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    12 bonnes raisons de sortir de toute urgence de l’Union Européenne

    Thèse

    1. Le plus urgent : la récupération de la souveraineté nationale.

    En sortant de l’UE, la France reprendrait le contrôle de ses lois, de ses normes et de ses politiques publiques, sans être liée par des règlements et directives européens ridiculement contraignants et souvent décidés sans débat national.

    2. Restaurer la primauté du droit français

    Les traités européens et la jurisprudence de la Cour de justice de l’UE imposent la primauté du droit communautaire sur le droit national. Quitter l’UE permettrait de revenir à la pleine application du droit français, décidé par les institutions républicaines (Parlement et/ou référendum).

    3. Respect de la volonté populaire (référendum 2005, etc.)

    Le « non » français au référendum de 2005 sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe n’a pas été respecté, puisque le traité de Lisbonne reprenait l’essentiel des dispositions rejetées. Une sortie de l’UE serait un moyen de « rétablir la démocratie » en donnant la priorité aux choix des citoyens français.

    4. Fin du « déficit démocratique » européen

    Le Parlement européen n’a pas l’initiative législative, et les décisions se prennent largement au Conseil (ministres des États membres) ou à la Commission européenne (non élue au suffrage universel). Le processus législatif est si opaque et éloigné des peuples, que c’en est ubuesque. Une sortie replacerait la décision politique au plus près des citoyens.

    5. Autonomie budgétaire et monétaire

    L’UE, via ses critères (déficits, dette, etc.) et via la Banque centrale européenne (pour les pays de la zone euro), limite la marge de manœuvre budgétaire et monétaire. Quitter l’UE (et potentiellement la zone euro) redonnerait à la France les leviers nécessaires pour mener des politiques économiques indépendantes (dévaluations, relances budgétaires, etc.).

    6. Reprise du contrôle des frontières

    La libre circulation au sein de l’espace Schengen est une source continue de submersion migratoire et de problèmes sécuritaires. Quitter l’UE (et Schengen) signifierait rétablir des contrôles et des politiques migratoires pleinement nationales.

    7. Politique commerciale indépendante

    Les négociations commerciales (accords de libre-échange, politiques douanières) sont menées au niveau de l’UE. Ces accords sont trop souvent (voire, quasi systématiquement) défavorables à l’industrie ou à l’agriculture françaises. Une sortie permettrait de négocier directement et de protéger davantage les secteurs clés.

    8. Lutte contre les délocalisations et le dumping intra-UE

    L’UE favorise le dumping social et fiscal, à l’intérieur même de son marché unique, par la concurrence de pays aux coûts de main-d’œuvre plus faibles ou à la fiscalité plus avantageuse. Quitter l’UE pourrait permettre de rétablir des barrières ou des règles plus protectrices pour l’emploi français.

    9. Maîtrise de la politique agricole (PAC)

    La Politique agricole commune (PAC) oriente les subventions et les normes au niveau européen. L’essentiel des agriculteurs estiment que le système ne tient pas assez compte des spécificités françaises ou que les aides sont mal réparties. Une sortie offrirait une liberté d’allocation plus conforme aux besoins nationaux, et la possibilité de renouer avec l’autonomie alimentaire qui est à notre portée.

    10. Possibles économies sur la contribution française au budget de l’UE

    La France contribue probablement plus qu’elle ne reçoit (selon certains calculs que je fais miens) au budget européen. Sortir permettrait d’utiliser directement ces montants pour des dépenses nationales prioritaires : santé, éducation, infrastructures, etc.

    11. Renforcement de la démocratie locale et régionale

    Le pouvoir décisionnel trop centralisé à Bruxelles affaiblit les instances locales et régionales en France. Hors de l’UE, la décentralisation ou la régionalisation pourraient reprendre de la vigueur, en redonnant des marges de manœuvre budgétaires et réglementaires aux collectivités.

