passe sur les détails. Ce texan a fait une interview en disant, je ne suis pas assez bête pour me tromper, pour faire la confusion entre un mouvement dit grassroot, donc au sens les racines de l’herbe, si je traduis, pardon pour l’anglicisme, c’est devenu un terme un petit peu du jargon. Un mouvement grassroot ça veut dire qui part de la base, qui est un mouvement populaire, impulsé spontanément par une foule, et ce qu’il appelle par opposition un mouvement AstroTurf. AstroTurf est une référence à une marque très connue aux Etats-Unis de gazon synthétique. Du coup, on a forgé le terme d’astroturfing. Pourquoi gazon synthétique ? Ça veut dire que l’on simule une foule en colère, on simule un mouvement sincère, un élan populaire, justement en le synthétisant, on le fabrique en laboratoire. Et en l’occurrence, cet homme politique texan avait reçu des lettres qui étaient décopié-collé assez maladroit en provenance d’un lobby très organisé des alcools. Donc c’était plutôt une méthode très cynique d’envahir sa boîte de messagerie avec des messages qui étaient tous faux. Évidemment là, quand est apparu le terme, on était dans quelque chose de très artisanal. Même Machiavel, divisé pour Muranier, c’est très artisanal. Aujourd’hui, comme tu l’as très bien dit, mon cher Louis, c’est devenu une science. En fait, c’est devenu une expertise. On a des cabinets spécialisés, des consultants spécialisés, des agences de relations publiques qui vendent cette prestation et qui d’ailleurs acceptent de servir de fusibles, qui sont l’intermédiaire entre des forces politiques et évidemment une audience et qui servent à diffuser d’abord diffuser une idéologie, des techniques de persuasion, mais aussi, il faut bien comprendre que c’est un outil de gouvernance politique. Donc c’est la raison pour laquelle en ce moment…
Dr Louis Fouché :
Je m’arrête là pour le souligner parce qu’on a l’impression qu’effectivement ça naît d’une volonté au départ économique, on pourrait dire celle du battleur, celui qui va essayer de vanter son produit sur la place du marché en faisant venir un faux aveugle pour lui mettre son baume sur les yeux. On peut imaginer toutes ces techniques qui existaient dès le Moyen-Âge de persuasion mais qui maintenant sont à grande échelle et ont envahi le champ politique. le champ social et le champ scientifique pour être conceptualisé, systématisé, pour que chacune de ces techniques reçoive un nom et soit parfaitement reproductible et des agents spécialisés s’en sont emparés et en font une prestation pour les états comme pour les entreprises, les entreprises multinationales et on peut même imaginer pour l’armée parce que tout ça peut aussi ressembler à ce qu’on appelle les PSYOP, est-ce que ça a un lien ?
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Alors non seulement ça a un lien mais on a de plus en plus de preuves que ça existe et moi je remonte souvent à un exemple qui date de 2012 où en Corée du Sud ont été générés plus de 25 millions de messages par des millions de faux profils lors d’une campagne électorale présidentielle pour faire gagner une candidate qui finalement a été démasquée et qui a fait de la prison et qui a opéré cette psyop c’était ce qu’on appelle le NIS en Corée du Sud, je ne me rappelle plus exactement ce que veut dire l’acronyme, mais c’est la National Intelligence Society, je pense que c’est ça, et c’est l’équivalent de notre DGSI. et ils l’ont reconnu au terme d’audits et de plaintes déposées, c’est pas une espèce de théorie conspirationniste, loin s’en faut, il y a eu procès et ils ont fait des communiqués pour reconnaître la gravité de cette erreur, s’estimant eux-mêmes noyautés par des agents, des loyaux. J’aime bien en parler et rappeler aux gens que ça date de 2012 parce que moi quand j’en parlais en 2015 c’était encore tout frais. Mais maintenant le temps a passé et qu’est-ce qui s’est amélioré ? Les technologies et notamment les intelligences artificielles. Je discutais encore dans une entreprise avec des jeunes qui faisaient ce qu’on appelle du community management pour la marque de leur employeur. Il y en a un qui me disait c’est vraiment le désert on n’arrive pas à obtenir de l’engagement sur nos publications donc moi j’ai créé 8 profils et mes 8 faux profils viennent de temps en temps fabriquer un petit peu d’engagement autour de mes publications parce que sinon franchement mon employeur va me dire que ça marche pas et il y avait à côté lui un autre community manager qui dit t’en as créé que 8 toi moi j’en ai 25 donc ce que je veux dire c’est que dans la population c’est devenu un réflexe.
Dr Louis Fouché :
Les concitoyens sont bien persuadés qu’il y a des faux commentaires dans les commentaires ou des faux trois étoiles, cinq étoiles sur Amazon comme sur tous les sites internet. C’est la première chose que je ferais si j’avais un site internet, c’est de faire des faux profils qui vont dire oui, mes produits sont les meilleurs, même si j’y crois, ça reste de la strutturfing effectivement. Et puis lié à ce qu’on appelle la preuve sociale, c’est-à-dire que quand il y a une reconnaissance par le groupe de quelque chose, même si c’est faux, Je vais plus avoir tendance à le reconnaître. Peut-être que nos concitoyens arrivent à l’entrevoir pour une entreprise mercantile, commerciale. Mais c’est beaucoup plus dur à l’échelle d’un état, alors même que pendant le Covid, il y a exactement ce que tu as décrit, c’est-à-dire l’inondation de l’Internet. Moi je me souviens très bien, si vous tapiez « 33 victimes du Covid » sur la barre de requête Google, d’un coup sortez tout plein de pages créées à l’évidence par une intelligence artificielle en disant « en Uttar Pradesh, dans l’état du Dakota du Nord, etc. 33 victimes tel jour » et quel que soit le nombre ou le chiffre que vous preniez, vous trouviez toujours des pages qui étaient générées de manière automatique, comme s’il y avait une sorte d’inondation de l’Internet par la création de ces pages. Moi, je me suis toujours demandé, mais d’où ça vient ? Qui a fait ça ? Et ensuite, on a su plus fort que McKinsey avait géré la campagne de vaccination. On peut imaginer que la campagne Covid elle-même avait un maître d’œuvre.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Bien sûr, c’est aussi très précisément ce qui s’est passé pendant le printemps arabe. Moi-même, je finançais un réseau de sites de la francophonie sur un site créé par un Australien, un Américain qui s’appelait ReadWriteWeb à l’époque. C’était un site très en vue, donc j’avais la licence pour la France. Je faisais travailler notamment un Tunisien. qui a relayé des informations assez poussées sur le thème de l’attention à la strutterfing, l’attention à l’infiltration des discussions, notamment vos comptes Facebook, etc. Il discute parfois avec des agents qui sont des agents d’État et il a commencé à publier un article dans lequel il faisait apparaître des doublons de profils. Sauf que ce n’était pas anecdotique, ce n’était pas fait de manière artisanale, c’était fait de manière assez industrielle. Bon, je passe sur les détails. Il s’est passé plusieurs choses. D’abord, on s’est aperçu que c’était des Français. travaillé pour le régime de Ben Ali et probablement téléguidé par Sarkozy qui voulait peut-être faire plaisir ou faire une expérience d’apprenti sorcier je ne sais pas à l’époque et deuxièmement le blogueur en question tunisien a été arrêté ils l’ont mis dans les geôles du régime de Ben Ali et ils l’ont tabassé toute la semaine à tel point qu’il est sorti tu méfiais avec des bleus etc et c’est à ce moment là que dans la rue les gens l’ont porté mais vraiment ils l’ont porté sur leurs épaules etc parce qu’il apparaissait comme le gars plutôt héroïque qui avait dénoncé justement des manipulations et ce qu’on ne sait pas, ce qui est très peu connu par rapport au printemps arabe, c’est que c’est ça la flamèche. Pour le coup moi j’étais vraiment vraiment au premier lieu, j’ai vu le truc mais qui a été au visage, j’étais complètement sidéré et la flamèche ça a été ça, c’est-à-dire que quand les gens réalisent qu’ils sont manipulés, là on rentre dans une forme de colère qui peut être d’ailleurs une colère structurante pour amorcer un mouvement et c’est la raison pour laquelle d’ailleurs si on accélère un petit peu dans le temps et qu’on arrive chez nous il y a eu l’annonce il y a quelques jours d’un mouvement arrivant le 10 septembre et juste mais vraiment une minute avant qu’on soit sur ce live ensemble toi et moi Louis j’ai une personne de ma famille ma demi-soeur pour tout vous dire qui m’écrit qui me dit je ne sais pas ce que c’est ça mais qu’en penses-tu et elle m’envoie un Un truc hallucinant, un lien qui mène à un outil complètement encrypté qui dit la résistance s’organise pour le 10 septembre. Alors moi j’y vais, je clique, la première des choses que fait cet outil, évidemment sans rien annoncer de qui est derrière puisque c’est anonymat total, il fait de la collecte de données. Il me demande ma tranche d’âge, ma région, Je pose plein de questions sur mon profil, ce qui fait vraiment penser au scandale de Cambridge Analytica qui était aussi de la collecte de données organisée en fait pour une officing gouvernementale par le truchement de Facebook. J’ai tout de suite dit à ma demi-sœur, j’ai dit laisse tomber, ça c’est évidemment une arnaque et même dans le doute, même si ce n’était pas une arnaque, pourquoi ce mouvement-là aurait-il besoin de faire de la collecte de données ? Alors moi, je vais vous dire, la véritable collecte de données qui se produit, c’est qu’on est en train à l’échelle d’un peuple, très probablement, en train donc d’étudier nos réactions comportementales et de les algorithmer. Parce que de deux choses l’une, soit ce mouvement a été initié par des gens comme toi et moi, Louis, qui sont tout à fait sincères, mais leur anonymat est une fantastique opportunité pour l’infiltrer d’emblée, soit il a été initié par des ingénieurs du chaos, moi j’aime bien les appeler les psychosybernéticiens, parce que c’est à la fois des psychosociologues et des gens qui ont appris la cybernétique, pour voir ce qui allait se produire et il faut savoir un truc c’est que en manipulation psychologique on ne peut jamais jamais et vraiment ça c’est à moins que ça marche dans des cas très rares et très court-termiste on ne peut jamais pousser les gens à agir contre leurs valeurs les plus leurs valeurs intrinsèques leurs valeurs intimes par contre on peut les encourager dans une direction je voudrais si tu veux bien faire une petite parenthèse en relation avec l’exemple que tu donnais le marketing olfactif Il existe un institut des neurosciences aux Etats-Unis qui a été fondé par un certain Paul Zak, que tout le monde peut trouver parce qu’il fait énormément de conférences en ligne, qui a démontré que l’on pouvait exposer des gens à un message, marketing notamment, et diffuser dans l’air, tenez vous bien, un substrat à base d’ocytocine, qui est parfaitement inodore, que l’on aspire, et qui vient amplifier notre sensation d’adhésion au message auquel nous sommes confrontés. En l’occurrence, il a vraiment renouvelé plein de fois cette expérience avec des groupes témoins, etc. Il l’a fait de manière pour le coup très carrée, et on s’aperçoit notamment que sur certaines publicités, notamment en faveur de la lutte contre le cancer, les gens avaient deux fois ni plus de probabilité de donner de l’argent suite à l’exposition à ce message émouvant qu’ils ne le faisaient quand ils n’étaient pas exposés à ce gaz inodore. Et dans ce gaz, il y a justement un composé à base d’ocytocine. L’ocytocine étant, on le sait grâce à Paul Zak d’ailleurs, qui est un de ceux qui ont le plus travaillé là-dessus, on sait que c’est la neurohormone, le neurotransmetteur C’est un peu simpliste tout ça, mais je caricature, qui favorise l’empathie. Notamment, on s’est aperçu que si, par exemple, je te croise dans la rue, Louis, et que tu portes, mettons, des dossiers sous ta main, sous ton bras, et tu les lâches, et ils tombent, et il y a des feux qui partent de partout, etc. Je vais ressentir une empathie pour toi et je vais avoir envie de t’aider. Et en t’aidant et en cédant, en se regardant dans les yeux à ce moment-là parce qu’il y a un petit geste de générosité humaine, on va tous les deux avoir une petite décharge d’ocytocine. Mais chose encore plus intéressante, si une troisième personne observe la scène dans la rue, elle va avoir la même décharge d’ocytocine. C’est très intéressant. Donc une personne qui assisterait à ce moment où deux êtres humains s’entraident, va elle-même avoir va ressentir donc par empathie cette chose là. Donc ça veut dire qu’on peut nous exposer à des scénarios dans lesquels nous ne sommes pas des acteurs, nous assistons à ce qui se produit, on le ressent bien quand on pleure à la fin d’un film. D’ailleurs Paul Zak a eu envie de faire ces études là parce qu’un jour dans l’avion il a regardé One Million Dollar Baby, le film de Clint Eastwood, et qu’il s’est demandé comment ça se fait qu’on a tous pleuré autant à la fin de ce film. C’est authentique l’histoire. Et donc maintenant avec la technologie à sa disposition, il est capable de mesurer extrêmement précisément ce qui se passe au niveau de notre biologie. Il est capable de stocker de l’ordre de 2 à 3 Tera d’informations par minute d’exposition à un message qui sont en fait tout ce que produit notre corps. C’est vertigineux parce que quelqu’un comme ce chercheur découvre des choses passionnantes, mais tomber entre de mauvaises mains, cela vient nourrir les techniques de guerre cognitive. Pourquoi est-ce que j’ai raconté tout ça ? Je ferme cette parenthèse qui était importante pour comprendre. On ne va pas manipuler un peuple en diffusant à l’échelle de ce peuple tout un tas de présences dans les ressources sociaux avec Brigitte Macron, la merveilleuse Brigitte Macron que tout le monde adore, même si évidemment on a quelques photos dans Gala et dans la presse People qui semblent très clairement être favorables au gouvernement et faites pour nous manipuler un petit peu, nous donner l’impression que tout ça c’est des gens très sympathiques. On le voit en ce moment, il y avait une espèce de contre-offensive, on nous montrait qu’elle est sympathique et tout. Mais la réalité c’est qu’on sait très bien que ça ne marchera jamais sur les gens qui ne supportent pas le couple présidentiel et qui de manière générale se méfient de ce système. Donc qu’est-ce qu’on va faire ? On va aller dans le sens de ce qui est la réaction épidermique, réflexe. On est toujours sur le système 1, on est toujours sur le cerveau émotif, le cerveau émotionnel. On va balancer une promesse qui renferme une forme d’espérance et on n’a absolument pas besoin de mettre un plan très concret là-dedans pour que les gens déjà donnent au pouvoir et à ceux en tout cas qui étudient tout ça et qui ont aujourd’hui la capacité de stocker de la donnée et de l’organiser, on leur donne une information en retour, c’est-à-dire qu’on leur dit exactement combien nous sommes. D’où le fait que des interfaces qui disent on va s’organiser, cliquez ici, dites-moi votre tranche d’âge, dites-moi dans quelle région vous êtes, etc. Refusaient absolument évidemment cette collecte de données parce que ma demi-sœur m’a dit que ce truc était très viral et qu’une amie lui avait passé, qu’il avait passé d’une autre amie, ça se diffuse sur WhatsApp en mode c’est de la clandestinité, ça sent bon, ça sent la subversion, etc. Alors qu’en fait c’est très certainement pipo ou en tout cas opéré par des gens qui sont d’autant plus naïfs qu’ils vont évidemment à un moment donné perdre le contrôle de cette donnée. Il ne faut surtout pas nourrir qui que ce soit, même la dissidence avec ce type de données. Moi, je pense évidemment que c’est une manipulation et que ça permet là, à cet instant T, au pouvoir de savoir où il en est. C’est-à-dire qu’est-ce qui se passe si je lance une opération subversive, en apparence subversive appartenant au peuple ? J’ai une information cruciale sur l’état des forces de l’ordre, sur l’état des forces en présence. Est-ce que les forces de l’ordre risquent à un moment donné de rejoindre un mouvement ? J’ai besoin de cette information. Ce que les gens oublient, c’est que le pouvoir a constamment besoin de maîtriser cette information-là. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tu évoquais le Covid, Même si ce n’était pas entièrement prémédité et que beaucoup de gens l’ont fait de bonne foi et naïvement, il est évident que le moment où on a demandé à des flics d’obéir à des ordres absurdes et notamment de verbaliser des gens sur la plage, moi j’ai été verbalisé au milieu de la montagne, en Haute-Savoie j’étais tout seul sur une colline déserte et j’ai deux flics qui arrivent en vélo qui me disent Vous êtes à moins d’un kilomètre de chez vous, est-ce que vous avez vos papiers ? Et qu’est-ce que vous faites sans masque ? J’étais seul, je n’avais même pas un membre de ma famille. Ces gens qui ont obéi à des ordres absurdes ont donné une information d’une valeur inestimable. pour l’oligarchie parce que maintenant elle sait jusqu’où elle peut aller, trop loin. C’est l’aveu, le fameux, en conférence d’Edouard Philippe qui est une conférence à l’ESSEC avec des étudiants. Moi j’ai l’impression qu’il ne savait pas qu’il était filmé, c’est pas possible. En plus il était mal filmé, il y avait une caméra latérale qui le prenait comme ça un peu dans le dessous. Je pense qu’il ne savait pas qu’il était filmé, ce n’est pas possible, parce qu’à un moment donné, il se confiait aux étudiants qui ont l’air passionnés de policiers et qui sont évidemment l’élite de demain. Et sur le mode de la confidence, il dit, vous savez, on a poussé certaines décisions, on a vu que ça passait, donc on était nous-mêmes très surpris, donc on a continué, on est allé un peu plus loin. En fait, que fait le pouvoir ? Il pousse pour voir jusqu’où il peut aller trop loin. C’est un aveu incroyable. Ces gens-là sont constamment en train de mesurer les limites au-delà desquelles ils pourraient ne plus pouvoir aller, mais en deçà d’une certaine limite, et à condition d’avoir la bonne information pour ça, et bien ils vont pousser leur agenda.
