More

    Les racines du Mal – « La Marche Rouge », au-delà des Lumières, l’histoire interdite. Avec Marion Sigaut.

    Présentation

    Rencontre avec Marion Sigaut – animée en direct par Frédéric Bascuñana.

    L’histoire n’est jamais une science morte. Je la vois plutôt comme une braise immense, recouverte par la cendre épaisse des récits officiels, des mensonges confortables et des vérités que l’on préfère oublier. De temps en temps, un esprit courageux vient souffler sur cette cendre, et la braise rougeoie à nouveau, projetant sur les murs de notre présent des ombres qui nous obligent à voir. Mon récent entretien avec l’historienne Marion Sigaut fut l’un de ces moments. Ce ne fut pas une conversation ; ce fut un embrasement.

    Nous sommes partis d’une histoire que l’on croyait éteinte : la « Marche Rouge », cette révolte populaire qui secoua le Paris de 1750. L’histoire convenue, celle de Voltaire, nous parlait d’un peuple ignare, affolé par des « faux bruits » d’enlèvements d’enfants. Une anecdote, tout au plus. Mais en plongeant dans les archives, Marion Sigaut a ravivé la flamme de la vérité. Non, ce n’étaient pas des rumeurs. Des enfants disparaissaient bel et bien, raflés par une police d’état au service d’un système opaque et corrompu, incarné par l’hôpital général.

    La révolte n’était donc pas le fruit de la crédulité, mais le rugissement sublime de parents défendant leur progéniture. Le cri d’un peuple trahi.

    Et c’est là que la braise du passé devient un incendie qui éclaire notre présent.

    Car une question terrible a traversé tout notre échange : et si cette guerre contre l’enfance, cette trahison des élites, n’avait jamais cessé ? Et si les méthodes avaient simplement gagné en sophistication ? Hier, c’étaient les « archers des gueux » et les carrosses. Aujourd’hui, ce sont les programmes d’éducation sexuelle conçus par des experts de l’OMS ou de l’UNESCO, les concepts de « droits sexuels » ou d' »autodétermination de l’enfant » qui, sous des dehors progressistes, visent à faire la même chose : briser le lien familial et soustraire l’enfant à l’autorité de ses parents pour le livrer à une idéologie d’État.

    La logique perverse est la même.

    On déshumanise en prétendant émanciper. On pathologise l’amour parental en le qualifiant d’abusif, pour justifier l’ingérence. On nie la réalité biologique au nom d’une liberté abstraite qui laisse l’enfant seul et désarmé.

    Alors, pourquoi ?

    Quel est le but de cette « destruction programmée » ? L’entretien nous a menés vers une réponse vertigineuse : la création d’un « chaos contrôlé ». Un peuple d’individus déracinés, sans famille, sans héritage, sans repères, est un peuple infiniment plus facile à gouverner, à manipuler, à asservir à la logique du marché et du pouvoir.

    Face à ce constat, que nous reste-t-il ?

    Le désespoir ? Certainement pas.

    Car la braise, une fois ravivée, ne s’éteint plus si facilement. Elle se propage. Elle réchauffe les cœurs et illumine les consciences.

    Cet entretien avec Marion Sigaut a été un appel. Un appel à devenir, nous aussi, des « souffleurs de braises ».

    Un appel à mener la plus essentielle des résistances : celle de l’esprit critique contre la propagande, celle de la transmission contre l’amnésie, celle de l’amour parental contre la froideur technocratique. C’est à cette insurrection des consciences que nous vous convions sur Politoscope. Rejoignez-nous pour entretenir cette flamme.

    C’est l’heure de réactiver notre « système 2 » et de faire le pari de notre propre lucidité, le pari de l’intelligence collective.

    Marion Sigaut est auteur, historienne, essayiste.
    Où acheter ses ouvrages ?