    12. Indépendance stratégique et diplomatique accrue

    Être membre de l’UE implique de coordonner ou d’aligner bon nombre de positions stratégiques (défense, politique étrangère, sanctions internationales, etc.). Une sortie permettrait à la France de mener une politique plus souveraine à l’international, en choisissant ses alliances et ses priorités sans négociation multilatérale au sein de l’UE.

    Antithèse

    (Vous aussi, proposez vos argument contradictoires ! Le concept dialectique de Politoscope : toujours laisser la porte ouverte aux arguments et démonstrations opposés à nos propres éditos. Nous pensons que la meilleure façon de protéger la liberté d’expression et de promouvoir la démocratie authentique consiste à mettre en avant le pouvoir de la dialectique : une thèse doit affronter son antithèse pour qu’il soit possible à chacun de faire sa synthèse. Vous pouvez bien sûr utiliser les commentaires pour susciter le débat, mais si vous avez à cœur de développer votre pensée et aimez écrire et ferrailler, et estimez que nos positions sont contestables, alors écrivez-nous. Nous seul biais de sélection est celui de la qualité rédactionnelle ! Faites-nous parvenir vos tribunes contradictoires via ce formulaire.)

    Voici une « antithèse » ou un « contrepied » aux 12 arguments précédemment listés en faveur d’une sortie de la France de l’Union européenne (UE), rédigée selon la perspective d’un européiste convaincu. Chacun des 12 points est repris pour présenter un contre-argument et une justification « pro-UE ». Ensuite, 8 arguments supplémentaires sont exposés pour défendre la pertinence du maintien dans l’Union.

    I. Contrepied aux 12 arguments pro-Frexit.

    1. « Récupération de la souveraineté nationale ».

    Contre-argument :

    Souveraineté partagée ≠ perte de souveraineté. L’UE incarne une mutualisation de certaines compétences jugées plus efficaces au niveau européen (commerce, concurrence, environnement, etc.). La souveraineté n’est pas abolie mais partagée, permettant à chaque État d’avoir plus de poids face aux grands blocs mondiaux (États-Unis, Chine…).

    Intérêt commun : Affronter des enjeux comme la crise climatique ou la régulation des géants du numérique exige des réponses coordonnées. Seules, les nations européennes pèseraient beaucoup moins..

    2. « Restaurer la primauté du droit français »

    Contre-argument :

    Règle du jeu acceptée et adoptée : La primauté du droit de l’UE résulte de traités signés et ratifiés démocratiquement (même si cela peut être contesté, le Parlement ou le peuple français ont validé les traités européens à différentes étapes, notamment Maastricht, Lisbonne, etc.).

    Protection du citoyen : Le droit européen apporte un niveau supplémentaire de garantie des droits (ex. protection des consommateurs, RGPD, droits fondamentaux) qui peut parfois renforcer la situation des citoyens par rapport au droit national.

    3. « Respect de la volonté populaire »

    Contre-argument :

    Complexité des votes référendaires : Le « non » de 2005 portait sur un projet de Constitution européenne, mais le traité de Lisbonne, bien que proche sur certains points, est moins ambitieux (ne reprend pas certains symboles constitutionnels, par exemple) et a été adopté selon une procédure législative nationale.

    Volonté populaire renouvelée : Les Français se sont depuis exprimés lors d’autres consultations électorales (présidentielles, législatives, européennes) où la majorité des partis dominant la scène politique étaient favorables au maintien dans l’UE. On peut donc considérer que la volonté populaire évolue et ne se limite pas à un seul référendum datant de près de 20 ans.

    4. « Fin du « déficit démocratique » européen »

    Contre-argument :

    Existence d’un Parlement européen élu : Les citoyens votent pour leurs eurodéputés. Certes, le Parlement ne détient pas seul le pouvoir législatif — il le partage avec le Conseil — mais ses pouvoirs se sont renforcés avec les traités (codécision, approbation du budget, investiture de la Commission, etc.).