Dr Louis Fouché :
Est-ce que je comprends donc qu’il y a ce coup de sonde dans la société en permanence, que pour toi une partie du 10 septembre en tout cas est à l’évidence quelque chose d’organisé pour à la fois mettre un coup de sonde et peut-être aussi diriger l’énergie collective qui pourrait se structurer. On a l’impression qu’une grande partie de ce qui est fait est fait pour nous rendre impuissants. Tu l’as dit, une partie de la dissidence, c’est désespéré. Les outils sont tellement aboutis maintenant au niveau de la manipulation cognitive qu’on est rendu comme complètement impuissant. La seule solution serait de se barrer dans la montagne en mode survivaliste avec ma kalachnikov et mon abri anti-atomique. Est-ce que ça fait partie de cette planification centrale aussi, cette désespérance et cette impuissance dans laquelle on a l’impression d’être ?
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Oui, contrairement à un mythe, il n’existe plus d’État qui réprime, il n’existe que des pouvoirs qui dépriment. Le temps qui passe, les générations de modes de gouvernance qui se succèdent, fabrique une base de connaissances. C’est ce qu’il faut que les gens comprennent. C’est pour ça qu’il faut arrêter de se replier comme si c’était une sorte de doudou psychologique sur les schémas du passé que l’on croit reproductibles. On est dans un nouveau paradigme. Parce que vraiment, j’insiste, l’école de la cybernétique est passée par là. D’ailleurs, on parlait tout à l’heure de Gregory Bateson. Il a écrit un bouquin qui s’appelle l’écologie de l’esprit. L’écologie de l’esprit. Notre psyché évolue en osmose avec l’environnement. Si vous me confinez et que vous fabriquez sur moi des dispositifs d’isolation sensorielle, vous allez modifier ma psychologie. Et c’est ce qui s’est passé pendant le confinement. C’est que Gregory Bateson, son meilleur ami s’appelait Milton Erickson, c’est celui qui a inventé la méthode érectionnelle d’hypnose. Milton Erickson était aussi un employé de la CIA. On l’a su très tardivement. Il a participé à l’aventure de la création de l’école de Palo Alto. Et ce monsieur a littéralement mis en œuvre des techniques d’isolation sensoriaire pour voir ce qui se passe sur un cerveau humain. Il a même fabriqué une technique qu’on appelle l’induction de la schizophrénie, qui a aussi un petit nom dans le jargon de cet écosystème qui s’appelle la méthode dite d’Alice au pays des merveilles. Cette technique d’isolation sensorielle démontre que notre cerveau est très fragile même si on croit être à l’épreuve de tout. Si on est complètement isolé et qu’on perd complètement nos repères, il y a une sorte de de processeurs qui travaillent en permanence, en tâche de fond, même quand nous ne le savons pas, qui mettent de l’ordre dans le chaos environnant. C’est-à-dire que le monde qui nous entoure, nous sommes constamment en train de le réorganiser. Soi-dite en passant, c’est pour ça que nous sommes fans d’histoire. Que ce soit les romans, les récits hollywoodiens, les premiers mythes, fondateurs, la Bible, les religions, etc. Notre cerveau est une machine à mettre de l’ordre dans le chaos. Elle a besoin de sens. C’est même une des conditions de notre survie. C’est intrinsèque à la condition humaine. Alors pourquoi je dis ça ? Parce que justement ce qu’a découvert Erickson et ses petits amis, c’est que l’on pouvait fabriquer des techniques d’interrogatoire très avancées qui ont été utilisées par la CIA, notamment une qui s’appelle QBARC, avec un K au début et un K à la fin, QBARC comme ça se prononce. Vous pouvez taper ce terme, je dis toujours aux gens, tapez-le sur Amazon et vous verrez tous les bouquins sur Amazon.com qui sont sortis dans la sphère anglo-saxonne qui analysent ce que c’est que la technique dite QBARC La technique Kürbach nous dit que si tu exerces une pression à l’isolement sur un être humain et que tu arrives à lui démontrer, peut-être aussi dans des contextes où c’est lui qui devient partenaire de ce dispositif d’isolement, c’est-à-dire que quand les gens veulent se replier, c’est bien ce qui se produit, ils vont se fabriquer une nouvelle version de leur identité. Notre cerveau va compulsivement être à la recherche d’une ligne de fuite qui lui est proposé, suggéré comme une solution structurante pour pouvoir gérer cette nouvelle situation. C’est la raison pour laquelle pendant des phases de confinement, évidemment même si ce n’était pas, je fais juste l’hypothèse là par exemple pour les besoins de la démonstration, ce n’était peut-être même pas du tout planifié, d’ailleurs je n’en sais rien, je ne dis pas que le Covid était planifié, par contre je dis qu’il faudrait être complètement fou et complètement candide pour ne pas comprendre qu’à ce moment-là, Les gens qui travaillent chez McKinsey notamment et que l’État français paye à coups de milliards, on se demande pourquoi. Ces gens-là ne sont pas des ressortissants français ou en tout cas dépendent d’une entreprise américaine. On a moins de chances qu’il y ait des lanceurs d’alerte dans cet environnement. Et ces gens-là, on leur déverse des dizaines, des centaines de millions d’euros pour du conseil. Du conseil sur quoi ? Il faut bien qu’ils se rendent utiles. Donc à un moment donné, qu’est-ce qu’ils font ? Moi-même, j’ai été dans ces sphères-là. J’ai travaillé à un moment donné pour le ministère de la Défense 2009-2010. J’étudiais les mouvements de foule, je regardais ce qu’il allait se passer, notamment sur Internet, etc. Je l’ai enseigné aussi à Sciences Po. J’ai créé des petits logiciels de simulation de foule en colère avec des scénarios à tiroir pour des étudiants au milieu des années 2010, 2014, 2015, 2016. On n’avait pas encore les IA, etc. Donc, je peux vraiment vous dire, je viens de cet écosystème et j’étais entouré de gens qui voulaient comprendre. Moi aussi, naïvement, je voulais comprendre. Je n’avais pas du tout réalisé il y a encore 10 ans que tout ça, c’était des outils visant à fabriquer la soumission et qui permettrait de surveiller les gens et d’algorithmer leurs réactions et donc d’optimiser l’agenda politique. Donc je disais, on serait fou d’imaginer qu’à ce moment-là, ils n’ont pas stocké de l’information. Pour comprendre ce qui se passe, lorsque vous induisez justement, et là on est à fond dans la schismogenèse, vous induisez à l’échelle de la population une fragmentation entre les bons et les mauvais citoyens. Donc des gens comme toi Louis se sont vu harceler juste parce qu’il disait, moi je suis en mode système 2 là, excusez moi je réfléchis un petit peu, je réagis pas avec mon estomac mais tu n’es pas un tube digestif comme dirait Nicolas Vidal. Tu as enclenché un réflexe d’esprit critique et tu as des gens complètement en colère. qui te sont tombés dessus, que je sache. Donc quelque part, ça marche, on voit la différence entre ceux qui ne réfléchissent pas et qui disent je fais confiance par défaut. C’est plus simple, parce que j’ai vraiment d’autres problèmes à régler, je ne pense pas que l’État veuille m’enfumer, donc je vais m’enfermer, je vais mettre les masques, je ne réfléchis pas, allez-y, faites-moi les injections, j’ai confiance. Bon, ceux-là ne réfléchissent pas, ils sont en mode réflexe. Mais en fait, nous, quand on prend du recul et quand on regarde tout ça d’en haut, le point de vue de Sirius de l’ingénieur social, lui, il a une information très simple, il dit ça marche ou pas, la fragmentation de la société ? Je mets un sujet sur la table et je vois comment les gens s’en emparent. En fait, la meilleure des censures, c’est que tu les laisses parler. Au bout d’un moment, narcissisme et des petites différences obligent, ils finissent par se disputer. C’est là en fait, c’est pour ça que je disais qu’on ne peut pas faire agir en manipulation les gens contre leurs valeurs. On capitalise sur des désirs, parfois sur du refoulé, sur du ressentiment, des passions tristes, dirait Spinoza, qui sont là à l’état de potentiel. On capitalise là-dessus sur quelque chose qui existe à l’état d’amorce et on l’amplifie. C’est là qu’intervient l’astroturfing. Pourquoi ? Parce que l’astroturfing en fabriquant de fausse foule nous donne ce que Girard appelle du mimétisme. Là on est en plein dedans. Et dans la perspective girardienne, on a aussi le sacrifice, c’est-à-dire qu’on est prêt dans ces cas-là, dans des phases d’anxiété qui rendent impossible l’émergence d’une quelconque forme d’intelligence collective, les gens ne sont plus capables de coaliser, ils sont trop inquiets, ils sont trop occupés à essayer de savoir dans quel camp ils sont, au prix, dans l’urgence, etc. Et bien à ce moment-là, on ne peut plus, à cause de cette inquiétude, ni fabriquer de l’intelligence collective, ni coaliser. Et là en fait, quand bien même l’oligarchie n’aurait jamais fabriqué artificiellement ces crises, et moi je veux bien tout entendre, Bien que je fasse mienne la phrase de Richelieu qui dit qu’il faudrait être fou pour voir des complots partout, mais il faudrait l’être encore plus pour n’en voir nulle part. Je veux bien passer outre et dire tout ça s’est passé de manière bordélique, on n’a eu affaire qu’à des fumistes et des incompétents. Maintenant je vous le dis les yeux dans les yeux, osez me démontrer et osez me faire croire que personne n’a étudié ça. Ils l’ont forcément stocké, ils ont un stock de data extraordinaire, extraordinaire pour la gestion des prochaines foules. C’est pour ça que moi je suis sorti du bois il y a quelques années et notamment j’ai accéléré ce processus là tout à fait intime et personnel au moment du Covid. Parce que je l’ai dit, 2014-2015 notamment, je fournissais des outils à des agences de communication publique, de relations publiques, pardon, des agences de com. qui font souvent de la com’ de crise, donc je veux dire, mais aussi des grandes écoles, dont Sciences Po. Je fournissais un outil pour aider des étudiants à se projeter dans ce que seraient peut-être plus tard leur carrière, c’est-à-dire des carrières de gens impliqués dans l’élite, qui seraient obligés de connaître ces outils de gouvernance et de s’habituer au stress de la gestion d’une crise majeure. Donc, à moi, on ne va pas me la faire. Je veux dire, dans l’enseignement supérieur, déjà dans l’enseignement supérieur et ensuite dans le conseil, on est sollicité pour comprendre les mouvements des foules, pour les algorithmer, pour capter leur attention, pour savoir optimiser les effets d’annonce, à quel moment doit-on dire certaines choses, comment doit-on scénariser l’information, comment doit-on optimiser l’information, comment doit-on ergonomiser, si j’ose dire, l’information. Je le rappelle, les ingénieurs sociaux sont des choice architects, ils fabriquent des architectures le choix, et ce qui est fabuleux et fabuleusement diabolique avec cette technologie, C’est que je te donne l’illusion que tu es libre. Je te donne un choix. Pour faire simple, imagine que je te dise, mon cher Louis, à la fin du repas, le café, je vous le sers au bar ou à la terrasse ? Je ne t’ai pas demandé si tu voulais un café. C’est un petit peu pareil. Je te propose, j’ergonomise le choix. On appelle ça d’ailleurs le nudge. C’est une méthode de sollicitation douce. Et c’est ainsi que je vais au moins, comme tu l’as dit très bien, j’ai bien aimé ton expression, on laisse traîner des sondes dans le peuple. Mais demandez-vous, qu’est-ce qu’il pourrait en faire ?