    Ici : https://www.thebookedition.com/fr/61570_marion-sigaut
    Retrouvez-la sur son site :
    http://marionsigaut.fr/

    Transcription intégrale

    Transcription améliorée :

    Sommaire :

    • 00:00 – Introduction : Marion Sigaut, une parole qui défie les récits établis.
    • 01:50 – Présentation de l’ouvrage « La Marche Rouge » : une enquête sur les entrailles du Paris du 18e siècle.
    • 02:49 – La « Réhistoire » : redonner au peuple sa place d’acteur de sa propre destinée.
    • 04:55 – L’hôpital général : une institution tentaculaire, sanctuaire d’une élite dévote et secrète.
    • 06:01 – Déconstruire le mythe des Lumières et le mépris de classe de Voltaire.
    • 07:02 – Le lien entre la protection de l’enfance hier et les dérives du pouvoir aujourd’hui.
    • 09:35 – Le ressenti de l’auteur en relisant son propre ouvrage 15 ans plus tard.
    • 11:21 – Le concept de « réhistoire » pour corriger la contre-histoire officielle.
    • 12:33 – La révolte populaire : non pas crédulité, mais amour parental.
    • 13:43 – L’hôpital général : genèse d’une institution de « renfermement » des pauvres.
    • 15:10 – Le « délit de pauvreté » et le délit d’aide à la pauvreté.
    • 17:43 – La résistance immédiate et constante du peuple parisien face aux « archers des gueux ».
    • 19:21 – Le règne des juges : un pouvoir absolu et des comptes opaques au sein de l’hôpital.
    • 21:24 – L’origine du projet : la Compagnie du Saint-Sacrement et la volonté de sauver les âmes par la force.
    • 22:24 – Le rôle des magistrats laïcs et leur guerre contre l’Église.
    • 23:37 – L’hôpital général : une société secrète à sa tête ?
    • 24:33 – La séparation des enfants de leurs parents : une théorisation pour briser la « reproduction » de la pauvreté.
    • 26:38 – Pourquoi le jeune Louis XIV a-t-il signé la création d’une telle institution ?
    • 28:12 – La « Marche Rouge » de 1750 : un soulèvement pour les enfants.
    • 29:22 – Origine du nom « Marche Rouge », en écho à la « Marche Blanche » de l’affaire Dutroux.
    • 30:21 – La genèse des enlèvements de 1749 : une nouvelle ordonnance et des rafles qui dérapent.
    • 32:22 – Quand le pouvoir du lieutenant général de police supplante celui des commissaires locaux.
    • 33:25 – La fabrication de « faux bruits » : comment une rumeur grotesque (le prince lépreux) sert à masquer la vérité.
    • 35:01 – L’implication des gardes-françaises : quand l’armée prend le parti du peuple contre la police.
    • 38:41 – Le procès des émeutiers : une parodie de justice et une rupture entre le peuple et le roi.
    • 41:23 – La guerre faite aux parents : des racines historiques au programme EVRAS aujourd’hui.
    • 43:48 – La continuité historique : de l’hôpital général à l’aide sociale à l’enfance (ASE).
    • 49:47 – Le procès des trois émeutiers et l’exécution de deux homosexuels en diversion.
    • 53:53 – Le pouvoir occulte : la convergence entre jansénistes et francs-maçons.
    • 57:32 – Le secret, garantie du succès des trafics : pourquoi il n’a jamais été dénoncé.
    • 59:36 – L’affaire des Poisons sous Louis XIV : quand la découverte de sacrifices d’enfants impliquant la favorite du roi mène au secret d’État.
    • 1:02:23 – L’attentat de Damiens contre Louis XV : un avertissement de la magistrature pour préserver ses secrets ?
    • 1:05:00 – L’éveil des consciences est-il possible ? La spirale de la vérité.
    • 1:08:43 – La sophistication croissante des techniques de manipulation.
    • 1:11:52 – L’aide sociale à l’enfance (ASE) aujourd’hui : un système toujours à risque ?
    • 1:12:43 – Rappel juridique : un fonctionnaire n’est jamais tenu d’obéir à un ordre illégal.
    • 1:15:32 – Début de la séance des questions-réponses.
    • 1:16:13 – Question d’Alain : La volonté d’extraire les enfants de leurs « gueux de parents » est-elle une constante de l’Histoire ?
    • 1:21:02 – Question de Marwan : Comment faire face aux manipulations et à l’idéologie de l’Éducation nationale aujourd’hui ?
    • 1:41:34 – Question de « Le Président » : Que penser de la relation entre le président Macron et sa femme, symptôme d’une société décadente ?
    • 1:51:34 – Question d’Alain : Avez-vous eu des liens avec les lanceurs d’alerte Karine et Ariane Bilheran ?
    • 1:52:35 – Question de Val : Comment avez-vous réussi à connecter autant de points de l’Histoire et à nous ouvrir les yeux ?
    • 2:01:42 – Conclusion de Frédéric : L’histoire comme champ de bataille pour l’âme de notre civilisation.