    Participation active des gouvernements nationaux : Les ministres nationaux (légitimes) siègent au Conseil de l’UE et prennent des décisions conjointement avec le Parlement européen. La Commission, bien que non élue directement, est proposée par les gouvernements nationaux élus et soumise à l’approbation du Parlement.

    5. « Autonomie budgétaire et monétaire »

    Contre-argument :

    Stabilité monétaire et accès au financement : L’euro protège de la spéculation monétaire, réduit les coûts de transaction et donne un accès à des taux d’intérêt souvent plus bas. L’indépendance de la BCE est justement un gage de stabilité et évite les dérives inflationnistes.

    Marge de manœuvre nationale : Les règles budgétaires européennes (comme le pacte de stabilité) existent, mais elles ne suppriment pas la capacité d’investir ou de mener des politiques publiques nationales. De plus, l’UE a prouvé sa capacité à s’adapter (suspension temporaire des règles en situation de crise, fonds de relance post-COVID, etc.).

    6. « Reprise du contrôle des frontières »

    Contre-argument :

    Coopération nécessaire en matière migratoire et sécuritaire : Les défis migratoires ne peuvent pas être gérés de façon isolée. Schengen facilite la libre circulation des personnes, tout en permettant une coopération renforcée des polices et douanes (comme Europol).

    Liberté de circulation bénéfique : La libre circulation est aussi un avantage pour les citoyens (voyages sans contrôle, études et travail dans l’UE), renforçant la cohésion et l’unité européenne.

    7. « Politique commerciale indépendante »

    Contre-argument :

    Plus grand pouvoir de négociation : L’UE est un bloc commercial majeur dans le monde, ce qui lui confère un pouvoir de négociation bien supérieur à celui d’un État isolé. Les accords de libre-échange conclus par l’UE profitent aux entreprises qui disposent d’un vaste marché d’exportation.

    Règles communes qui protègent : Les normes européennes peuvent élever le niveau des standards (sociaux, environnementaux), ce qui est souvent moins facile à imposer quand on négocie seul face à des puissances plus fortes.

    8. « Lutte contre les délocalisations et le dumping intra-UE »

    Contre-argument :

    Convergence progressive : L’UE travaille sur l’harmonisation fiscale et sociale (ex. directive sur les travailleurs détachés, proposition d’un taux minimum d’imposition des sociétés). Cela prend du temps, mais les efforts existent pour limiter le dumping.

    Attractivité et investissement : Être dans l’UE attire aussi des entreprises étrangères en France, car elles bénéficient d’un accès facilité au marché européen. Sortir risquerait de dissuader certains investissements et pourrait fragiliser l’économie nationale.

    9. « Maîtrise de la politique agricole (PAC) »

    Contre-argument :

    Stabilisation et soutien des revenus agricoles : La PAC offre un filet de sécurité financier pour les agriculteurs, assure la compétitivité et la sécurité alimentaire. Sans cette politique, de nombreux secteurs agricoles français pourraient être en difficulté face à la concurrence internationale.

    Possibilité d’influer sur les choix : La France étant un des plus grands pays agricoles de l’UE, elle pèse lourd dans les discussions sur la PAC et parvient souvent à faire valoir ses intérêts.

    10. « Possibles économies sur la contribution française au budget de l’UE »

    Contre-argument :

    Retour financier et investissements : La France reçoit beaucoup de fonds européens (PAC, politiques régionales, recherche, infrastructures, etc.). La contribution n’est qu’une partie de l’équation ; il faut aussi comptabiliser les retombées économiques et l’accès au marché unique (qui génère de la croissance, de l’emploi, etc.).

    Effet levier : Les projets cofinancés par l’UE mobilisent des ressources additionnelles et bénéficient d’économies d’échelle (ex. grands projets de recherche, d’infrastructures, Erasmus, etc.).