Dr Louis Fouché :
Est-ce que c’est à la fois fascinant et très intéressant de découvrir ce monde pour ceux qui nous écoutent ? effrayant en se disant au fond tout ça est parfaitement régulé, c’est une mécanique bien rodée depuis la fin des années 50, les américains maîtrisent parfaitement ça, les chinois peut-être encore mieux. Nos gouvernements désormais sont effectivement propulsés par les mêmes outils que l’entreprise et les ont mis au service de finalités politiques ou sociales. Est-ce que pour toi il y a des Il y a des pistes de re-empowerment, de sortie du désespoir, justement. Comment on fait pour ne pas se laisser ? Est-ce qu’on sent bien ? Peut-être intuitivement, tu faisais une interview il y a quelques jours, je crois, avec Campagnol, Christian Combaz, qui disait qu’on est rendu à un moment où tout paraît faux. Il y a quelque chose qui déconne de manière globale. Et c’est vrai que probablement tout le monde ressent qu’il y a quelque chose qui ne va pas de manière très profonde, mais sans arriver forcément à mettre des noms précis dessus. mais il y a ce ressenti là. Pour autant, il y a une grande partie des gens qui préfèrent se coucher ou revenir dans leur intériorité en se disant que ce n’est pas en se politisant que j’arriverai à faire quoi que ce soit parce que c’est rendu à un tel niveau d’expertise et de technicité que c’est un petit peu comme si j’essayais de battre une intelligence artificielle aux échecs ou aux jeux de go en étant un débutant.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
C’est très bien dit. Tu as parfaitement résumé ce que l’on peut d’ailleurs appeler la honte prométhéenne, qui est une expression consacrée pour dire que l’homme ressent une forme de vertige existentielle lorsqu’il est confronté à ses propres créations, évidemment pas à l’échelle individuelle, les créations de l’humanité, mais les créations qui le dépassent et qui lui donnent un terrible complexe d’infériorité. Il y a de l’espoir, je l’annonce tout de suite. Mais avant de bien bien expliquer pourquoi il y a de l’espoir, il faut bien comprendre pourquoi je disais justement avant de parler de guerre cognitive et de tout ce que j’évoquais, pourquoi est-ce qu’à un moment donné j’ai dit qu’il ne pratiquait plus la répression mais l’induction de la dépression. C’est ce que j’ai découvert dans mon travail. Et la dépression, au sens du sentiment d’impuissance, parce qu’il y a plusieurs formes de dépression, je ne vais pas jouer les sachants sur ce thème-là, d’autres en parleraient avec moi, mais au sens où moi je l’entends, qui est un petit peu basique évidemment, c’est le sentiment de résignation, d’impuissance, d’être en énergie basse, c’est justement ces trois mots qui tuent qu’on a tous prononcés intérieurement, Un jour de découragement, c’est quand on a dit « aquabon ». D’aucuns appellent ça l’aquabonisme. Bon ben le nihilisme. La caste a vraiment intérêt à ce que nous devenions nihilistes. Pourquoi ? Parce que nihilistes qui ne croient en rien, qu’est-ce que ça implique le nihilisme ? Et d’abord, qu’est-ce qui est la sphère du nihiliste ? Ce n’est pas juste le vide, ni il le vide en latin bien sûr, mais c’est surtout un processus de désidentitarisation, c’est un processus de dépossession, d’ailleurs vous ne posséderez plus rien, vous serez heureux, ce n’est pas pour rien, ce n’est pas innocent, c’est qu’ils savent très bien en fait que les masses sont capables de coaliser quand elles se battent pour l’héritage dont elles sont les bénéficiaires grâce aux générations précédentes. C’est la raison pour laquelle Marx lui-même a eu un pressentiment absolument incroyable dans Le Livreur du Capital, quand il parle des processus de substitution qui se produisent lorsque les castes au pouvoir, le grand capital, arrivent en bout de course, n’arrivent plus à renouveler ses marges de profit, il sait qu’il est dans une guerre sociale contre les classes laborieuses, qui, elles, en fait, se passent de génération en génération le bénéfice de leurs combats sociaux. C’est la raison pour laquelle on peut aisément se projeter dans une hypothèse, qu’à mon avis, il ne faut surtout pas évacuer trop vite, qui est que si le grand capital est venu jadis voir Charles de Gaulle lui-même, qui le confesse dans ses mémoires avec Alain Perfit, qui dit « j’ai eu droit à une sorte de de procession des gens de Peugeot, Renault, Bouygues, etc. qui ont dit, et ils citent la phrase, ils disent, on veut des gens du bled pour les usines. Bon, ça, on va dire, c’est le début, c’est un peu, ça peut sembler presque innocents, on peut le comprendre. Et encore, bon, c’est pas très glorieux, mais par contre, là, on est rentré, des décennies plus tard, dans la dimension submersion migratoire. Moi, par exemple, qui vous dit ça, ben j’ai rien contre l’immigration, contrairement à ce qu’on veut me faire dire, parce qu’évidemment, quand tu pratiques un système de que tu te mets à réfléchir, Tu as tous les tubes digestifs qui te tombent dessus et qui servent, qui sont l’armée de l’ombre du système et qui viennent dire fachos, racistes, etc. Alors que pas du tout, je dis juste, il se passe quand même un truc étrange. On n’a aucune politique nataliste et on a besoin de faire venir une grande masse de remplaçants sur le territoire qui arrivent quand même, excusez-moi du peu, 500 000 par an. Ce stade, je ne délire pas. Et on sait en plus qu’il y a beaucoup de morts.
Dr Louis Fouché :
Il en y plus a de pays dont on a détruit les terroirs, l’économie, par ces mêmes multinationales qui poussent à ce que ça arrive.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Vap’n’Roll Thierry ! sur le parisiens, pour ceux qui veulent aller voir, c’est une petite vidéo où j’explique en fait que l’immigration est un processus de colonisation inversée, c’est-à-dire que l’on assèche les pays d’origine de cette manne migratoire qui devrait les aider aussi, c’est-à-dire qu’avec bonne conscience, on crée un appel d’air depuis ces pays pour les venir. Je reviens sur l’ingénierie sociale pour que les gens comprennent ce sur quoi je veux aller, après pourquoi et comment je pense qu’on peut se rendre espoir. D’abord, je vais un petit peu noircir le tableau pour bien terminer d’expliquer ce qui se produit. C’est qu’on a besoin de désidentitariser une population parce que la population qui a un ancrage identitaire fort a des récriminations évidemment beaucoup plus évidentes à l’échelle du pouvoir qui voudrait lui infliger certaines transformations que celles, les nouveaux arrivants, sont plus à même d’accepter parce qu’eux se sentent en émulation pour ne pas dire en concurrence permanente avec les natifs. C’est normal, on peut pas leur en vouloir, ils font leur job qui consiste à souffrir une vie, s’accorder de l’espoir, nourrir leur famille, etc. Donc, je ne suis pas en train d’envoyer la pierre sur ces pauvres migrants qui font ce qu’ils peuvent, évidemment. Mais il faut bien comprendre qu’il y a les gueux, tout en bas, qui sommes en bas de la chaîne alimentaire et qui faisons ce que nous pouvons pour comprendre ce monde et survivre dans ce monde. Pourquoi est-ce qu’on adhère facilement à un narratif ? Pourquoi est-ce qu’on prend la fameuse ligne de fuite ? Tu comprends maintenant pourquoi je parlais de Milton et Rickson de l’isolation sensorielle. C’est qu’à certains égards, nous sommes tous à l’intérieur d’une bulle qui crée de l’isolation sensorielle. Si je passe trop de temps sur Netflix, sur les réseaux sociaux et que je m’enferme là-dedans, sans le savoir, je suis en effet moi-même dans une bulle qui m’aide à me forger le narratif parfois de secours qui est celui dont mon cerveau a besoin. Et c’est pour ça que d’ailleurs que je peux piocher sur étagère des idéologies toutes plus abétissantes les unes que les autres. Et c’est ainsi que vous avez des enfants de 11 ans qui, n’ayant jamais rien connu de l’amour, sont persuadés qu’ils doivent changer de sexe. C’est une aberration totale. On voit bien que c’est souvent à l’échelle de ces jeunes générations, ce n’est pas forcément l’expression d’un dysfonctionnement psychique, mais du moins pas celui dont on voudrait nous faire croire qu’il a été induit par la méchante société patriarcale et traditionnaliste, mais qui est très clairement induit par des idéologies, des idéologies qui sont encouragées parce qu’elles fabriquent de la fragmentation. Et là, on est au stade vraiment de l’atomisation en une On a une sorte de kaleidoscope de micro-communauté. C’est vraiment la dictature de la société ultra-diversitaire qui permet au pouvoir de se délester de tous ceux qu’on appelle les patriotes et parfois évidemment les fachos, qui sont ceux qui, estimant être les légataires d’une certaine culture, veulent la préserver. Mais ils ne rendent pas service au pouvoir, ceux-là. Parce que ceux-là, au fur et à mesure qu’ils ont développé des réflexes, des réflexes d’entraide, au fur et à mesure qu’ils ont développé des formes d’idiosyncrasie culturelle, ils ne se laissent pas faire. Et le véritable danger pour le pouvoir, c’est qu’ils puissent coaliser. Si je te comprends bien, il y.
Dr Louis Fouché :
A dans cet isolement sensoriel, cet isolement relationnel aussi, il y a toujours une ligne de fuite qui est proposée parce que simplement l’humain en a besoin, il ne peut pas rester enfermé à l’intérieur de sa bulle à Guantanamo avec son casque sur les oreilles, un masque sur les yeux, un masque sur le visage, enchaîné, etc. Il a besoin de fuir à un moment et toute Tout un des grands pans de l’architecture du choix et de la planification du choix illusoire, c’est au fond de créer ces lignes de fuite sur mesure pour le profil psychologique qu’on a déterminé en allant sonder ce que tu étais. C’est-à-dire si tu es plutôt d’une famille de droite identitaire, attachée à ses valeurs et son terroir, on va t’offrir la ligne de fuite gros fachos, dans lequel on va bien pouvoir t’étiqueter et te neutraliser si, alors que bon, t’étais jamais qu’un citoyen lambda qui cherchait à défendre son patrimoine…
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Enfin c’est ce qui est offert à tes ennemis en tout cas, à tes adversaires, à tes opposants…
Dr Louis Fouché :
Si t’es plutôt d’une éducation, on va dire, de gauche, universaliste, dans le retour du refoulé religieux, catholique, tu vas vouloir être citoyen du monde et frère avec tout le monde et on va t’offrir ça aussi, pareil. Bref, on a l’impression qu’en permanence, on nous isole, mais on nous offre une possibilité de fuir, à la fois idéologique, mais à la fois technique. Comme tu l’as dit, on offre à des jeunes à qui s’identifier un homme ou une femme n’a plus aucun sens, parce que de toute manière, il n’y a plus de futur, il n’y a plus de se reproduire n’a aucun sens, ça va détruire la planète, etc. Il y a une culpabilisation à mesure. Donc, transforme-toi en un hybride. Au fond, c’est ta ligne de fuite potentielle. Quand ce n’est pas, simplement, réfugie-toi dans Internet, dans un flot continu d’abêtissement. par la proposition de vidéo TikTok depuis se maquiller à outrance ou bien faire du VTT dans la montagne de manière dangereuse ou regarder des mecs qui font du surf dans des vagues immenses qui me donneront une illusion de liberté et d’aventure alors même que je suis enfermé dans le swipe de mon téléphone.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Tu as tout bien dit et d’ailleurs en t’écoutant je ne puis réprimer le souvenir prégnant des quelques entretiens qu’il va commencer à faire avec Brio, les entretiens mortels, parce que je t’écoutais encore pas plus tard qu’hier, en compagnie de Rémi de Justemilieu. L’autre ligne de fuite est totalement, osons les mots, mortifère, et celle qui logiquement arrive dans cette approche, c’est l’aide à mourir. Ces lignes de fuite sont rendues, d’une part, socialement acceptables parce qu’elles créent un effet d’étiquetage qui est d’ailleurs un autre biais cognitif connu, un effet d’étiquetage qui est je suis content d’être un bon citoyen, on m’a expliqué qu’adhérer à certaines valeurs faisait de moi un humanitariste, une personne bienveillante, etc. etc. On me fait adhérer au progressisme, on me fait adhérer à toutes ces valeurs en vogue, d’accord ? Comme ça j’ai un sentiment, je dirais, d’estime de soi évidemment qui est qui est à la limite de l’hypertrophie aujourd’hui, c’est pour ça que c’est extrêmement dur d’avoir des discussions sereines notamment sur les réseaux sociaux, les gens sont persuadés quand ils débarquent dans une conversation qu’ils ont le droit de s’exprimer, qu’ils doivent pouvoir opposer à quiconque voudrait les en empêcher, et ils estiment que leurs interlocuteurs doivent se mettre en devoir de les écouter. Donc on retrouve vraiment la phrase la prédiction incroyablement juste d’Umberto Eco qui disait dans les réseaux sociaux… On ne peut pas faire comme dans les bistrots d’antan où Gégé arrive au bar et nous pourrit complètement la conversation et on lui disait gentiment de sortir avec un minimum de bienveillance, là on ne peut pas empêcher les gens de développer leur doctrine. Sur le papier, moi je suis tellement pour la liberté d’expression que je ne veux absolument pas que cela cesse, que chacun puisse s’exprimer, simplement il faut bien malgré tout comprendre qu’en amont de cela, Il y a un encouragement justement à cette espèce de recentrage sur soi hyper nombriliste, hyper narcissique. On est vraiment dans la société qui stature jusqu’au morbide dans le narcissisme, à tel point donc que de façon logique cette société ne peut que fabriquer le mal-être dans son propre corps, parce qu’on a le sentiment de l’insuffisance de qui nous sommes et de notre propre corps, le sentiment d’ailleurs que le pouvoir est là pour pourvoir à tous mes besoins, d’accord, y compris changement de sexe, etc. Donc nous sommes encouragés dans cette direction, évidemment. Et maintenant, donc, aboutissement logique, l’euthanasie, mais présentée là aussi dans la guimauve du discours sirupeux, de l’aide à mourir qui rend la chose en apparence évidemment plus acceptable, quasiment désirable. En vous écoutant parler avec Rémi, je pensais notamment, je me disais est-ce qu’à un moment donné ils vont citer cette campagne de pub et je pense que vous avez dû tomber dessus mais il faudrait que tu en parles dans une de tes émissions, une campagne de pub, affichage dans le métro gigantesque et publicité télé en Grande-Bretagne, campagne de pub financée par l’État, qui rend désirable la planification de sa propre mort. On voit une nana faire du sport comme ça, qui discute avec sa copine et qui dit, t’as pensé toi à ce qui pourrait t’arriver si tu tombais malade, etc. Elle se retourne vers sa copine, elle est vachement inquiète, ah bon ou quoi ? Et puis elle parle d’aide à mourir. Et en fait, c’est des gens qui écrivent leur Death Wish, je ne sais plus exactement ce qu’il y a d’incroyable dans la pub, ce sont des gens qu’on amène à formuler tout de suite leur adhésion à cette idéologie mortifère en expliquant comment ils souhaiteraient mourir, alors qu’on voit apparaître des gens très jeunes en plus dans ces publicités. Donc on est en train de fabriquer l’acceptabilité de la mort.