    Frédéric
    Clap de départ. Nous commençons. Nous sommes dans les conditions du direct, il n’y aura donc ni montage, ni coupe. Je vous laisse bien vous installer dans vos fauteuils, ou dans votre lit, je ne sais où. Je vous souhaite une bonne soirée. Ce soir, j’ai l’honneur et l’immense plaisir de recevoir, comme promis, une fois de plus Marion Sigaut. J’ai aussi le plaisir de constater que nous ne nous étions pas trop trompés la dernière fois ; nous avions vraiment fait l’effort de lire ses livres, et elle a apprécié. Elle est, vous le verrez, très perfectionniste. Ce n’est pas quelqu’un qui aime traiter les sujets à moitié, et c’est la raison pour laquelle je peux d’ores et déjà vous annoncer que nous poursuivrons ces rencontres sous la forme d’une série.

    Avant de lui passer la parole, je vais faire ma petite introduction le temps que tout le monde s’installe. Ce n’est pas de l’impolitesse, c’est que je sais comment se passent les directs. Si je ne meuble pas un peu au début, vous n’aurez pas le temps d’aller chercher un yaourt, une bière ou que sais-je, ni de faire un dernier bisou aux enfants pour qu’ils aillent se coucher et vous laissent tranquilles, bien au calme ce soir. Pour beaucoup, le nom de Marion Sigaut est synonyme de courage intellectuel, d’érudition et d’une parole qui ose défier les récits établis. En tant que rédacteur en chef de politoscope.fr, mon ambition a toujours été de vous offrir des clés de lecture du monde, par le truchement d’auteurs et de perspectives qui, loin du prêt-à-penser, ravivent, je l’espère, la flamme du débat citoyen. L’œuvre de Marion Sigaut incarne précisément cette ambition.

    Nous allons revenir sur un ouvrage saisissant, intitulé La Marche Rouge. Je vais d’ailleurs vous en montrer la couverture. Il faut vous le procurer. Vous pourrez aller sur le site de Book Édition ; je mettrai dans le descriptif de cette vidéo le lien vers le blog de Marion, qui vous réserve plein de surprises. Je ne peux pas tout vous dire ce soir, mais il va y avoir de la vie sur ce blog, je vous le garantis. Ce n’est pas juste une carte de visite ; il y aura beaucoup d’actualité, mais ça me brûle les lèvres de trahir sa confiance. Disons simplement : inscrivez-vous sur le blog, il va s’y passer plein de choses, c’est garanti, de quoi se nourrir intellectuellement de manière très stimulante. Je mettrai aussi le lien vers l’éditeur, Book Édition. Je trouve que c’est une démarche très courageuse de sa part que de passer par cet éditeur, qui lui garantit un maximum d’indépendance.

    Je reviens à La Marche Rouge. Plus qu’un livre d’histoire, qui va servir de base à nos réflexions de ce soir, c’est une véritable enquête qui nous plonge littéralement dans les entrailles d’un Paris du 18e siècle, bien loin des salons feutrés des Lumières. Nous sommes dans une capitale en proie à la terreur, où des enfants disparaissent. Oui, des enfants disparaissent. C’est un épisode méconnu de l’histoire de France, et vous allez voir, il est très important d’y revenir. C’est aussi une capitale où un peuple, poussé à bout par ce fait, se soulève dans une fureur que l’histoire officielle a trop vite qualifiée de « crédulité populaire ». Nous y reviendrons.