    11. « Renforcement de la démocratie locale et régionale »

    Contre-argument :

    Programme régional européen : L’UE encourage au contraire la décentralisation via ses fonds structurels (FEDER, FSE, FEADER) qui sont gérés en partie par les régions françaises, donnant à ces dernières un rôle de décision important.

    Principe de subsidiarité : L’UE fonctionne sur le principe de subsidiarité : tout ce qui peut être fait au niveau local ou national doit rester à ce niveau. L’UE n’intervient que lorsqu’une action commune est jugée plus efficace.

    12. « Indépendance stratégique et diplomatique accrue »

    Contre-argument :

    Le poids de l’Union dans le monde : Face aux puissances mondiales (États-Unis, Chine, Russie), la France seule aurait moins d’influence diplomatique que l’UE dans son ensemble, qui peut imposer des sanctions, négocier des accords internationaux, etc.

    Complémentarité avec la spécificité française : La France reste un État souverain, avec son siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, sa dissuasion nucléaire et son réseau diplomatique propre. L’appartenance à l’UE n’empêche pas la France d’avoir sa propre voix, mais elle lui confère en plus un levier collectif.

    II. Quelques arguments supplémentaires en faveur du maintien dans l’Union européenne

    1. Solidarité économique en période de crise

    En sortant de l’UE, la France reprendrait le contrôle de ses lois, de ses normes et de ses politiques publiques, sans être liée par des règlements et directives européens ridiculement contraignants et souvent décidés sans débat national.

    2. Coopération scientifique et universitaire

    Les traités européens et la jurisprudence de la Cour de justice de l’UE imposent la primauté du droit communautaire sur le droit national. Quitter l’UE permettrait de revenir à la pleine application du droit français, décidé par les institutions républicaines (Parlement et/ou référendum).

    3. Un modèle européen de droits sociaux et environnementaux

    Le « non » français au référendum de 2005 sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe n’a pas été respecté, puisque le traité de Lisbonne reprenait l’essentiel des dispositions rejetées. Une sortie de l’UE serait un moyen de « rétablir la démocratie » en donnant la priorité aux choix des citoyens français.

    4. Préservation de la paix et stabilité sur le continent

    Le Parlement européen n’a pas l’initiative législative, et les décisions se prennent largement au Conseil (ministres des États membres) ou à la Commission européenne (non élue au suffrage universel). Le processus législatif est si opaque et éloigné des peuples, que c’en est ubuesque. Une sortie replacerait la décision politique au plus près des citoyens.

    5. Liberté de circulation et opportunités pour les citoyens

    L’UE, via ses critères (déficits, dette, etc.) et via la Banque centrale européenne (pour les pays de la zone euro), limite la marge de manœuvre budgétaire et monétaire. Quitter l’UE (et potentiellement la zone euro) redonnerait à la France les leviers nécessaires pour mener des politiques économiques indépendantes (dévaluations, relances budgétaires, etc.).

    6. Poids démographique et économique

    La libre circulation au sein de l’espace Schengen est une source continue de submersion migratoire et de problèmes sécuritaires. Quitter l’UE (et Schengen) signifierait rétablir des contrôles et des politiques migratoires pleinement nationales.

    7. Réponses communes aux défis mondiaux

    Les négociations commerciales (accords de libre-échange, politiques douanières) sont menées au niveau de l’UE. Ces accords sont trop souvent (voire, quasi systématiquement) défavorables à l’industrie ou à l’agriculture françaises. Une sortie permettrait de négocier directement et de protéger davantage les secteurs clés.

    8. Promotion de la démocratie et de l’État de droit

    L’UE favorise le dumping social et fiscal, à l’intérieur même de son marché unique, par la concurrence de pays aux coûts de main-d’œuvre plus faibles ou à la fiscalité plus avantageuse. Quitter l’UE pourrait permettre de rétablir des barrières ou des règles plus protectrices pour l’emploi français.