Dr Louis Fouché :
Comment ne pas faire un parallèle avec cette affiche sur la Timone, l’hôpital universitaire de Marseille, en 10 mètres par 8 mètres de large, disant le vaccin peut avoir des effets désirables, où on voit quelqu’un qui est en train d’emballer une fille et inversement, on se dit mais quel rapport ça a avec la vaccination ? Il y a comme une séduction, une volonté de montrer je pourrais tirer mon coup si jamais je suis vacciné, sous-entendu. Et c’est toujours là en 2025. La vaccination a abouti à la mort, à des effets indésirables, et on se dit qu’il y a vraiment une perversion derrière ces outils de manipulation, parce qu’ils amènent au seul choix définitif, c’est l’autodestruction, le suicide. le suicide de mes valeurs, le suicide de mon pays, le suicide de moi-même et de mon identité, de ce à quoi je crois, parce qu’il faut que je croie en… Je suis Ukraine, je suis changement climatique, je suis Covid, je suis… tout ce que vous voudrez, comme si je ne pouvais plus vivre une fois que je suis dépossédé de moi-même, j’ai besoin de mettre des capes de super-héros sur les épaules, qui sont le drapeau ukrainien, le drapeau du Covid ou la défense contre le changement climatique, et que maintenant on n’a que des êtres vides qui pensent être des super-héros parce qu’ils ont des capes illusoires qui ne leur appartiennent pas sur les épaules.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Maintenant passons à la possibilité de l’espoir. Fort heureusement, il y a une zone d’espoir lié à la possibilité de la résurgence d’une forme d’intelligence collective. On sait que fragmenter une société a pour impact principal, notamment quand les gens sont saisis par la peur, la peur panique, etc. Les psychosociologues l’ont étudié et ont démontré pendant des années. des générations d’approfondissement chacun dans sa discipline de sciences humaines, ont démontré que l’on ne pouvait pas coaliser, fabriquer des collectifs aisément dans des états émotionnels de peur, de colère, d’anxiété, etc. Donc là, on est ingénieur du chaos, on a besoin que nous soyons constamment occupés, C’est pour ça qu’on parle de bombardement psychique. Les anglais appellent ça carpet bombing, bombardement psychique d’informations. C’est pour ça qu’on dit tous d’ailleurs, mais tu te rends compte, je ne pensais pas qu’on aurait encore une nouvelle remarque, une nouvelle phrase, autre chose. C’est en permanence une fuite en avant. Il faut nous occuper, nous occuper, nous occuper. Mais il y a justement quelque chose qu’on ne sait pas encore. C’est à quel moment le système 2 revient ? À quel moment les gens disent je n’en peux plus, je suis arrivé à saturation et on sait, encore une fois je répète, on sait de manière certaine que l’on ne peut pas manipuler un être humain contre ses valeurs, alors celles qu’il a évidemment verbalisées, formulées, et quand même, même si on peut être condescendant avec le reste du genre humain, il ne faut quand même pas pousser. Les gens, même les gens simples, ont des valeurs, ils ont des valeurs irréductibles, tous, tous. Pour quiconque va dans les agoras, discute, etc. Ce qui fait que la biomasse humaine telle que la considèrent les ingénieurs sociaux est manipulable, c’est qu’encore une fois, elle est anesthésie. Mais la science démontre que lorsque l’on t’explique que tu vas être manipulé, ou comment on pourrait te manipuler, tu deviens plus vigilant. Et c’est là qu’il y a un bug. Le bug dans la matrice, là pour le coup elle est bien nommée, C’est ce moment où quelqu’un tape sur ton épaule et parvient à trouver le bon argument en disant, tu crois pas que ça fait trop là ? Tu n’as pas l’impression que tu es pris dans un réflexe compulsif qui est celui qu’on a induit en toi. Et ce qu’on sait de manière de source certaine, c’est qu’il existera toujours une poche de résistance considérable à l’échelle de la nature humaine et ce n’est pas 1% des individus qui feraient la résistance. C’est plutôt facilement un individu sur deux, ce que montre la plupart des études. Évidemment, chacun avec sa capacité d’appréhension. On n’est pas tous aussi rapides, tous éveillés sur ces thèmes-là. Mais il y a un moment donné où notre cerveau, justement, est aussi une machine qui a d’autres biais qui jouent contre le système. Il y a notamment un biais qu’on appelle le biais de l’homme de Néandertal. C’est le nom un peu simpliste. mais qui consiste à dire que cette machine-là, elle est aussi conçue pour toujours prévoir le pire quand elle commence à être inquiète. Donc c’est ce qui fait qu’on peut la manipuler. Mais c’est aussi ce qui fait qu’elle est sur ses gardes. On a besoin de casser en nous notre acuité sensorielle, de nous isoler les uns des autres, etc. Mais le bug dans la matrice, c’est que par exemple, toi et moi, nous sommes en train de parler là, et il y a des gens qui vont regarder cette vidéo peut-être sur X où il n’y aura pas d’interruption publicitaire pour la plupart des gens. Il y aura quelques, peut-être deux ou trois interruptions publicitaires sur YouTube, mais dans l’ensemble, c’est l’accès à une information gratuite. Bien sûr, c’est frustrant parce que ça prend du temps et je suis le premier à le dire, mais je crois qu’il y a un mouvement d’éveil inexorable qui explique d’ailleurs que la caste veuille très clairement nous oblitérer, pour ne pas dire nous éradiquer, éradiquer en tout cas, évidemment, notre sentiment d’appartenance à une identité collective, à quelque chose qui nous transcende collectivement. On voit bien que c’est ce qu’ils veulent casser, on voit bien qu’ils sont en train d’accélérer de ce côté-là. Moi je pense en fait que l’éveil n’est plus très loin et que c’est justement pour ça qu’ils font tout un tas d’expériences, notamment le 10 septembre. Ça pourrait être quelque chose qui leur échappe, encore une fois je maintiens qu’il y a deux hypothèses, soit ce mouvement est sincère mais il tente de le dévoyer et le fait qu’il soit anonyme et que tout le monde craigne à l’excès la récupération va peut-être paradoxalement empêcher sa bonne politisation. ce qui fait qu’il n’aura peut-être pas de colonne vertébrale ou qu’au moment d’agir, au moment de prendre les bonnes décisions, ça risque de faire pschitt comme les gilets jaunes arrivaient devant l’Elysée et qui ne savaient pas quoi faire finalement. En tout cas, ils ne sont pas allés au-delà, pas simplement parce qu’ils étaient pusillanimes, mais parce qu’ils ne s’étaient pas suffisamment clairement ni d’accord sur un plan. Donc déjà, je pense et j’espère qu’on va tirer un certain nombre d’enseignements de cette expérience-là. Mais l’autre point par rapport au 10 septembre, c’est que si tenté, qu’il regroupe maintenant des gens sincères, il est possible, peut-être pas le 10 septembre, ça sera peut-être le 28 septembre, ou mi-octobre, ou courant 2026, mais il est possible qu’au bout d’un moment cette entrave, cette chape de plomb que l’on ressent sur nous, et puis toutes ces angoisses, et toutes ces factions qui s’opposent, qui font qu’on manque de cohérence, Tout ça risque de provoquer un éveil au moment où on l’attend le moins, parce que cette machine-là, elle est calibrée pour avoir besoin. Justement, je le disais, c’est pour ça qu’on fabrique des histoires, des mythologies depuis l’aube de l’humanité, que l’on a besoin des religions et même de voir la machine à café le lundi, de raconter son week-end, etc. On raconte nos vacances à nos amis, etc. Cette machine raconte en permanence des histoires, elle a besoin des histoires. C’est sa respiration. Nous sommes un être foncièrement, comment dire, narratif quoi, si j’ose dire. Et là, quand l’histoire n’a plus aucun sens, il y a une limite au-delà de laquelle, passé le cap du nihilisme, etc., il y a une poche de résistance humaine qui dit c’est plus possible. C’est ça en fait notre chance. C’est pas simplement que nous soyons des tubes digestifs et que nous avons besoin que les choses fassent sens. Or, pour paraphraser un petit peu Gainsbourg qui disait à propos du snobisme, c’est une bulle de champagne, qui hésite entre l’euro et le P, je dirais, ces spéculations manipulatoires sont une bulle de champagne qui hésite entre l’euro et le P. Quand elle va éclater, ça va sentir mauvais. Mais c’est une bulle spéculative, ne vous y trompez pas. Et le véritable sujet maintenant, ce n’est pas de savoir si on va se réveiller, c’est de savoir si quand on va se réveiller, on sera en mesure de bien se structurer et d’analyser les dysfonctionnements structurels qui nous ont amenés là, et donc de reprendre les choses en main. Moi, ma seule inquiétude, c’est qu’on nous refasse le coup de 1789, c’est-à-dire qu’on arrive à fabriquer un nouvel imaginaire révolutionnaire dans lequel les gens auraient pris les choses en main mais en fait tout ça aurait été fomenté, fabriqué par d’excellents scénaristes.
Dr Louis Fouché :
On a déjà une idée de la contre-révolution potentielle face au nihilisme du néolibéralisme débridé, capitaliste, destructeur et extractif. C’est l’économie positive, la défense de l’environnement, l’environnement comme une religion, la sacralisation complète de l’herbe de posidonie, du faucon, des calanques… quelque chose de religieux en fait proprement qui se met en place avec le transhumanisme, cet idéal d’être augmenté, d’avoir des superpouvoirs en s’hybridant à la machine tout en étant le défenseur viscéral d’une nature complètement mythifiée. Et aujourd’hui, que ce soit Audrey Tcherkov, Jacques Attali, Edouard Philippe, passent leur temps à mettre leur ville en économie positive, à aller nous offrir une proposition face à l’espèce de nostalgie du village, moi j’appelle ça la nostalgie du village, en proposant les 15 minutes town, les villes de 15 minutes, parce qu’au fond dans ma ville de 15 minutes où je peux aller chez mon boucher, chez mon truc, recevoir par Amazon tout ce dont j’ai besoin, Vap’n’Roll Thierry ? En 2022, il y a eu besoin d’avoir un QR code pour accéder aux calanques. C’est le cas depuis. En période d’affluence, en été, pour aller à Sujiton, il y a eu des restrictions des zones de mouillage dans les calanques, ce qui fait qu’on n’a plus le droit d’aller nulle part. et petit à petit, une sensation d’être toujours en faute. C’est-à-dire que le citoyen lambda, même s’il essaie de tout respecter, il ne peut plus. Parce qu’il y a un changement à mesure de toutes les règles du jeu en permanence qui fait qu’il est rendu délinquant de fait. Vous vous demandez quel nouveau truc va vous tomber dessus. J’entends dans ce que tu dis qu’à la fois face à Sneely, cette résignation, cette dépossession, il y a une sorte d’instinct de survie qui est chevillé au cerveau reptilien du néandertalien auquel on est hybridé.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Surtout parce que le narratif est approximatif.
Dr Louis Fouché :
Le narratif général ne peut pas correspondre à l’intégralité des nuances de valeurs qui exigent chez les gens de par la transmission et l’héritage qu’ils sont en charge de défendre et dont ils sont dépositaires et que là dedans il y a toujours au moins 15 ou 50% des gens qui échappent au narratif dominant et qui vont dire en train de se foutre de ma gueule ça va pas ça colle pas et qu’ensuite il y a cette question de le l’isolement et l’impression d’impuissance qui restent là pour nous neutraliser, mais qui, de manière paradoxale, au fur et à mesure des différentes crises juxtaposées les unes après les autres, créent une sorte d’immunité. C’est-à-dire qu’il y a un phénomène immunitaire qui se met en place où les gens croient de moins en moins en mensonges et se rendent de plus en plus compte de leur puissance d’agir que représentent la mise en réseau et le travail collectif. Peut-être que c’est trop tôt pour en parler, mais est-ce que tu voudrais nous dire comment tu vois les choses de ce travail collectif, à la fois au niveau social et au niveau politique ?
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Moi j’estime que la meilleure des ripostes face à un monde qui te vend de la pandémie pour t’enfermer chez toi et opposer les citoyens entre eux et qui après fabrique la logique obsidionnale des ZFE, qui fabrique des antagonismes, qui conflit tu as dit tout, la seule riposte maintenant c’est d’en faire des caisses autour de l’intelligence collective, de ce que j’appelle des cerveaux collectifs et d’essayer de faire fonctionner des gens ensemble en les amenant à se reparler. Ça peut sembler idiot mais je rappelle toujours comme un signe des temps que le processus d’isolement trouve aussi ses racines dans le fait que nous n’ayons plus le temps de nous parler, de nous rencontrer. J’en veux pour preuve qu’il existait 500 000 bistrots et cafés du commerce en l’an 1900, que dans les années 70, on est tombé à 150 000 et que maintenant que la population a largement doublé ou triplé depuis 1900, tenez-vous bien, vous n’allez pas le croire, il reste moins de 40 000 bistrots et cafés du commerce. Et c’est pas pour rien si pseudo-Voltaire disait les bistrots sont probablement le meilleur parlement du peuple. Moi j’ai toujours en tête les magnifiques films de Claude Sautet, notamment Vincent, François, Paul et les autres, où l’on voyait le patron sortir de son usine et puis on regardait un match de foot avec tous ses employés, etc. Je suis clairement dans une idéalisation, une image d’épinal, ne vous moquez pas, si vous moquez vous, vous aurez raison. Mais essayez de capter la petite part de vrai qu’il y a là-dedans. On a perdu les rituels qui nous rassemblent. La première des choses d’ailleurs qu’on a en train de commencer à éroder, c’est, regardez, ça fait partie d’un plan de redressement de la France, il faudra enlever les jours fériés. On est toujours à essayer, comme l’a très bien dit Louis, parce que là je m’adresse à l’audience, chère audience, écoutez Louis, justement, quand il vous dit qu’on induit cet isolement et qu’on vous pousse à une forme de de repli identitaire, d’ailleurs je disais cette machine est là pour fabriquer, mettre de l’ordre dans le chaos qu’elle perçoit, c’est pour ça qu’elle fabrique des histoires, c’est pour ça que nous avons besoin, notre conscience a besoin en quelque sorte de trouver une forme de point d’ancrage identitaire. Quand on a supprimé les identités collectives, on assiste à la résurgence de la pathologie de l’identité qui est l’identitarisme. Je reviens maintenant sur la solution, une piste de solution qui commence évidemment pas par le solutionnisme, le solutionnisme étant aussi la maladie de la solution. En ce moment, tout le monde a des solutions pour tout, vous prenez une appli, elle est bourrée de solutions, ça vous fait même un faux briquet, ça vous éclaire la cave, et puis ça analyse tous vos rythmes métaboliques, etc. Je ne suis pas dans la solution pour la solution, je suis pour la responsabilisation de quiconque veut en trouver une de sa propre initiative. Les solutions telles qu’on vous les tend aujourd’hui sont généralement des formes subtiles et pernicieuses de dépossession. C’est pour ça que je préfère dire qu’il n’y a pas de certitude en la matière et que c’est un pari, une sorte de pari au sens pascalien. C’est la raison pour laquelle j’ai créé un mouvement qui s’appelle le pari de l’intelligence collective. Pourquoi je dis le pari ? Parce qu’imaginez si j’avais appelé ça l’intelligence collective, le parti de l’intelligence collective justement, ou la certitude de l’intelligence collective. Je préfère que les gens soient bien conscients que c’est une démarche intime. Ça évidemment le message peut sembler un peu cryptique au départ, mais c’est important de le dire. Pourquoi ? Parce qu’on ne vous vend autour de vous que de la certitude, où que vous soyez, quel que soit l’environnement, l’idéologisation de tout fait que le dogme est absolument partout. Moralité, il faut recréer des espoirs, l’absus parfaitement révélateur que j’assume, il faut créer des espaces dans lesquels nous allons retrouver le goût jubilatoire de la discussion, de la dialectique, du dialogue, du combat verbal, de la controverse, de la rhétorique, en sachant que nous y sommes pour ça et que ce n’est pas un accident dans la conversation. Donc l’intelligence collective n’est pas quelque chose qui nous dit si tu parles d’intelligence collective et que tu es un consultant en intelligence collective qui amène ça dans les organisations, ça ne veut pas dire que tu mets des gens dans une pièce, ils sont automatiquement intelligents. Tu leur dis attention c’est un pari, un pari risqué, donc c’est à vous de le faire, c’est responsabilisant. Et puis, ça se catalyse, ça se fomente, ça s’accompagne, c’est du travail. Ça ne vient pas comme ça en claquant des doigts, contrairement à peut-être un mythe que certains auraient colporté sur l’intelligence collective. Chacun doit en donner sa définition. Et donc, un mouvement qui voudrait rendre espoir aux gens dirait, retrouvez-vous d’abord, discutez ensemble, non pas en dépit de vos différences, mais parce que vous êtes différents. Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que ce monde est organisé de manière à siloter, à cloisonner les différentes tribus, si j’ose dire, qui s’y affrontent. L’acte le plus subversif du moment, ce n’est pas celui qui consiste à se replier, à lire les bons bouquins, à être capable de les restituer à l’image en disant « moi j’ai trouvé la rhétorique de la dissidence et je suis meilleur que mon petit voisin » parce que si vous regardez bien, la quasi-totalité des dissidents sont eux-mêmes dans une forme de concurrence narcissique, le fameux narcissisme et des petites différences, qui rend les 10 septembre et toutes les aspirations collectives stériles. Donc le seul véritable pari subversif, c’est celui qui consiste à dire je veux travailler avec toi parce que tu me détestes idéologiquement jusqu’au bout de tes terminaisons nerveuses. Evidemment, ce n’est pas hyper facile à expliquer. Moi, je ne dis pas aux gens, 10 septembre, bloquez tout. Ah super ! Les gens réagissent avec leur trip et ils disent, merveilleux, Fred est un dissident, on va le suivre. Puis j’aurai peut-être mes 500 personnes qui vont dire, super, je vais avec lui. Complètement ridicule. Tout le monde fait ça en ce moment. Tout le monde dit au moment où il y a un événement comme celui-là qui émerge, tout le monde dit, pas de récupération. Oui, je suis d’accord, pas de récupération au sens du dévoiement. Mais tel que les gens le disent, par abus de langage et pour avoir mal défini les mots, notamment dans les réseaux sociaux, on est toujours évidemment comme je le disais en mode réflexe, récupération, absence de récupération signifie impossibilité de politisation, impossibilité de faire émerger un programme. Donc moi je pars du problème, je dis tout est fait pour qu’on se déteste, c’est ceux qui ne s’entendent pas, ceux qui ne s’entendent pas, ceux qui sont très différents, ceux qui se rejettent d’habitude mutuellement doivent essayer de se réunir sous la forme d’un substrat de gens qui ne sont pas d’accord entre eux avec une logique d’alliance temporaire, fut-elle éphémère, c’est pas grave, on y arrivera comme ça, je vous le garantis, pour dire, ok, tu vois bien là, que le fait qu’on s’oppose en permanence, ça ne rend service à aucun d’entre nous, ça rend service à l’oligarchie. C’est elle qui tire ses marrons du feu avant nous. Nous, on passe notre temps à nous engueuler sur nos problèmes identitaristes, sur nos pathologies identitaires, parce que nous sommes tous dépossédés de notre avenir. Qui d’ailleurs peut aisément se projeter à 20 ans pour ses enfants ? Qui ? Qui ? Très peu de gens, honnêtement. Bon, donc, je te propose une alliance temporaire pour changer de système. Évidemment, mon interlocuteur va me dire, ah oui, mais c’est toi qui me proposes, donc tu n’es pas en train de m’entourlouper idéologiquement et je peux lui prouver que non. Je lui dis que ce que nous devons mettre en place, c’est une démocratie référendaire pendant une année ou deux qui consistera à poser des questions aux Français. Voulez-vous quitter l’Europe ? Quelle politique sanitaire voulez-vous ? Une liste de questions. C’est pour ça que ce n’est pas du solutionnisme avec du programme clé en main. C’est devenir nous-mêmes les constituants, les législateurs de notre avenir. Et comment on fait ça ? Eh bien, on joue la carte du cerveau collectif. Il n’y a pas un chef. Moi, par exemple, je ne veux aucun mandat. Je suis là pour faire du mécénat de compétences. J’estime que c’est ce qui manque. Et je propose d’inverser le paradigme habituel en politique qui voudrait qu’on ait d’abord un meneur et que ce meneur dise « Eh les gars, j’ai une super idée, venez avec moi ! ». Alors, il va commencer à agréger des gens autour de lui, d’accord ? Ça marche comme ça, on est d’accord. qu’on soit napoléonien ou démocrate, gauche, droite, c’est toujours pareil. Inversons le paradigme. Il y a d’abord un groupe de militants, de parents en colère, de parents anxieux comme je le suis, et qui disent on ne sait pas encore qui va être le chef, tant mieux, et on n’en veut pas un, on en veut plusieurs. On va créer un leadership partagé et on va leur expliquer que nous ce que nous recherchons ce sont des dissidents évidemment ayant fait leur preuve, des gens qui veulent changer de système, on les met ensemble et on fait une sorte de méta-campagne en 2027, si ça marche pas on continuera en 2032 et jusqu’à ce que ça marche, où on dit à 6, 8, 9 mois peu importe de la présidentielle, l’un d’entre nous va être tiré au sort dans une rencontre sympathique, on essaiera de rendre la chose ludique et évidemment sympathique, et il représente tous les autres parce qu’en fait le véritable message c’est qu’on hack l’élection, pour qu’au lendemain de notre élection, le groupe de dissidents élus, ils pouvaient être 17 à l’origine, 33, voilà, ce sont tous des gens qui ont chacun dans son champ d’expertise une forme de leadership, eh bien ceux-là, en fait, vont briller par leur capacité abnégative d’effacement. Ils vont dire quoi ? Ils vont dire, le lendemain de l’élection, nous devenons un directoire de transition. Moi, j’aime bien les appeler, c’est temporaire, je n’ai pas de mot définitif, mais j’aime bien les appeler le cerveau collectif des vice-présidents, parce qu’il faut arrêter avec le régime présidentiel, puis lorsqu’on y réfléchit, On y réfléchit bien. Chez nous, il est délirant. D’abord, c’est une hyper-présidentialisation et on voit maintenant bien ce que ça peut nous donner, c’est-à-dire le risque d’avoir au sommet de la chaîne alimentaire du pouvoir un psychopathe qui a accès aux boutons nucléaires. Ce n’est pas possible. Plein de sociétés ont testé des systèmes de présidence collégiale, partagés. On sait que ça marche. On pourrait proposer ça, ne serait-ce qu’à titre, d’ailleurs, temporaire, parce que ce n’est pas ce qu’on veut imposer au peuple. Il nous faut simplement, et vraiment j’insiste, excuse-moi Louis c’est peut-être un petit peu long mais il faut bien l’expliquer, c’est qu’il faut qu’on ait une phase de transition pendant laquelle nous faisons nous-mêmes de la réingénierie de nos institutions, une nouvelle constitution, et il nous faut pour ça des garants qui ne soient ni intimidables, parce que quand on a un chef unique on peut facilement le faire tomber, on peut même éventuellement le corrompre, lui-même peut changer et être pris d’une forme d’hubrise délirante, On peut l’assassiner métaphoriquement, etc. C’est très difficile si tu en as 11, 17 ou 33, peu importe. Et donc ce groupe résilient serait le garant d’une transition. Voilà ce que je propose. Parce que ce que j’aime dans cette proposition, c’est que oui, oui, oui, il faut l’expliquer. Oui, c’est du système 2. Oui, il faut dépenser un peu de glucose pour y arriver. Mais en fait, la réalité, et c’est ça mon message subversif, C’est que ce n’est pas en vous créant de nouveaux slogans et un nouveau mouvement soi-disant dynamique, sympatoche, avec plein de bons sentiments dégoulinants qu’on y arrivera. Parce que ça, ça marche le temps de créer une sorte de petit engouement dans le verre d’eau, voire le dé à coudre des réseaux sociaux et puis peut-être deux ou trois passages télé. Si vous adhérez à une dynamique qui exige que vous ayez mis en œuvre votre esprit critique et un petit peu de réflexion, je vous garantis, vous renouez justement avec ce qui fut l’esprit de notre civilisation, l’esprit des lumières et de 2500 ans d’histoire intellectuelle. Oui, quand on se met à réfléchir, quand on se met à phosphorer, on trouve des solutions. Pour le moment, nous ne sommes en effet, comme le dit Nicolas Vidal, que des tubes digestifs dans notre ensemble parce que nous sommes rincés, nous sommes psychiquement vidés, nous avons été asséchés de toutes nos énergies. Mais à un moment donné, nous allons nous remettre à réfléchir. Nous ne sommes pas assez fous pour laisser prospérer ce système qui est complètement dysfonctionnel et qui peut nous refaire des Macron. Nous avons envie de remettre des verrous de sécurité, de nous assurer que les médias ne peuvent plus appartenir qu’à une petite poignée de milliardaires, que l’hysterisation du débat nourrit les guerres cognitives, etc. Donc on propose un truc qui s’appelle le pari de l’intelligence collective pour se donner une chance, de restructurer nos institutions en bénéficiant de tout ce que nous avons appris pendant les générations précédentes.
Dr Louis Fouché :
Je comprends, si tu me dis si je me trompe, pour essayer de reformuler, que le pari de l’intelligence collective c’est une sorte de saturation du système tel qu’on le connaît aujourd’hui institutionnel, basé sur l’élection romantique d’un héros auquel je suis tenu de croire de manière sans même regarder la teneur de ce qu’ils proposent, qui est souvent le même programme que celui de l’oligarchie et des planificateurs centraux, qui a mis une ou une autre marionnette correspondant à tel ou tel marketing, qui correspond à cette ligne de fuite dont on parlait. on m’offre une ligne de fuite potentielle sous la forme d’un avocat qui a travaillé pour Julian Assange, ou on le laisse émerger, même si on ne l’a pas créé de toute pièce, et prendre cette place là, parce qu’il va contribuer à la schismogénèse et à ne jamais réformer en profondeur ce système. Donc le PIC a envie de transformer en profondeur et pour ça, à comme horizon, si je comprends bien, une démocratie référendaire à la Suisse où les citoyens sont politisés, renoués avec une sorte de responsabilité politique et abdiques et abandonnent leur enfance politique, comme dirait Etienne Chouard, pour accepter que les sujets les concernent et qu’il va falloir effectivement dépenser un peu de glucose et un peu de cerveau, un peu de système 2 pour réfléchir aux questions qui leur sont posées, si la question est bien posée, si les réponses qui sont formulées sont dignes d’intérêt ou non. et pour arriver à installer ça, il y a une sorte de phase de transition nécessaire qui va mobiliser un certain nombre de gens pour leur compétence, des gens comme toi qui ont fait une sorte de mécénat de compétence pour permettre d’aller concourir à une élection ou à une chose comme ça, à jouer dans les règles du jeu du système, mais en les transformant, puisque plutôt que de proposer une personne et un programme précis, vous proposez un horizon qui est cette démocratie référendaire et un collège de personnes qui acceptent que leurs différences sont la source de fécondité nécessaire à ce que ça arrive à maturité. et qui acceptent de ne pas être représentant in fine, puisqu’ils seront tirés au sort.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
J’adore toujours autant tes reformulations élégantes, mon cher Louis, très pédagogue et très juste dans le choix des mots. C’est vraiment ça, il faut préciser, si j’insistais sur un seul point, c’est ça le rubicon que chacun doit franchir psychologiquement, c’est que il faut passer à un niveau de réflexion systémique, système. Tu te demandes si par exemple un système dans lequel ton sauveur est seul au sommet d’une espèce de pyramide que tu vois…
Dr Louis Fouché :
Aussi vertueux soit-il, parce qu’il y a.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Des gens qui disent, moi j’aime bien.
Dr Louis Fouché :
Solino, moi j’aime bien Branco, moi j’aime bien machin, mais là c’est plus une question de bien-aimer maintenant, c’est une question de transformer ce système de manière efficace.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Merci, et c’est vraiment ça. Si tu es à quelqu’un même de parfaitement honnête au sommet de ce système, si tu n’as pas préalablement résolu le problème par exemple des attaques sur notre intégrité psychique au travers des guerres cognitives, cette personne-là pourrait être discréditée par le système, on lui mettra 2-3 casseroles au cul et on va évidemment procéder par, alors ça aussi ça devrait donner lieu.
Dr Louis Fouché :
À J’abonde là-dedans, juste une question pour le public. Peut-être certains se souviennent qu’en 2008, la Grèce a été soumise à une sorte de redressement fiscal par la Troïka européenne, etc. et qu’on a vu le film Discussion entre adultes ou un truc comme ça, sur le rôle de Yanis Varoufakis, etc. et d’Alexis Tsipras qui était à la tête du mouvement Syriza et qui avait pris le pouvoir en devenant le président de la Grèce et qui avait tout mandat par son peuple grâce à un référendum de sortir de l’Union Européenne, de faire un Grexit, de ne pas accepter les conditions du Memorandum of Understanding et de dire allez vous faire foutre, nous vivons notre vie de manière libre. Et donc il avait absolument le soutien populaire, électoral, le blanc sain de la population, qui croyait honnêtement qu’Alexis Tsipras allait faire le programme de Syriza, qui était un programme assez proche de la gauche française. plutôt très séduisant. Et qu’est-ce qui s’est passé ? C’est qu’Alexis Tsipras a signé le Memorandum of Understanding, signant l’arrêt de mort économique de la Grèce pour les 35 ou 200 prochaines années à venir, faisant de tous les Grecs des gens endettés à leur naissance de manière définitive et dont le seul destin est soit de s’expatrier, de se prostituer ou de voir se faire racheter son île, sa ville, son monument historique par un oligarque russe ou chinois ou américain. Et pourtant Alexis Tsipras, sur le papier, avait promis tout ce qui était promettable.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Plus proche de nous, tu as Hollande qui nous dit que son seul ennemi c’est la finance. Et puis il nous met un ex-employé de Rothschild à l’économie.
Dr Louis Fouché :
Qui liquide les aéroports de Toulouse-Blagnac et.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Alstom, qui fait venir Uber en France, etc.
Dr Louis Fouché :
Nous prémunir de cette fragilité qu’aurait un système institutionnel par rapport au monde extérieur que représente la grande finance internationale ou des choses comme ça.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
C’est pour ça qu’il faut trouver cet équilibre. D’abord, on ne peut pas choisir un chef qui fut-il vertueux, comme tu l’as très bien souligné. finit toujours par être corruptible, ou en tout cas intimidable. On peut le faire chanter, on peut menacer ses enfants, on peut le transformer, on peut l’influencer, on peut faire plein de choses. On a des techniques manipulatoires en ce sens, malheureusement, à l’échelle de l’humanité, qui sont extrêmement diaboliques. Par contre, on ne peut pas le faire sur un groupe de plusieurs dizaines de personnes qui ont pour mission de penser comme un seul homme, c’est-à-dire un petit peu comme une cour suprême, où évidemment, rien n’est parfait. Il est évident que quel que soit le mouvement, la méthode, on titube au début comme un enfant qui apprend à marcher, on se casse la figure, on fait des erreurs, etc. Et le point clé qu’on doit intervenir.
Dr Louis Fouché :
On nous l’a dit, nous sommes des êtres de récits, nous vivons dans la réitération des mythes, des mythes fondateurs, et dans ces mythes fondateurs, il y a toujours des héros, des héros au pouvoir surnaturel qui vont réussir à arracher au dieu une partie de leur pouvoir pour le donner aux hommes d’une manière ou d’une autre. Et on vit dans cet idéal messianique, on pourrait dire, quelque part, d’un sauveur, d’un héros au cheval blanc qui viendrait, qui s’appelle de Villiers ou Asselineau ou autres. Comment on sort de ça ? Comment tu peux créer un récit qui puisse concurrencer quelque part ce récit mythique qui est chevillé en nous de manière multiséculaire ?
Frédéric Bascuñana (PIC) :
La réponse est très simple. Qui écrit le récit actuellement ? Comme Obama le disait lui-même, ceux qui écrivent le récit et qui fabriquent les bons et les méchants, c’est les médias. Donc si tu n’es plus le scénariste de ton récit et que tu viens simplement qu’aimander cette attention, rappelez-vous 2022 c’était assez fabuleux, la prise de pouvoir des médias. Moi j’ai vraiment vu un coup d’état des médias. J’ai vraiment suivi l’élection 2022 et j’ai trouvé que plus que dans les précédentes, les candidats ressemblaient justement à des candidats repassant l’oral de l’ENA. Et souvent la mise en scène était flagrante, les candidats qui étaient en position basse, littéralement, sur des tabourets un petit peu plus bas que les journalistes qui, eux, étaient sur une estrade. C’était impressionnant. Il y a eu énormément d’exemples de ça. Et quand ce n’était pas évidemment ça, c’était symboliquement mis en œuvre à l’image par une espèce de cacophonie entretenue entre des gens qui ne se supportaient pas. Et on voyait à peu près émerger une thèse, une antithèse, mais on était incapable de faire la synthèse. D’accord ? Voilà. C’était impossible de se donner le temps de réfléchir. Donc, comment est-ce qu’on y arrive ? L’inversion du processus habituel qui est, il y a un candidat potentiel, un fondateur qui en démarrant son mouvement estime en être le leader et va chercher ensuite des militants, ça l’oblige à faire un certain nombre de compromis que ne ferait pas un substrat en quelque sorte de la population française si elle se regroupe et qu’elle dit, nous allons en chercher plusieurs, un petit peu comme n’importe quelle entrepreneurs qui créent une start-up ou qui amorcent une organisation ou qui, à l’échelle de son département, créent un nouveau modèle économique, c’est une fois qu’on est clair sur ce qu’on veut pour les Français, on va chercher ceux qui sont capables d’exécuter ce programme. Et on ne pense pas, eu égard à la lourdeur de la tâche, qu’il en faille un seul, quand bien même cela serait, évidemment, j’en suis conscient, une contradiction flagrante de ce à quoi l’imaginaire français est habitué, parce qu’en effet, on a tous en tête le conquérant du pouvoir, on a tous en tête des Che Guevara d’opérette, Napoléon sur son fidèle destrier qui part à la conquête du pouvoir, etc. On a tous en tête ça, on a tous cette idée du héros romanesque, que tu le rappelais, dont l’existence trépidante va nourrir la sensationnalisation, la théâtralisation par les médias, etc. On a tous en tête ça. Et pourtant, si on réfléchit, qu’on se pose sans être forcément des génies du jeu d’échecs, et qu’on se dit, qu’est-ce qu’on veut pour que ça tienne ? On veut fabriquer une organisation résiliente, la tâche est énorme, il nous faut donc des garants d’une transition dans laquelle les questions clés seront posées au peuple pour qu’on puisse décider ensemble, est-ce qu’on reste dans l’Europe ? Qu’est-ce qu’on fait de la dette ? Qu’est-ce qu’on fait de nos frontières ? Qu’est-ce qu’on fait aussi de ces conflits qui nous embarquent dans des pays qui, comment dire, dont eux-mêmes semblent subir un scénario mondialiste, si je fais simple.