    Alors, que se cache-t-il réellement derrière cette « marche rouge » ? C’est la question posée par Marion, à laquelle elle apporte évidemment des éléments de réponse. Et si cette révolte était le cri de détresse de parents aimants, face à un système, à vrai dire, monstrueux ? Marion Sigaut, avec la rigueur de l’archiviste et la passion de la conteuse, nous guide…

    Je remets la couverture du livre, qui était arrivée un peu en retard sur le direct. Marion Sigaut, je le répète, nous guide à travers les registres oubliés de l’hôpital général, avec un grand « H ». Nous allons revenir sur tout cela pour nous replacer dans le contexte de l’époque. Je ne fais que poser les bases.

    Elle dépeint une institution tentaculaire. C’est effrayant. Ayant fraîchement lu le livre, c’est encore vif dans mon esprit, et c’est dur. Cette institution est le sanctuaire d’une élite dévote, secrète, un peu perverse, voire très perverse, pour ne pas dire monstrueuse. La charité n’y est qu’un masque pour les pires abominations. Alors, vous allez me dire : est-ce une émission historique ? nous éloignons-nous de l’actualité, dont je sais que vous avez tous soif ? Sachez-le : c’est une émission d’actualité. Nous sommes en plein dedans. Nous allons dérouler ce que nous propose Marion Sigaut.

    Marion Sigaut
    C’est une contre-histoire, c’est ça sa logique. C’est de la « réhistoire ».

    Frédéric
    « Réhistoire », c’est le titre de ta collection.

    Marion Sigaut
    « Réhistoire », oui.

    Frédéric
    Et donc cette contre-histoire, où le peuple n’est plus une masse aussi ignorante qu’on aurait voulu nous le faire croire, mais un acteur de sa propre destinée. Une histoire où les grandes figures des Lumières, comme Voltaire, sont descendues de leur piédestal pour être confrontées à leurs propres contradictions, à leur mépris de classe. Cet échange sera évidemment bien plus qu’une simple discussion sur un livre. Ce sera une réflexion sur le pouvoir, sur la manipulation des récits, sur la manière dont le passé est instrumentalisé pour légitimer le présent. C’est une invitation à aiguiser notre esprit critique, à ne jamais nous contenter des vérités toutes faites. Marion est exceptionnelle pour cela. C’est une voix essentielle à notre époque, et elle est très rare. Il faut donc vraiment comprendre à quel point elle est précieuse. Et vous savez que je ne suis absolument pas flagorneur sous prétexte que c’est mon invitée ; vous êtes beaucoup à le penser comme moi, et je sais que vous êtes là très nombreux pour ça ce soir. Car, comme nous le verrons, les questions soulevées par La Marche Rouge résonnent étrangement avec les débats qui agitent notre société contemporaine, notamment sur la protection de l’enfance et les dérives du pouvoir.

    Je vous le promets, cette rencontre sera un moment de haute voltige intellectuelle, car nous allons loin. Nous allons creuser dans les racines du mal, avec un « M » majuscule. Un de ces échanges qui, je l’espère, vont vous marquer, vous inspirer autant que je l’ai été à la lecture, et qui nous rappelleront pourquoi le journalisme citoyen est plus que jamais nécessaire, notamment dans cette dimension d’honnêteté intellectuelle et de recherche. Cet échange sera, je le précise avant que nous n’entrions dans le dur, repris sur le blog politoscope.fr. Merci d’y jeter un coup d’œil, de vous abonner. Nous ne demandons pas d’argent, nous essayons de développer un support citoyen où vos contributions sont les bienvenues. On a un peu travaillé, vous verrez. Je suis assez content du site.