    Synthèse

    (Pour parachever le processus dialectique, une fois les arguments contraires posés sur la table, peut-être est-il lors possible de nous proposer une synthèse pour tenter d’équilibrer les points de vue, les concilier si possible ou faire d’autres constats. Là aussi, vos contributions sont les bienvenues en nous contactant ici.)

    Voici une tentative de synthèse pour pousser chacun à la réflexion et affûter ses arguments, qui tente de dégager des pistes de réflexion à partir des arguments « pour » et « contre » une éventuelle sortie de l’Union européenne, sans privilégier l’un ou l’autre camp. Le but est de son esprit critique, que chacun confronte son prisme idéologique à cette approche.

    1. Souveraineté et partage des compétences

    Thèse « pro-sortie » : quitter l’UE permettrait selon certains de regagner une souveraineté complète, de rétablir la primauté du droit national et d’éviter les contraintes qu’imposent les traités et la Cour de justice de l’UE. L’idée est que la France doit légiférer en toute indépendance et cesser de se soumettre à des réglementations européennes parfois peu adaptées aux intérêts nationaux.

    Antithèse « pro-maintien » : les tenants du maintien arguent que la souveraineté peut être partagée sans être perdue. Dans un monde globalisé, l’action collective à l’échelle européenne est jugée nécessaire pour peser face à des blocs comme les États-Unis ou la Chine, que ce soit sur les questions commerciales, environnementales ou encore de régulation du numérique.

    Tentative d’éclairage neutre : la question se pose de savoir si, dans un contexte mondial complexe, la souveraineté consiste à pouvoir agir seul ou au contraire à unir ses forces pour avoir davantage d’influence – et unir ses forces passe par une structure bureaucratique non élue… Les partenariats inter-étatiques ont-ils vraiment besoin de l’Union Européenne pour se faire sans l’assentiment explicite des peuples ? On nous explique souvent que dans la pratique, chaque État conserve tout de même un rôle considérable dans les décisions européennes, même si cela implique souvent des compromis : il faut encore en faire une démonstration détaillée, pour savoir si la complexité bureaucratique sert d’alibi immobiliste ou si elle est vraiment, soit surmontable, soit aliénante.

    2. Démocratie et déficit démocratique

    Thèse « pro-sortie » : l’argument souvent avancé est qu’il n’existe pas de « véritable démocratie » au niveau européen, car le Parlement européen n’a pas l’initiative des lois (tout en imposant ses règlements qui les subordonnent) et que les traités contraignants ont souvent été imposés malgré l’avis du peuple (référendum de 2005, etc.). Selon cette vision, seules les instances nationales, plus proches des citoyens, peuvent être considérées comme légitimes.

    Antithèse « pro-maintien » : pour le camp opposé, le Parlement européen, bien qu’imparfait, est élu au suffrage universel, et les gouvernements nationaux (eux-mêmes élus) siègent au Conseil de l’UE et au Conseil européen. La Commission, certes non élue directement, est validée par le Parlement. Ainsi, l’UE fonctionnerait sur un modèle de démocratie à plusieurs niveaux (local, national et européen), qui demeure perfectible mais qui peut être réformé de l’intérieur.

    Tentative d’éclairage neutre : la « démocratie européenne » est un sujet sensible, et nombre d’observateurs soulignent le manque de clarté pour les citoyens quant aux processus de décision. Le défi consiste à réconcilier les logiques nationales avec une gouvernance commune. La question est de savoir si cette gouvernance doit, et surtout si elle peut être perfectionnée de l’intérieur ou abandonnée pour redonner la pleine souveraineté aux États. C’est là que se jouent les plus subtiles nuances dans le débat : chacun doit encore affûter ses arguments.

    3. Économie, monnaie et politique budgétaire

    Thèse « pro-sortie » : d’un point de vue souverainiste, sortir de l’UE et éventuellement de la zone euro permettrait de retrouver une marge de manœuvre budgétaire (par exemple avec la possibilité de dévaluer ou d’émettre de la monnaie en cas de crise). Les règles budgétaires européennes (stabilité, endettement, etc.) sont vues comme un frein à des politiques de relance plus autonomes.