Dr Louis Fouché :
Qu’est-ce qu’on fait des traités internationaux, qu’ils.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Soient avec l’OTAN, l’OMS ? Qu’est-ce qu’on fait de ces organismes en effet supranationaux qui semblent préempter notre souveraineté ? Qu’est-ce qu’on fait de tout ça ? Et si les gens se regroupent et au lieu de se disputer sur les solutions, je préfère qu’ils controversent sur la qualité des questions qu’ils vont poser au peuple français et que le programme soit en fait une suite de questions. Un seul immense inconvénient à ce programme et à cette idée, c’est qu’il faudra bosser pendant un an, peut-être deux ans, à poser des questions au peuple, à faire une démocratie référendaire intensive. C’est vrai. Mais ce que d’aucuns pourraient identifier comme un effort insensé à accomplir, dont on pourrait croire que les gens ne sont pas prêts à l’accomplir, moi je pense justement, bien au contraire, que c’est la principale qualité de cette démarche. Parce que tous les gens qu’on croise, quel que soit l’agora, nous disent dans leur exaspération, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Oui, ils veulent des réponses, mais si vous leur donnez des réponses, l’étape d’après, ils sont dans une espèce de rejet compulsif rageur des solutions clairs en main. Ils n’en peuvent plus d’être infantilisés par les sachants. qui voudraient leur infliger une sorte de programme cohérent. En fait, ce qu’ils veulent, c’est plutôt cohérent dans leur esprit. Ils ont des préoccupations citoyennes qui sont encore à l’état, parfois pour certains, de la réflexion totalement embryonnaire. Mais encore une fois, c’est ce que je disais, il ne faut pas croire que les gens dans leur absolue majorité seraient idiots. Ils sont partiellement anesthésiés parce que vivant dans le réflexe compulsif. Mais toutes les études scientifiques démontrent qu’il y a un moment donné où l’on passe du système 1 au système 2, quand on estime qu’il y a une bonne raison et quand on le sollicite. Je te donne un exemple très concret. Si je te fais 2026, je te dis Bardella, Attal. Tu as une réaction épidermique. Tu vas dire, je vais essayer de prendre celui que je déteste le moins, peut-être. Mais là, tu es en cerveau automatique. Désolé monsieur, il n’y a plus le deuxième tour, ce truc que tu croyais connaître et rassurant, c’était une sorte de doudou émotionnel, psychologique, c’est ce à quoi je suis habitué. Un petit fascicule de 20 pages, et sur chaque page, il y a 10 bonnes questions par sujet régalien. Il y a une page de QCM sur l’éducation. Dans l’isoloir, ce que tu vas mettre dans l’urne, c’est le résultat de ce QCM, qui correspond d’ailleurs à des dispositifs de votation qu’on trouve dans des pays comme la Suisse. Je te donne la possibilité, si tu veux, sur une application, en amont, de faire tes petits tests. Je choisis mes éléments de programme pour que l’application puisse te dire, tiens, voilà ce que ça représente en termes de budget, voilà la cohérence d’ensemble. Je te donne juste le coût de ce que tu veux pour le pays. Je te donne le coût et je t’explique comment ça va. Éventuellement, après, on peut imaginer qu’on doit bien expliquer aux gens ce que ça risque de coûter. Mais comment dire ? le dispositif t’oblige à réfléchir, tu n’es plus dans l’émotion, dans le comment dire, c’est difficile à exprimer comme ça là en deux secondes, tu n’es plus aliéné au réflexe émotionnel qui est le choix du candidat dont tu vas analyser dans un second temps les véritables capacités et motivations et dont tu vas être, et si tu regardes bien les dernières décennies de ta vie, Si tu t’es intéressé à la politique, tu as passé l’essentiel de ton comité politique à chroniquer l’impuissance de tes dirigeants ou leur trahison, et rarement ce qu’ils ont fait de bien. Ils ont fait des choses bien, mais elles sont minoritaires. Tout ce qu’ils ont dit n’a pas été fait. Tout le programme, toutes les annonces de Macron, c’était notre projet, On sait qu’il venait de la société civile et qu’il voulait faire du bien à l’économie, mais tout ça était plutôt flou. Bien sûr, et on se rappelle très bien que sur plusieurs plateaux, il disait mais arrêtez de nous enfermer avec vos programmes. Donc lui, il a poussé le vice jusqu’à dire le programme, c’est un truc complètement ridicule. Vous verrez, moi, ce que je veux, c’est le bien de la France. Tout est basé sur ce système, un réflexe émotionnel.
Dr Louis Fouché :
Glucksmann reprend exactement les mêmes éléments de langage.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Exactement, c’est spectaculaire. Finalement, je pense qu’ils font tous un petit peu ça. Même quand ils vous disent « nous sommes le poil à gratter de l’Europe, nous sommes députés européens, vous allez voir, de l’intérieur, par notre capacité à faire bouger les lignes, nous vous annonçons un meilleur programme », la vérité c’est qu’ils sont les idiots utiles de ce système puisqu’ils montrent que l’Europe, le Parlement européen est capable de s’encanailler démocratiquement en laissant s’exprimer ses empêcheurs de tourner en rond. et ses propres dissidents. En quelque part, ils sont la caution démocratique de l’Europe, ceux qui sont au cœur de l’Europe pour la critiquer. C’est pour ça que je dis à la rigueur qu’on peut tout à fait aller dans ce système-là. Moi, à un moment donné, j’ai fantasmé ça. Je me dis que si je me présentais à les députations, ce serait en effet pour faire comme ce néerlandais, mais je pense que c’est le seul à être honnête et à l’avoir vraiment bien fait, qui au cœur de l’Europe passe son temps à dénoncer les dysfonctionnements de ce système et à montrer à quel point c’est absurde. Est-ce qu’il ne sert pas lui-même de caution à cela ? Donc moi, je pense qu’il faut être plus radical, c’est-à-dire au sens d’Hippocrate, chercher la cause des causes plutôt que de toujours rester à la surface et mettre des patches. Et justement, maintenant, imaginez que les votations, ce soit une page sur l’éducation. Tu n’as pas d’autre choix que de réfléchir. Je te pose point par point des questions et tu choisis en fonction de ta sensibilité, ton prisme idéologique. Mais bon, je t’amène à discuter des idées, des programmes, des actions. Et en fait, je détourne ton attention des gens, parce que les gens qu’on t’a mis dans les pattes et qui sont sur le devant de la scène et qui sont les têtes de gondole du récit médiatique, ceux-là ne t’emmènent quasi exclusivement que sur le terrain de l’émotion. Je ne veux pas insulter ceux parmi mes camarades qui ont de très bonnes capacités analytiques, et qui refont le match d’ailleurs tous les soirs sur nos agora et qui sont dans les réseaux sociaux etc font des lives et disent t’as vu ce qu’il a dit puis ils analysent etc et puis ils comprennent bien que derrière il y a des gens qui travaillent c’est vrai mais en fait tout ça est porté par des hommes dont on sait que leur promesse n’engage que ceux qui y croient c’est devenu un adage politique quoi c’est le moment où tout a été dit quand on nous a dit ça c’est vrai ça n’engage que ceux qui y croient pourquoi parce qu’une fois confronté à l’exercice du pouvoir il vient ensuite nous donner des leçons de réalisme, de lucidité. Il nous explique aussi tout simplement que l’environnement a changé, ce que l’on peut tout à fait comprendre. Mais le peuple est constamment dépossédé de l’intelligence collective dont il pourrait faire preuve en décidant de son propre destin, sujet par sujet. Et il y a des preuves du fonctionnement de la chose. J’ai préparé 80 scripts de vidéos pédagogiques qui sont issus de travaux faits sur le terrain. Notamment, il y a une expérience qui me fascine à Rome pendant quelques années. 4 ou 5 ans, un groupe de citoyens s’était vu passer la responsabilité de la gestion d’un budget assez important de plusieurs dizaines de millions d’euros. Ce qui est très intéressant dans cette expérience, d’abord c’est que ça n’en était pas une, parce que le problème des expériences c’est qu’il y a un effet de l’observateur et une prise de conscience que l’on est un cobaye. Donc là ce n’était pas une expérience, mais ceux qui ont observé étaient très discrets. Et donc, il n’y a pas eu d’effet laboratoire, si j’ose dire. Tu dois mieux connaître ça que moi. Cette expérience m’a beaucoup plu parce que les gens se crépaient le chignon pour décider de l’allocation budgétaire, mais qu’au moment de la votation, tout le monde rentrait chez soi après un apéro, avait discuté, s’est pris dans les bras, etc. C’était extrêmement rugueux, les débats qui se sont produits. À la fin, personne ne discutait le résultat et il n’y a pas eu d’incarnation idéologique par des espèces de gourous chacun de son parti sur le terrain, ou représentants d’autres gourous, etc. pour donner du sens à ces conversations. C’était vraiment le peuple décidant de son programme et de l’allocation budgétaire. Et là aussi, on dispose de tout un arsenal spectaculaire depuis quelques années d’études scientifiques qui démontrent qu’une foule, quand on la met dans le bon contexte, elle pense bien. Il y a quelques règles à respecter au départ, évidemment, pour notamment empêcher que certains biais soient à l’oeuvre, des biais d’entraînement, des biais d’influence. Il ne faut pas qu’il y ait des lobbies dans la salle ou des orateurs qui entourloupent les gens. Il faut aussi laisser le temps. Justement, il faut mettre les gens en système 2 et pas en système réflexe. Si vous regardez les médias comme ils sont, la sensationnalisation du débat public est basée sur sa théâtralisation et sur le fait que tout va très vite et qu’on n’a jamais le temps de parler. Contrairement à ce que là, tu rends toi possible. Je ne suis pas le meilleur des orateurs même pour expliquer ma propre idée, soyons clairs. mais j’aurais clairement beaucoup de mal à le faire sur un plateau télé on me dit allez 30 secondes qu’est ce que vous proposez pour sauver la démocratie quoi c’est ce qui arrive tous les jours à Etienne Chouard par exemple il arrive sur un plateau télé on lui donne 20 secondes pour expliquer comment nous sauver c’est pas possible.
Dr Louis Fouché :
On est dans le monde des shorts où ils passent les uns après les autres parfois on va même pas jusqu’au bout des 27 secondes que dure la vidéo parce que ça nous intéresse pas et on a pris notre décision en moins de 5 secondes et on disqualifie tout plein de pensées parce qu’elles correspondent pas au schéma qu’on a déjà en tête Je crois comprendre dans ce que tu dis qu’il y a une invitation à aller essayer, à oser espérer dans ce pari de l’intelligence collective. C’est un pari que personne n’a dit que ça allait marcher, mais que c’était pas très grave, parce que le jeu que ça représente est plus intéressant qu’une vie bien assurée d’esclave. Je retiens un adjectif qui a été utilisé, qui pour beaucoup de gens peut-être est un peu un peu obscur, un peu hermétique, qui est le terme obsidional et qui renvoie, dans le vocabulaire médiéval, à l’idée d’être soumis à un siège. Vous êtes dans une logique de siège, vous savez, le siège de la ville par une armée, etc. Effectivement, nous sommes dans un siège où notre esprit est soumis à un tapis de bombe permanent, à des infiltrations permanentes par des opérations de sabotage, où notre société entière est soumise à un siège par des infiltrations par l’infiltration de la finance, par les attaques permanentes de gouvernements étrangers, on le voit avec l’affaire d’Alstom, etc. pour arriver à s’emparer des ressources de votre propre pays, etc. Et dans ce siège, un des rares espoirs, c’est de tenir bon, d’avoir quelques ressources cachées et d’arriver à cultiver des choses qui réussissent à pousser à l’intérieur des murs de votre ville, que sinon vous n’aurez plus rien à bouffer assez rapidement. et de ne pas se laisser aller au désespoir et à ne plus rien faire, mais au contraire de continuer à travailler avec l’idée qu’une seule sortie ne serait pas à la mesure d’une incursion à l’extérieur, ne serait pas à la mesure de ce qui est en train de se passer, il va falloir réussir à regrouper l’ensemble des gens qui sont dans ce siège pour réussir à voler en éclats, à recréer une cohérence interne et arriver à survivre au fond sans avoir besoin même de Vap’n’Roll Thierry les gens assiégés jettent des cochons par-dessus les murailles en faisant semblant qu’ils en ont tellement qu’ils peuvent ! tenir encore des années, et où les assiégeants, dégoûtés, disent bon, s’ils en sont à balourder des cochons par la fenêtre, c’est que ça sert à rien, ils ont des ressources pour toujours, on se casse, ça sert à rien parce qu’on est quand même loin de notre famille, loin de nos maisons, et nous-mêmes en campagne à l’extérieur.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
C’est l’ancêtre de la guerre cognitive.
Dr Louis Fouché :
Voilà, exactement. Et donc, il y a quelque chose de cette dimension obsidionale dans ce qu’on est en train de vivre, qu’il va falloir intégrer et réussir à raconter aussi. Comment on sort d’un siège, comment on survit à un siège, comment on récupère l’intégrité de notre propre cité, etc. Donc, on peut retrouver tout ce que tu proposes et pas toi tout seul, bien sûr, mais de nombreux autres. Tu as parlé d’Etienne Chouard, mais il y a aussi d’autres personnes qui sont avec vous, connues ou moins connues, avec des compétences reconnues de parole publique, ou au contraire avec des compétences beaucoup plus discrètes de logistique et d’organisation. On peut retrouver toutes ces discussions sur le Paresiast sur Twitter.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
On va pas tarder à sortir le site et là justement en septembre on va procéder à des actions, des actions pédagogiques notamment, comme d’organiser des consultations citoyennes dans plusieurs municipalités.
Dr Louis Fouché :
Vap’n’Roll Thierry Et à partir du moment où on retrouve cette dimension du jeu, de la possibilité créative, même à l’intérieur de la contrainte, c’est très réjouissant. Je pense que j’attends avec impatience ce 28 septembre et ses initiatives parce que je crois que ça peut mener à beaucoup de choses très intéressantes où on se dit mais on ne peut rien faire dans notre ville, on ne peut rien faire.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
!