    Nous nous contentons pas de faire des directs. Nous allons utiliser les fonctionnalités de l’intelligence artificielle, notamment par la suite, car cela nous rend service quand nous avons un long entretien. On peut en sortir des synthèses utiles, mais en hybridant notre intelligence avec cette IA pour que le résultat soit conforme. Cela me permet de vous dire que nous gagnons une certaine productivité. S’il faut en effet se méfier des IA, elles peuvent aussi être des outils très sains, surtout si l’on se retrouve avec des heures d’échange. C’est pour cela que je vous incite à nous donner votre avis, car nous sommes à un stade très expérimental, mais je suis assez optimiste. Je pense que nous avons un bel outil, et que cette combinaison des directs et de la trace écrite fait sens.

    Vous allez donc, petit à petit, tous vous installer pour nous rejoindre. J’accueille un esprit libre parmi les esprits libres, ma chère Marion Sigaut. Ça y est, j’ai terminé mon intro interminable, c’était pour m’assurer que tout le monde soit bien installé. Comment vas-tu, ma chère Marion ?

    Marion Sigaut
    Je vais bien, mais je vais te demander gentiment de m’accorder quinze secondes. J’ai mon chien qui pleure derrière la porte.

    Frédéric
    Voilà ce que j’adore dans les directs. J’ai la chance de voir le petit chien, il a deux mois, il est absolument adorable.

    Marion Sigaut
    Et le grand est rentré. Les voilà tous les deux dans le panier. Tout va bien.

    Frédéric
    D’abord, comment vas-tu ? Qu’as-tu ressenti en te relisant, quelques années après l’écriture de La Marche Rouge ?

    Marion Sigaut
    Je me suis dit : « Quel boulot ! Mais quel boulot j’ai fait ! C’est incroyable. » Quand je regarde le nombre de kilomètres que j’ai parcourus… Au début, je travaillais avec la bibliothèque municipale d’Auxerre, qui est très bien. Ensuite, je suis allée à la Bibliothèque Nationale, puis j’ai commencé à me servir d’Internet. Après, je suis allée à la bibliothèque de la Ville de Paris, à la bibliothèque de l’Hôtel de Ville, aux Archives Nationales… Quel kilométrage pour écrire ce livre ! Je me souviens d’une après-midi où, ayant une information à la Bibliothèque Nationale, il me manquait un document qui était à l’Arsenal. J’ai refermé mes dossiers, rendu mes bouquins, pris le métro, je suis allée à l’Arsenal, j’ai sorti le livre, j’ai vérifié, et j’ai pu avancer ma recherche. C’est un travail phénoménal.

    Frédéric
    Pour la petite histoire, pour celui qui vient de lire le livre… tu l’as écrit il y a quinze ans ?

    Marion Sigaut
    Il est sorti en 2008. J’ai commencé ma recherche en 2003. Il est sorti en 2008 et ensuite, il est ressorti plusieurs fois. Je l’ai entièrement revu pour ma collection. Maintenant que j’ai récupéré mes droits, je peux republier tous mes livres sous ma propre bannière, « Réhistoire pour tous ». J’aime mieux « réhistoire » que « contre-histoire ». J’ai quasiment rien corrigé, à part des espaces, des majuscules… Ah si, je devrais rajouter une chronologie à la fin, ça, ce ne serait pas mal. Mais sinon, j’ai repris une extension, et ça, c’est mon travail universitaire, c’est mon DEA.

    Frédéric
    « Elle n’a pas fait d’études, elle n’est même pas docteure… »

    Marion Sigaut
    Non, je ne suis pas docteure, je suis autre chose.

    Frédéric
    « Elle n’est même pas professeure… »

    Marion Sigaut
    Non, je ne suis pas professeure, je suis autre chose. On a réglé leur compte à tous les trolls qui pourraient passer par là.

    Frédéric
    Première question, ma chère Marion. On va rentrer dans le vif du sujet. En dépit du fait que nous travaillons sur un livre qui remonte au Paris du 18e siècle, nous allons parler d’actualité. Dans La Marche Rouge, tu décris un peuple parisien qui se révolte non pas par crédulité, comme le prétendait ce sale type de Voltaire, mais par amour pour ses enfants. En quoi cette réhabilitation de la parole populaire est-elle une déclaration de guerre à l’historiographie des Lumières qui a, selon toi, systématiquement méprisé et calomnié le peuple ?