    Antithèse « pro-maintien » : les défenseurs de l’intégration européenne soulignent les avantages de l’euro qui protège contre la spéculation monétaire, réduit les coûts de transaction et facilite le commerce intra-européen. Ils mettent aussi en avant la capacité de l’UE à mutualiser les risques (ex. fonds de relance post-COVID), offrant ainsi un « bouclier » en période de crise.

    Tentative d’éclairage neutre : le nœud du débat est la balance entre l’autonomie d’une politique économique indépendante et la stabilité qu’offre un cadre collectif. Les crises successives (financière en 2008, puis celle liée à la pandémie) ont montré une volonté d’adaptation de l’UE, mais certains estiment que ces mesures restent limitées ou tardives, tandis que d’autres considèrent qu’elles prouvent la résilience d’une zone monétaire unie. Il faudra aussi verser aux termes du débat les composantes de la dette : est-elle une technique de soumission fédéraliste ou un levier de performance ?

    4. Frontières, migrations et sécurité

    Thèse « pro-sortie » : selon les partisans d’un Frexit, la liberté de circulation a conduit à une perte de contrôle des flux migratoires et à des difficultés en matière de sécurité. Rétablir des frontières nationales renforcerait la capacité de l’État à gérer ces problématiques selon ses propres priorités.

    Antithèse « pro-maintien » : les partisans de l’UE estiment qu’en réalité, les enjeux migratoires et sécuritaires dépassent de loin les capacités d’un seul État. Ils mettent en avant la coopération policière et judiciaire facilitée par l’UE (Europol, mandats d’arrêt européens, etc.) et la nécessité de gérer collectivement les flux migratoires.

    Tentative d’éclairage neutre : le défi est de concilier, d’une part, l’impératif de maîtrise des frontières (légitimement perçu comme relevant de la souveraineté nationale) et, d’autre part, la coordination européenne, considérée par certains comme indispensable pour être efficace face à des phénomènes transnationaux (terrorisme, crise des réfugiés, etc.). Pour le moment, seuls les chiffres comptent et son accablants : hausse de l’insécurité, et submersion migratoire hors de contrôle…

    5. Politique commerciale et concurrence internationale

    Thèse « pro-sortie » : l’idée est qu’en reprenant une politique commerciale indépendante, la France pourrait mieux protéger ses industries et son agriculture, notamment face au dumping social ou fiscal interne à l’UE ou aux accords de libre-échange négociés par la Commission.

    Antithèse « pro-maintien » : les « pro-UE » soulignent qu’avec le marché unique de plus de 400 millions de consommateurs, l’Union constitue un bloc commercial majeur au niveau mondial, permettant d’obtenir de meilleures conditions commerciales et de fixer des standards élevés (sociaux, environnementaux).

    Tentative d’éclairage neutre : la question est de savoir quel est le meilleur niveau pour négocier : national ou européen ? Certains craignent la dilution des intérêts français dans une grande entité, tandis que d’autres estiment que la France ne pourrait pas mieux négocier seule face aux puissances économiques montantes. Impossible toutefois de traiter d’un tel sans une vision macroscopique intégrant aussi les disparités de coût du travail qui rendent le sujet de la compétitivité singulièrement bancal…

    6. Agriculture et politique agricole commune (PAC)

    Thèse « pro-sortie » : certains agriculteurs jugent la PAC mal adaptée ou la trouvent trop bureaucratique, et considèrent qu’une politique agricole décidée à Paris collerait mieux aux spécificités locales et aux besoins réels du monde rural français.

    Antithèse « pro-maintien » : la PAC reste un dispositif important de soutien financier, contribuant à la stabilité des revenus agricoles. La France, étant un des principaux bénéficiaires, a un poids certain dans les négociations européennes pour modeler la PAC.