Dr Louis Fouché :
Si, si, vous vous mettez au travail, vous allez voir, vous pouvez changer les choses de manière tout à fait phénoménale.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Raison pour laquelle j’invite tout le monde à rester très vigilant sur les appels au boycott et au confinement chez soi. J’ai trouvé ça très étrange que cela émerge dans la discussion, parce que quand bien même 20 millions de personnes se confineraient chez elles, vous n’obtiendriez que deux choses. D’abord un impact psychologique qu’on a un petit peu exploré pendant cette interview et quand on discute avec Louis, c’est-à-dire des formes d’isolement qui ne sont pas très bien. il y aurait conflictualisation inévitable entre ceux qui ont joué le jeu, ceux qui n’ont pas joué le jeu, ceux considérés comme courageux, ceux considérés comme des traîtres, les lâches versus les héroïques, etc. Donc ça créerait des fractures un petit peu inquiétantes, mais ça c’est inévitable dans tous les mouvements. Mais disons que là, je trouve que le schéma est assez grossier aux implications de l’isolement, surtout en ramenant le thème de l’isolement. Deuxième point important, si tant est que vous soyez confronté à une dynamique impériale qui consiste à nous fédéraliser à l’intérieur de l’empire européen, l’oligarchie en place a tout à fait intérêt à ce que votre économie s’écroule et que les petits, les moyens, les grands commerces ressortent affamés. Le moment où vous arrivez au stade.
Dr Louis Fouché :
Où vous êtes complètement à genoux… Certains l’ont souligné avec l’idée que c’était un vrai prétexte pour la mise en place des CBDC, des Central Bank Digital Currency, qu’à partir du moment où vous êtes endetté à mort, si on vous donne de la monnaie de singe d’une manière ou d’une autre, vous la prendrez. Encore une fois, regardez la dimension obsidionale de tout ça, les monnaies obsidionales ça existe, c’est genre on crée des monnaies à l’intérieur d’un système en siège, Et si vous regardez l’histoire du ghetto de Varsovie, l’histoire de tous les autres, tous ceux qui ont survécu, c’est aussi ceux qui créent des brèches et qui vont voir à l’extérieur avec des gens relais discrets qui arrivent à ramener de l’information depuis l’extérieur, à ramener des denrées alimentaires, à ramener de la créativité, que ce soit Saint-Geneviève pour libérer Paris ou que ce soit des gens dans le ghetto de Varsovie, il y a aussi besoin de ça. Donc ne surtout pas s’enfermer de manière volontaire. En fait, ce qu’ils craignent, c’est qu’on.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Le sorte et qu’on les fasse ces consultations citoyennes et qu’on commence par gagner des petits combats les uns après les autres en disant non au ZFE, mais que notamment sur les lois qui vont doubler la facture d’électricité des français, y compris des plus pauvres, la fameuse loi PPE3, et bien que d’ici la fin septembre, on s’organise pour dire localement non, c’est non. Et là, on peut le faire dans une sorte de partenariat informel avec les municipalités puisque les maires sont évidemment à portée de baffe. Certains retournent après au Parlement et pourraient se voir reprocher par leurs administrés des mauvais choix. Donc, c’est là en fait qu’on a un impact, c’est quand on coalise et pas quand on s’enferme chez soi. Moi, je ne veux pas être le rabat-joie sur le 10 septembre parce que s’il y a des gens plus intelligents que moi qui ont pensé à un très bon système, je dis il y en a certainement beaucoup qui pensent mieux que moi, il n’y a pas de problème. mais ce que je suggère c’est qu’on garde l’esprit ouvert pour en parler et que ça ne soit pas un prétexte à anathème, rejet compulsif, à s’insulter les uns les autres, mais qu’on puisse poser les bonnes questions et éventuellement aller dans le sens du maintien de ce type de manifestation de manière à surprendre ceux qui pourraient éventuellement être aux manettes et qui s’attendaient à ce que l’on ne coalise pas. Leur ennemi, l’ennemi numéro un de la caste, s’appelle, qui est en un mot, c’est l’union. C’est ce qui leur fait le plus peur.
Dr Louis Fouché :
Un mot là-dessus, pour aller doucement vers la fin de notre entretien. Dans nos discussions privées, parfois tu m’as parlé de l’idée d’involution plutôt que de révolution. Est-ce que tu pourrais revenir sur cette idée-là, parce qu’il y a beaucoup de gens qui croient au grand soir du 10 septembre, c’est quelque chose auquel je ne crois pas, j’ai l’impression qu’au contraire l’oligarchie et la caste au pouvoir, de manière méthodique, patiente, de génération en génération, installent son pouvoir et son renouvellement, et que tous ceux qui voudraient balayer tout ça en un coup de pied dans la formilière, c’est un peu une illusion, une illusion romanesque.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Pour expliquer mon point, j’en appelle du côté de ceux qui ont parfois voyagé et qui en s’installant à l’arrière d’un taxi, arrivant dans un nouveau pays, on demandait au chauffeur, alors, c’est comment chez vous ? Je pense qu’on est beaucoup à avoir vécu ça. Moi, j’ai vécu ça en Tunisie. À un moment donné, je travaillais avec pas mal de Tunisiens, je faisais beaucoup d’aller-retour, vraiment en Tunisie. Chaque fois que je prenais un taxi, je prenais vraiment un plaisir sincère d’observateur à demander ce que les gens pensaient après Ben Ali. Et le résultat est incroyable. Peut-être que vous allez me dire, attention Fred, on ne peut pas inférer de réflexion solide à partir de ce type d’occasion. Évidemment, je suis sur la théorie des signaux, des signaux faibles en l’occurrence, mais vous allez comprendre mon point. En discutant avec ces gens qui sont des petits entrepreneurs, et puis d’avant d’autres dans d’autres contextes évidemment, c’est une image que je fais aussi, je me suis aperçu d’une chose, c’est que tout le monde avait oublié la notion de contrat social. Je m’explique. Ceux qui ont vécu le printemps arabe, et notamment en Tunisie, écrasante majorité vous disent on pensait avoir gagné à la démocratie, on a gagné à un truc dont on n’a pas bien compris où est-ce qu’on s’était enflé. Certains sont capables d’énumérer un chapelet de trucs qui sont passés qu’ils n’ont vraiment pas plu. Donc ils en arrivent à dire j’aimais pas Ben Ali mais au moins avec lui le contrat social était clair. Incroyable non ? Ils le disent pas comme ça mais c’est toujours ça, c’était clair. Il y a certaines choses qu’ils disaient, c’était clair. Ah c’était un salaud ! Mais il y a des choses qu’ils faisaient bien, incroyable. En fait je m’aperçois que la révolution c’est ce moment où plus rien n’est clair. C’est le moment où peuvent émerger des forces, d’ailleurs pas particulièrement opaques, parce que bien financées, c’est là justement que les forces de l’argent ont toujours tendance à dévoyer les révolutions, elles les infiltrent, et dans le chaos généralisé, elles créent un mode de confiscation. C’est très important de comprendre ça. Et donc au moment où la révolution doit s’institutionnaliser, parce qu’après une révolution il y a l’institutionnalisation, il faut être sûr qu’on ait le pouvoir jusqu’au bout. et d’aucuns savent que parfois pour maintenir ce pouvoir il faut passer par la terreur. Vous avez envie que vos enfants prennent ce risque-là ? Moi non. Donc l’involution c’est quoi ? C’est quand on fait le processus inverse, c’est-à-dire qu’on travaille à préparer ce qui serait la colonne vertébrale d’une transformation profonde, la métamorphose désirée est la même, changer de système, mais ce travail-là est fait en amont de telle manière qu’il mûrit de l’intérieur. Donc l’involution c’est une révolution silencieuse si j’ose dire, et on peut la faire justement par un mot qui est intraduisible, désolé pour ceux qui détestent les anglicismes, mais je vous mets au défi de trouver un équivalent en français, vous en trouverez mais il ne sera pas aussi bien, il s’agit de hacker le système, c’est à dire en douceur de faire, si par exemple on se présente avec le pic en 2027, on a une candidature que d’aucuns vont traiter de fantaisistes, parce qu’on aura 17 candidats en fait, et l’un d’entre eux va se présenter au nom des autres, signé avec son sang, qu’il ne les trahira pas évidemment, mais c’est pas possible quand il en a des dizaines autour de lui, et pour dire voilà, dès que je suis élu, en fait c’est un nous, c’est pas moi, moi je suis personne, j’ai été élu par le truchement d’un tirage au sort, mais à l’intérieur d’une population de dissidents évidemment ayant fait leur preuve. Dans mes rêves les plus fous, ils seraient quelques dizaines, peut-être qu’ils ne seront que 9, 15, 17, je ne sais pas. Le fait est que ça va nous amener à créer une sorte de méta-campagne qui sera l’opportunité de dire, regardez autour de vous, ils sont tous en train de se hurler les uns sur les autres. Ce sont tous des Napoléons d’Operet ou des Che Guevara, plus ou moins clairement engagés par le système. Et si tant est qu’ils soient vertueux, disons ce que disait très bien Louis quand il l’a synthétisé, étant seul, ils nous mettent en risque. Pensez à tous ces candidats, qui sont métaphoriquement assassinés à quelques semaines d’une élection juste parce qu’ils n’ont pas porté le bon costume ou qu’ils ont laissé des subaltermes faire des conneries. Vous êtes dépossédés. Vous vous rendez compte de l’absurdité ? Il y a des millions de gens qui peuvent croire à un mouvement et parce qu’il y a une personne tout en haut qui le représente, la personne morale s’écroule. C’est ridicule. C’est que quand les gens vont réfléchir deux secondes, ils vont dire mais comment j’ai pu être assez con pour croire dans un concept aussi débile en fait, foncièrement débile ? Et qui plus est, On arsenalise, on militarise quasiment, on hystérise les hordes de militants parce qu’on leur dit « toi t’es dans un camp, eux ils sont dans un autre » au lieu de discuter des points communs qu’il y a dans tous ces programmes. Parce qu’il y a plein de points communs. Mais comme on est dans un camp et qu’on, par exemple, on est avec ce camp parce qu’il y a ces deux-trois mesures qui me plaisent, il y en a 867 derrière que j’accepte. Parce qu’eux sont dans le camp que j’ai choisi. Mais là aussi les gens vont réfléchir que la logique même des partis, elle est débile. C’est en fait l’ingénierie sociale fondatrice de la République qui fait que ce logiciel n’est pas seulement vérolé, il a toujours été pourri depuis le départ. Il est une technique, de la part du pouvoir de l’argent, pour nous dominer. C’est-à-dire qu’il nous regarde dans une espèce de bulle, à l’intérieur de laquelle nous passons notre temps à nous crêper le chignon comme des imbéciles, sans parler clairement et suffisamment des idées. On parle des idées, évidemment. Il y a des think tanks, il y a des politiques qui sont très brillants. Mais l’essentiel du temps, on est obligé… Je ne sais pas, moi, si vous avez deux villiers, ou même Gabriel Attal ou peu importe, prenez n’importe lequel, une tête de gondole, moi je m’en fiche. Il n’y en a plus aucun qui n’a de grâce à mes yeux parce que pour moi ils ont tous pactisé avec la caste médiatique et ne sont jamais sérieux et à aucun moment je ne pense qu’ils soient de possibles partenaires d’une évolution intelligente du système. Mais prenez n’importe lequel, vous n’échapperez pas Si vous lisez un article qu’il soit sur la personne ou écrit par la personne, vous n’échapperez pas à un tiers, deux tiers, peut-être même 4,20% de l’article qui tourne autour de son nombril, de sa fiabilité, de ses valeurs morales, etc. Alors que si on réfléchit bien deux secondes, on s’en tamponne, mais alors spectaculairement. C’est très bien quand ils nous parlent d’éducation, d’avenir de la France, etc. Mais on perd un temps fou à ne pas parler explicitement de ce qui pourrait éventuellement fiabiliser un programme désiré par le plus grand nombre. Et de toute façon, si tenter qu’à un moment donné un sujet régalien soit l’objet d’une discussion dans une émission en particulier, encore une fois j’insiste, il est noyé dans un programme. Donc on a intérêt à réfléchir autrement et à dire, sur chaque point clé de programme, éducation et autres, il faut consulter le peuple en lui donnant la possibilité d’accès, parce que c’est ce qui est avant qui est important, ce n’est pas la consultation d’ailleurs. La consultation est l’arrivée et l’aboutissement d’un cheminement. dans lequel on doit mettre en scène les controverses, laisser s’exprimer tous ceux qui ont des points de vue contradictoires, pour que ce soit à tout un chacun de se faire une idée, une opinion précisément de ce qu’il veut pour ses enfants, par exemple, si on parle de l’éducation. Je dis une bêtise, je prends cet exemple au hasard, mais il y en a tant d’autres. Peut-être qu’on n’est pas encore tout à fait prêts pour passer à ce type de votation. Toujours est-il que si on ne passe pas à ce type de votation, on continuera à voir tous ces sujets importants nous échapper, parce que la caste bureaucratique a compris que la meilleure des astuces pour ne pas qu’on puisse durablement s’insurger contre ces décisions consiste à déléguer ces décisions à des entités supranationales. Je n’ai pas besoin d’en nommer, il y en a plein que vous aurez en tête, que ce soit l’Europe ou l’OMS ou tous les autres. Ces entités supranationales sont complètement insaisissables, nous fabriquent des abstractions contre lesquelles nous sommes globalement impuissants. Donc réfléchissons comme des systémistes, Arrêtons de subir tel des fantassins dans le creux de la colline pendant que nos généraux sont sur leurs chevaux comme ça à nous regarder avec des longues vues et on domine le terrain. Arrêtons de nous enfermer, de nous aliéner tel des fantassins en bas de la colline, à nous de grimper en haut de la colline et de voir le monde tel qu’ils le voient, comme un système. Regardez tout ça d’en haut. Nous en sommes capables, nous allons nous disputer, nous allons nous criper le chignon, c’est vrai, mais on peut temporairement se mettre d’accord pour que ces crépages de chignons, plus tard, reviennent sur les idées, sur les programmes, les allocations budgétaires, le recrutement de ceux qui peuvent appliquer ces programmes, et dans un premier temps, nous pouvons nous mettre d’accord, une fois qu’on verra les choses d’en haut, pour dire, et si on changeait tout ? On fait ça comment ? On ne le fera jamais avec un seul représentant. Il nous faut un collectif, il nous faut des gens d’ailleurs comme toi, Louis, on t’a déjà proposé, on ne va pas insister là, Typiquement, je trouve que tu es un bon exemple, si dans une phase transitoire, tu représentais, tu étais un des représentants de cette dissidence, les gens se diraient, chouette, il y a Louis Fouché. Il y a peut-être des gens qui n’apprécient pas Louis Fouché, pour des raisons XY qui leur appartiennent, qui diraient, ah mais c’est chouette, je vois qu’il y a Étienne Chouard. Ah tiens, c’est chouette, il y a quand même Alexis Poulin qui est sincère, journaliste. Chacun dans son champ d’expertise, ayant fait l’épreuve de sa résilience dissidente ces dernières années, rentrent dans ce momentum exceptionnel qui est le combo de le discrédit absolu jeté sur une caste de cinglés complètement dépravés et dysfonctionnels, et la légitimité intellectuelle d’une dissidence dont tu fais partie Louis, qui sont apparues clairement. Donc voilà le bug dans la matrice. Nous avons les moyens de communiquer en ce moment, nous ne sommes pas encore totalement envahis par les intelligences artificielles qui vont nous fabriquer des robots de plus en plus convaincants pour bousiller les foules et leur logique intrinsèque et fabriquer de la strotterfing. Là, je prédis quand même une quasi-apocalypse cognitive dans les deux ans, malheureusement. Ça, ça devrait faire l’objet d’une autre interview. Donc, c’est pour ça qu’il y a un momentum qui est lié. Encore une fois, j’insiste, détestation de cette caste, solidité de la dissidence, ça fait du monde. On crée un collectif face à cette caste. On dit aux gens, ce collectif est résilient parce que vous en faites tomber un, vous en faites tomber deux. Vous ne pouvez pas tous les faire tomber, ce n’est pas possible. Ils seront là. Ils ne peuvent pas vous trahir parce qu’ils sont suffisamment nombreux pour se surveiller les uns les autres et qu’ils signent avec leur sang cette idée que le programme n’est pas un programme, c’est une série de questions qu’on va vous poser. Voulez-vous y répondre ? Voilà la liste des questions. Et les gens ne demandent qu’à repasser en système 2, cerveau analytique, sortir des réactions compulsives dignes de tubes digestifs, rincés, épuisés psychiquement, etc. Passer en système 2 pour dire, ah, enfin, On arrête d’insulter mon intelligence. Et les gens vont se remettre à parler. Et ils vont même réouvrir des bistrots et cafés du commerce pour pouvoir se remettre à parler. Je te mets mon billet. Voilà.