    Marion Sigaut
    Le point de départ… il y a eu pendant longtemps une historiographie quasi officielle qui disait : « Les gens se sont révoltés parce qu’ils croyaient qu’on enlevait leurs enfants. Les gens sont tellement bêtes. » Le gosse ne revient pas de l’école et les gens croient qu’il a disparu. Ben voyons ! On a aussi dit que la chose a été minimisée, que comme il y avait des ordonnances pour arrêter les mendiants qui pratiquaient une mendicité agressive, des policiers mal intentionnés ont exagéré. Ils ont pris des adolescents sans histoire. Des adolescents de dix, quatorze, sept ans… C’est quoi un adolescent ? Et après, on dit que ce n’était pas si grave, que c’étaient des gens qui abusaient pour soutirer de l’argent aux parents. De loin en loin, on a présenté l’affaire d’abord en la niant, puis en la minimisant.

    Frédéric
    Et peux-tu nous décrire l’affaire justement ? Qu’est-ce qui se passe avant la « marche rouge », quel est ce dispositif dont les parents prennent conscience ?

    Marion Sigaut
    Il y a d’abord un problème récurrent dans la ville : les mendiants. Ce n’est pas nouveau. Ils importunent le public. À partir du début des années 1600, une quantité de règlements de police veulent venir à bout de ce problème. Des magistrats ont mis neuf ans à rédiger les statuts d’une institution censée régler le problème, en disant que les mendiants étaient des gens qui ne voulaient pas travailler et qu’il fallait les « renfermer ». C’est ainsi qu’a été créée l’institution de l’hôpital général. La population… c’est effrayant. J’ai étudié ce code de l’hôpital général, 600 pages. L’idée de départ, c’est que les gueux sont coupables. S’ils sont mendiants, c’est qu’ils ne veulent pas travailler et il faut les punir. Le jeune roi Louis XIV a accepté de signer la création de cet hôpital où tous les gens à la rue étaient obligés de se laisser renfermer. Et ce code était monstrueux car il faisait non seulement un délit de la pauvreté, mais aussi un délit de l’aide à la pauvreté. Un mendiant était arrêté en même temps que celui qui venait de lui faire la charité.

    Frédéric
    La création de cet hôpital général est consubstantielle du début des rafles, c’est-à-dire qu’on assiste à des enlèvements d’enfants dans les rues ?

    Marion Sigaut
    Non, ce n’est pas au même moment. Les rafles, c’est cent ans après. L’hôpital général, quand il a été créé, a semé la terreur chez les pauvres. Dès sa création, il disposait d’une force publique, les « archers des gueux », préposés à rafler les mendiants dans les rues pour les emmener de force à l’hôpital. Il faut savoir que, dès le début, la population parisienne ne leur a pas arrêté de leur faire la misère. Les Français se sont systématiquement interposés entre les enleveurs de gueux et les gueux. C’est extraordinaire. La résistance des Parisiens a été immédiate. Le principe d’enlever les pauvres a toujours été très impopulaire.

    Frédéric
    Tu insistes sur le fait que l’on voit l’instauration du règne des juges, le secret des comptes financiers…

    Marion Sigaut
    Oui, l’hôpital général avait, pour fonctionner, une quantité d’exemptions et de droits. Toutes les charités publiques devaient aller à l’hôpital. C’était hallucinant. Et les comptes de l’hôpital étaient remis entre les mains de ces messieurs eux-mêmes, majoritairement des magistrats, qui ne rendaient de comptes qu’à eux-mêmes. Le roi lui-même n’a pas pu voir les comptes. Et il était statutairement interdit d’écrire quoi que ce soit sur l’hôpital général sans l’autorisation écrite d’au moins trois directeurs. On devenait directeur par cooptation. C’est une société secrète, la Compagnie du Saint-Sacrement, qui est à l’origine de l’hôpital. Ce sont des dévots laïques, comme le Tartuffe de Molière, qui veulent tout régenter. Ce qu’ils reprochaient aux mendiants, ce n’est pas qu’ils étaient pauvres, c’est qu’ils ne respectaient pas les sacrements, ne se mariaient pas, n’allaient pas à la messe. Alors on va les renfermer pour leur faire des dévotions obligatoires, pour sauver leur âme… Mais de quoi je me mêle ? Pour s’occuper de l’âme des Français, il y avait une institution qui s’appelait l’Église. Eux étaient des magistrats laïques qui passaient leur temps à donner des leçons de moralité et qui ont inventé un système absolument concentrationnaire.