    Tentative d’éclairage neutre : c’est un exemple concret où des subsides européens soutiennent l’agriculture, mais dont la distribution et la régulation peuvent être critiquées. Les opinions divergent quant à la pertinence de la gestion commune et à la capacité de la France à maintenir des subventions équivalentes en cas de sortie.

    7. Contributions financières et retours économiques

    Thèse « pro-sortie » : la France contribue davantage qu’elle ne reçoit, selon certains calculs. Sortir de l’UE permettrait alors de réorienter les fonds vers des priorités nationales, sans « intermédiaire européen ».

    Antithèse « pro-maintien » : les pro-UE insistent sur les investissements, les retombées économiques du marché unique et les fonds européens structurels (infrastructures, recherche, formation, etc.), qui excèdent souvent le calcul purement comptable des contributions.

    Tentative d’éclairage neutre : l’évaluation nette de la contribution versus les retours n’est pas toujours simple. Il faudrait prendre en compte l’impact indirect de l’accès au marché intérieur et des projets cofinancés. L’enjeu est de mesurer l’apport réel de l’UE sur la croissance, l’emploi et l’innovation.

    8. Rôle international et influence géopolitique

    Thèse « pro-sortie » : sortir de l’UE donnerait à la France une plus grande indépendance diplomatique et militaire, notamment en matière de sanctions ou de politique étrangère, sans avoir à composer avec les lenteurs ou les divergences européennes.

    Antithèse « pro-maintien » : inversement, les partisans du maintien estiment que l’influence française est en réalité démultipliée lorsqu’elle agit au nom de l’ensemble de l’UE. Dans un monde multipolaire, l’approche collective est jugée plus performante pour négocier ou imposer des positions communes.

    Tentative d’éclairage neutre : il convient de se demander si la « voix de la France » est plus puissante seule ou dans un ensemble plus vaste, où elle doit trouver des compromis. L’exercice d’équilibre consiste à articuler souveraineté nationale et puissance collective.

    Interrogations et perspective critique

    Au terme de ce tour d’horizon, on constate que la question d’une sortie ou d’un maintien dans l’Union européenne se décompose en de multiples enjeux (souveraineté, démocratie, économie, agriculture, géopolitique, etc.). Il ne s’agit pas simplement d’être « pour » ou « contre » l’Europe, mais de déterminer quels sont les domaines où l’action collective est préférable — ou non — à une action uniquement nationale.

    Pour développer son esprit critique, on peut se poser quelques questions complémentaires :

    Quel est le bilan concret de l’action de l’UE pour la France ? Chiffrer et mettre en balance la contribution au budget et les bénéfices (financiers, économiques, géopolitiques, sociaux, environnementaux).

    Le fonctionnement institutionnel peut-il être réformé de l’intérieur ? S’il y a un « déficit démocratique », existe-t-il des moyens crédibles de le réduire (renforcement du Parlement européen, transparence du Conseil, etc.) ?

    Les défis majeurs (climat, numérique, migrations) nécessitent-ils réellement une réponse européenne ? Et, si oui, peut-elle être conciliée avec des spécificités nationales ?

    Quel serait l’impact réel d’une sortie ? S’agirait-il d’une rupture totale ou d’une renégociation de type accord bilatéral (comme l’AELE ou autre forme de partenariat) ? Avec quels avantages et inconvénients ?

    En somme, la décision dépendra beaucoup des priorités que chaque citoyen attribue à la souveraineté nationale, à la solidarité européenne, à la compétitivité économique ou à la sécurité collective. Une lecture attentive et précise des faits, appuyée sur des études objectives, reste indispensable pour que chacun se forge une opinion éclairée, au-delà des slogans ou des simplifications idéologiques.

    Frédéric Bascuñana
    Frédéric Bascuñanahttps://politoscope.fr
    Entrepreneur, citoyen engagé. J’observe avec tristesse mon pays perdre son honneur sous les exactions d’une caste cynique. Retrouvons notre dignité collective.

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