Dr Louis Fouché :
On espère tout ça. Merci beaucoup Frédéric. On est à deux heures, un petit peu plus.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Merci à toi.
Dr Louis Fouché :
On a discuté à la fois des techniques d’encerclement et de guerre cognitive auxquelles on est soumis en permanence et qui sont maintenant complètement domestiquées par le pouvoir politique et le pouvoir économique pour réussir à à contrôler le changement et à déterminer des choix illusoires dans la population, et y compris des choix politiques. Et une partie de ce que tu proposes pour sortir de tout ça, c’est de se repolitiser, de reprendre ses responsabilités, de faire le pari de l’intelligence collective, aussi difficile soit-il, aussi rugueux soit-il, aussi contre-intuitif soit-il par rapport à l’ensemble de nos apprentissages préalable d’un sauveur, d’un cavalier blanc qui viendrait, de quelqu’un qui nous permettrait de retrouver notre statut d’enfant parce qu’il prendrait en charge toute la complexité du monde à notre place et qu’on pourrait retourner à notre petit bonheur d’enfant. C’est l’inverse que tu proposes, c’est de retourner à cette responsabilité héroïque d’être un adulte et de prendre en main son destin. Personne n’a dit que c’était ni facile, ni confortable, ni que ça allait de soi. Ça correspond à devenir des adultes politiques quelque part et à assumer le fait d’avoir plus de dix ans maintenant et de ne pas chercher en permanence à revenir à l’enfance perdue, à ce monde perdu de l’éden, de l’insouciance et de l’innocence, mais au contraire à assumer notre statut de peut-être de vieux sages, de responsables qui ont envie de laisser à leurs enfants et aux générations futures quelque chose qui ait un sens, un héritage qui soit heureux et fier de porter, plutôt que de structurer une sorte de mépris transgénérationnel pour tous les renoncements et toutes les lâchetés qu’il y a eu dans les générations précédentes. Merci pour tous ces éléments. Encore une fois, on peut les retrouver sur le Parisia, sur le Paris de l’intelligence collective, le PIC qui aura son site internet bientôt. Je te laisse un mot de la fin, le temps que tu veux pour donner ta conclusion, s’il y a des choses que tu as envie d’aborder, qu’on n’a pas abordé, n’hésite pas.
Frédéric Bascuñana (PIC) :
Je vais m’inscrire dans le sillon de ce que tu viens de dire en conclusion, en te remerciant déjà pour le temps que tu nous as accordé. J’ai deux choses à dire, la première c’est que moi je ne suis qu’un modeste initiateur et je disparais du mouvement que je crée parce que je crois justement comme Simone Veil qui en parle magnifiquement bien dans un livre que je conseille à tout le monde, qui est un de mes livres de chevet, qui s’appelle la pesanteur et la grâce. Simone Veil dit qu’au même titre que certains parents, que l’énergie bienveillante qui se retrouve dans la parentalité, notamment la maternité, si tant est que Dieu existe et qu’on y croit, le processus le plus important dans lequel il s’est lancé à l’échelle de l’humanité, c’est qu’il a certes créé, mais il s’est décréé, il s’est effacé pour nous laisser de l’espace. C’est très important d’entendre ça. Il y a une personne merveilleuse que j’aime beaucoup dans mon environnement qui a dit, et si le meilleur des leaderships pour le monde à venir ne procédait pas par effacement ? Regardez là, l’autre teigne. Il est toujours là, il ne s’efface pas. En fait, il est le héros d’une histoire dont nous subissons le scénario. Donc tu as eu raison de rappeler qu’il faut que nous devenions les héros parce qu’au sens technique des techniques de narration, On ne sait écrire une histoire qu’à la condition d’avoir bien compris ce que c’est qu’un héros dans une histoire. Un héros, c’est le personnage qui fait avancer l’histoire. Il subit certains obstacles, il subit des influences extérieures, mais il fait avancer l’histoire. La conception technique d’un héros politique, c’est celle qui consiste à en faire la victime d’un système oppressif. C’est pour ça que je me méfie de certaines mises en scène que tu as fait des références, on ne va pas en parler maintenant. de nous offrir des héros qui, dans le scénario idéal, font avancer l’histoire. Sauf que voilà, moi j’aime bien ça au cinéma, mais pas dans la vie. Dans la vie, je veux faire avancer mon histoire. Donc faites avancer votre histoire, sinon vous deviendrez au mieux les adjuvants, c’est-à-dire les personnages secondaires, peut-être même les figurants, les non-playing characters comme on dit, qui seront en tâche de fond. Pendant que le héros jupitérien sera au sommet du mont de l’Olympe à vous expliquer tout ce qu’il a accompli en bombant le torse. Vous risquez même de devenir des ennemis dans cette histoire. Donc emparez-vous de l’histoire. Non seulement vous êtes les héros de l’histoire, mais j’ai mieux, j’ai beaucoup mieux. Vous en êtes les scénaristes. Voilà mon mot de la fin.
Dr Louis Fouché :
Merci beaucoup Frédéric, à tout bientôt.
Ce contenu se distingue par sa capacité à dépasser la simple critique pour proposer un changement complet de paradigme, tant dans l’analyse du problème que dans la conception de la solution. Son originalité réside dans cinq points saillants qui le rendent particulièrement subversif et indispensable :
Gouverner par la dépression, non par la répression
Le trait le plus saillant est sans doute le postulat que le pouvoir moderne ne cherche plus prioritairement à réprimer la dissidence, mais à déprimer la population. Cette idée est profondément subversive car elle déplace le champ de bataille du terrain politique et policier vers le terrain psychologique et existentiel. Le pouvoir n’aurait pas pour principal ennemi le révolutionnaire, mais le citoyen lucide et doté d’énergie vitale. La gouvernance viserait donc à produire systémiquement de l’apathie, du nihilisme et un sentiment d’impuissance acquise (« aquabonisme »). Cette analyse offre une grille de lecture extrêmement puissante pour comprendre l’atmosphère anxiogène et l’anesthésie collective actuelles, non plus comme un effet secondaire malheureux de la modernité, mais comme l’objectif central d’une stratégie de contrôle.
L’« involution » contre la révolution
Le contenu dynamite le mythe du « Grand Soir » en opposant au concept romantique de révolution celui, plus stratégique et mature, d’involution. L’idée n’est plus de détruire le système de l’extérieur – une tentative vouée au chaos et à la récupération – mais de le transformer de l’intérieur en utilisant ses propres règles pour le transcender. C’est l’idée de « hacker le système » : une prise de pouvoir silencieuse, méthodique et préparée, qui vise à opérer une métamorphose profonde sans passer par une phase de destruction potentiellement sanglante et contre-productive. Cette approche est originale car elle refuse à la fois la soumission et l’affrontement direct pour proposer une troisième voie, celle de la subversion intelligente.
Le collectif comme remède à la fragilité du sauveur
La critique du leader providentiel est ici non pas idéologique, mais purement stratégique. L’entretien expose avec une clarté redoutable qu’un sauveur unique est un point de défaillance unique (« single point of failure »). Le système est expert dans la neutralisation d’un seul homme (par la corruption, le chantage, l’assassinat de caractère). La proposition d’un « directoire de transition » ou d’un « cerveau collectif » n’est donc pas un simple idéal démocratique, mais une nécessité technique pour construire une organisation résiliente et incorruptible. C’est une vision d’ingénieur appliquée à la politique, ce qui la rend singulièrement percutante et nouvelle.
L’alliance des contraires comme acte subversif ultime
Peut-être le point le plus exigeant et le plus original : l’idée que l’acte le plus subversif aujourd’hui n’est pas de militer avec les siens, mais de travailler avec ses adversaires idéologiques. Puisque la principale stratégie du pouvoir est la schismogenèse (l’ingénierie de la division), la parade la plus efficace consiste à créer des alliances temporaires sur un objectif commun : changer les règles du jeu. Cette démarche attaque le système à sa racine en refusant de jouer le jeu de la polarisation. Elle exige de dépasser le « narcissisme des petites différences » pour s’attaquer au problème structurel, un défi immense à notre culture de l’affrontement identitaire.
La démocratie référendaire comme arme de réveil cognitif
La solution proposée n’est pas un programme politique clé en main, mais un processus. L’idée d’une phase de démocratie référendaire intensive est une fulgurance car elle transforme la démocratie elle-même en une arme contre la manipulation. En forçant les citoyens à débattre et à décider de questions complexes, sujet par sujet, ce processus les oblige à basculer de leur cerveau automatique (système 1) à leur cerveau analytique (système 2). Le remède à l’anesthésie n’est donc pas un nouveau discours, mais un exercice pratique et collectif de la pensée critique. C’est une proposition qui vise à soigner le corps social en le musclant intellectuellement. 🧠
Voici une sélection hiérarchisée de 20 thèmes clés abordés dans l’entretien, conçus comme des pistes d’approfondissement. Ils sont organisés en partant du diagnostic général pour aller vers les techniques spécifiques, la critique du système actuel et enfin, les solutions proposées.
Le diagnostic : la nature du conflit
- La guerre cognitive comme nouveau paradigme de gouvernance (Frédéric Bascuñana)
Le concept central selon lequel les méthodes de gouvernance actuelles ne relèvent plus de la contrainte physique mais d’une manipulation psychologique à grande échelle, visant à contrôler les esprits pour prévenir toute coalition populaire. - L’exploitation des deux vitesses de la pensée : système 1 vs système 2 (Frédéric Bascuñana)
L’idée fondamentale que le pouvoir maintient délibérément la population en mode « réflexe » et émotionnel (système 1) pour court-circuiter l’analyse critique (système 2), rendant les masses plus suggestibles. - La dépression collective comme objectif stratégique (Frédéric Bascuñana)
La thèse selon laquelle le pouvoir ne cherche plus à réprimer mais à déprimer. L’objectif est d’induire un sentiment d’impuissance, de résignation et de nihilisme (« aquabonisme ») pour tuer dans l’œuf toute velléité de résistance. - La désidentitarisation et la destruction des héritages (Frédéric Bascuñana)
L’analyse d’une stratégie visant à effacer les repères culturels et historiques collectifs. Une population sans ancrage identitaire fort est moins à même de se battre pour un héritage commun et donc plus facile à gouverner. - La logique obsidionale : le siège de nos esprits et de nos sociétés (Dr Louis Fouché)
La métaphore du siège médiéval pour décrire l’état actuel de notre société, soumise à un bombardement psychique constant, à des infiltrations et à un encerclement qui visent à épuiser nos ressources mentales et notre capacité de résistance.
L’arsenal : les outils de la manipulation
- La schismogenèse : l’ingénierie de la division sociale (Frédéric Bascuñana)
L’application d’une technique (thorisée par Gregory Bateson pour la CIA) consistant à créer et attiser artificiellement des conflits au sein d’une population pour s’assurer que les luttes restent horizontales (peuple contre peuple) et jamais verticales (peuple contre pouvoir). - L’astroturfing : la simulation industrielle du consensus (Frédéric Bascuñana)
La description des méthodes de création de faux mouvements populaires (à l’aide de bots, de faux profils) pour donner l’illusion d’un soutien ou d’une opposition massive à une idée, et ainsi influencer l’opinion par le mimétisme et la preuve sociale. - L’architecture du choix (« nudge ») : la manipulation douce du consentement (Frédéric Bascuñana)
L’art de présenter les options de manière à orienter les décisions des individus tout en leur laissant l’illusion de la liberté. Une forme de paternalisme autoritaire déguisé en « coup de pouce ». - La stratégie de l’isolement et de la privation sensorielle (Frédéric Bascuñana)
L’utilisation de l’isolement physique (confinements) et numérique (bulles de filtres) pour fragiliser la psyché humaine, la rendre plus malléable et la pousser à accepter les « lignes de fuite » idéologiques proposées par le système. - La collecte de données comme « sonde » comportementale (Frédéric Bascuñana)
L’idée que les crises ou les mouvements de contestation (comme celui du « 10 septembre ») sont utilisés comme des expériences à grande échelle pour mesurer l’état de l’opinion, le niveau d’obéissance et la force potentielle de la dissidence.
La critique : les failles du paradigme actuel
- Le narcissisme des petites différences comme moteur de conflit (Frédéric Bascuñana)
L’exploitation par les ingénieurs sociaux de la tendance humaine (théorisée par Freud) à entrer plus facilement en conflit avec ses semblables qu’avec une élite distante, ce qui alimente parfaitement la schismogenèse. - La faillite du modèle du sauveur providentiel (Dr Louis Fouché)
La critique de notre besoin culturel et quasi-messianique d’un héros ou d’un leader unique, qui est une faille systémique car un individu seul est toujours corruptible, intimidable ou neutralisable, emportant avec lui l’espoir de millions de gens. - L’échec inévitable du leader face au système : l’exemple d’Alexis Tsipras (Dr Louis Fouché)
L’illustration historique de la manière dont un dirigeant, même porté par un mandat populaire très clair (le « non » grec au mémorandum), est broyé et retourné par les structures de pouvoir supranationales, prouvant que le problème est le système lui-même, pas seulement les hommes. - La théâtralisation médiatique et l’hystérisation du débat (Frédéric Bascuñana)
Le rôle des médias comme metteurs en scène du récit politique, focalisant l’attention sur les personnalités et les émotions plutôt que sur les idées, empêchant toute réflexion de fond et entretenant la cacophonie. - La récupération de la dissidence par le système (Frédéric Bascuñana)
Le paradoxe des opposants qui, en critiquant le système de l’intérieur (par exemple au parlement européen), lui servent de caution démocratique et deviennent les « idiots utiles » qui légitiment son existence.
La solution : l’involution et la reprise en main
- Le pari de l’intelligence collective (PIC) comme alternative (Frédéric Bascuñana)
La proposition d’un mouvement politique qui inverse le paradigme : au lieu d’un chef cherchant des militants, un collectif de citoyens définit le besoin et va chercher un groupe de garants compétents et résilients. - L’involution plutôt que la révolution (Frédéric Bascuñana)
Le concept d’une transformation profonde, préparée et mûrie de l’intérieur (« révolution silencieuse »), par opposition au chaos d’une révolution classique qui est presque toujours infiltrée et dévoyée par les forces de l’argent. - La démocratie référendaire comme outil de politisation massive (Frédéric Bascuñana)
La proposition de remplacer l’élection d’un homme et d’un programme par une phase de transition où le peuple est directement consulté sur les grandes questions régaliennes, l’obligeant à sortir de l’infantilisme politique pour devenir co-législateur. - La méta-campagne et le directoire de transition (Frédéric Bascuñana)
La stratégie concrète pour « hacker » l’élection : présenter un collectif de dissidents (le « cerveau collectif des vice-présidents ») dont un seul est tiré au sort pour être candidat, mais qui gouvernerait en groupe résilient pour garantir la phase de transition. - Devenir les scénaristes de notre propre histoire (Frédéric Bascuñana)
L’appel final à une réappropriation du récit. Il ne s’agit plus d’être des personnages secondaires ou des victimes dans une histoire écrite par d’autres, mais de prendre collectivement la plume pour définir notre propre destin.