    Frédéric
    On voit apparaître une constance dans le sadisme du pouvoir…

    Marion Sigaut
    Tu vas voir à quel point c’est contemporain. Il y a une caractéristique dès les débuts de l’hôpital général : ces gens considèrent que la « gueuserie » se transmet de parent à enfant. Et si on veut la supprimer, il ne faut pas seulement enfermer les gueux, il faut les séparer de leurs enfants. Il y a une théorisation de la séparation. Et là, on y est encore. Il ne se passe pas une journée sans que je n’entende le témoignage terrifiant de parents à qui on arrache leurs enfants. Le système actuel bat son plein, et il a été mis sur pied au début du 17e siècle.

    Frédéric
    On va passer de l’hôpital à la rue. Au moment où l’on arrive vers les rafles d’enfants, un peu avant la « marche rouge » de mai 1750, que nous dit cette révolte sur la vitalité et la dignité d’un peuple que les élites s’évertuaient à décrire comme une masse ignare et violente ?

    Marion Sigaut
    Ne touchez pas aux enfants. Attention à vous, ça ne passera pas. Ça passe encore parce que les gens n’arrivent pas à croire que ce soit vrai, c’est la même chose. Le roi recevait en permanence des plaintes sur les violences, les détournements de fonds, les horreurs à l’hôpital général. C’était épouvantable, concentrationnaire. Et en 1749, au mois de septembre, une nouvelle ordonnance lance la chasse aux gueux. Un petit garçon et son ami jouent aux piécettes dans la rue, un carrosse passe, on les attrape. Un invalide qui passait par là dit « c’est mon neveu ! », on l’embarque aussi. Au commissariat, le commissaire du Châtelet dit « Mais je les connais, relâchez-les ! ». Et l’enleveur répond « Je ne relâche pas, j’ai un ordre ». Un ordre du lieutenant général de police, qui dépend directement du roi ! Les parents, alertés, mettent plusieurs jours à récupérer leur gosse. Puis ça recommence ailleurs. L’information circule, l’angoisse monte. Les autorités, elles, rappellent qu’il est interdit de faire croire qu’il y a des ordres d’enlever les enfants. On va poursuivre non pas les enleveurs, mais ceux qui prétendent qu’ils obéissent à des ordres. C’est hallucinant.

    Frédéric
    On invente déjà les « fact-checkers » au service du gouvernement…

    Marion Sigaut
    Absolument. Et on fait courir une rumeur atroce et facilement démontable, celle d’un prince lépreux qui aurait besoin du sang d’enfants pour se soigner, pour masquer la vérité. C’est une méthode toujours d’actualité. On met dans le même sac les « complotistes », les « platistes », et les gens qui alertent sur des dangers réels. Et les enlèvements continuent. Des parents retrouvent leurs enfants au Châtelet, doivent payer, et les récupèrent parfois torturés, avec des plaies. Et puis un jour, il va y en avoir un de trop. Trois de trop. Début mai 1750, trois enlèvements vont déclencher le soulèvement.

    Frédéric
    Tu évoques aussi cet épisode où le Dauphin, qui n’arrivait pas à avoir d’enfant, aperçoit une petite fille dans le parc de Versailles et la fait enlever à sa famille…

    Marion Sigaut
    Oui, et le chroniqueur de l’époque, Edmond Barbier, commente : « Elle en a de la chance, cette petite. » Mais les parents ? Qu’est-ce qu’ils en disent ? C’est ce mépris de classe qui perdure. Cette idée que le sentiment maternel serait une invention bourgeoise, que les gens du peuple n’aimeraient pas leurs enfants « comme nous ». C’est de la déshumanisation.

    Frédéric
    Ce mépris de classe, cette guerre faite aux parents, trouve ses racines là et se traduit aujourd’hui dans des programmes comme EVRAS, dans cet endoctrinement par l’éducation sexuelle qui vise à promouvoir l’autonomie de l’enfant contre sa propre famille.

    Marion Sigaut
    Une élue a dit il y a quelques années que les enfants n’appartiennent pas à leurs parents, mais à la République. Voilà où on en est.

    Frédéric
    Pour en revenir à La Marche Rouge, le procès qui suit les émeutes est une parodie de justice.

    Marion Sigaut
    Les enleveurs d’enfants arrivent au tribunal avec les ordres écrits qu’ils avaient reçus du lieutenant général de police. Quand le verdict tombe, et que le peuple entend qu’on relâche les enleveurs et qu’on va pendre trois émeutiers, il y a eu un hurlement. Une huée. La foule a compris. Les juges, pour donner des gages à la population, vont même jusqu’à faire exécuter deux homosexuels pris en flagrant délit, alors que ce n’était plus la pratique, pour montrer qu’ils sont sévères avec « tous les méchants ». C’est de la diversion médiatique. Il y a une rupture à ce moment-là entre le peuple et le roi, qui a refusé sa grâce.

    Frédéric
    Ce que tu décris, c’est une généalogie de la logique totalitaire.

    Marion Sigaut
    Oui. Et cette logique est portée par une caste de magistrats jansénistes qui ont repris le flambeau de la Compagnie du Saint-Sacrement à la tête de l’hôpital. C’est un pouvoir occulte. Étaient-ils francs-maçons ? Certains oui, d’autres non, mais ils partageaient cette même volonté de fonctionner en secret pour détruire l’Église de l’intérieur. C’est la même logique que les ONG et organismes supranationaux aujourd’hui : imposer une idéologie en contournant la souveraineté des peuples. Il n’y a jamais eu de rupture. Les trafics qui avaient lieu à l’époque, quand ont-ils été dénoncés ? Jamais. Comment un crime qui n’est pas dénoncé peut-il être arrêté ?

    Frédéric
    Tu évoques aussi l’affaire des Poisons sous Louis XIV, les messes noires, les sacrifices d’enfants impliquant Madame de Montespan…

    Marion Sigaut
    Oui, en 1672, Louis XIV met fin aux procès en sorcellerie qui visaient les petites gens. Et qu’est-ce qui éclate juste après ? L’affaire des Poisons, qui révèle des affaires de satanisme au plus haut niveau de l’État. On découvre des sacrifices d’enfants sur le ventre de la favorite du roi. Et le roi, horrifié, ordonne le silence. On ne peut pas faire savoir au public que la mère de ses enfants est une sorcière. C’est toujours le même schéma : on accuse les petits pour cacher les crimes des grands.

    Frédéric
    Une dernière question. D’un côté, les parents qui arrachent les affiches du parlement en 1750. De l’autre, les « mamans louves » d’aujourd’hui qui luttent contre l’éducation sexuelle. Est-ce le signe qu’une conscience ne s’est pas encore éteinte, que le peuple peut se réveiller ?

    Marion Sigaut
    Ce n’est pas que quelque chose peut s’éveiller, c’est que quelque chose est en train de s’éveiller. C’est une spirale. La pente à remonter est phénoménale, mais une bascule est possible. Il y a trente ans, quand je parlais de ça, on me traitait de folle. Aujourd’hui, les gens comprennent. La vérité fait son chemin. Le système a inventé Internet pour nous asservir, et Internet est en train de se retourner contre eux. La citerne qui retient la vérité est complètement lézardée. La rupture est en marche et tout finira par jaillir.

    Frédéric
    Je te propose que nous passions aux questions-réponses.

    Alain
    Bonsoir. Cher Marion, en vous écoutant intensément, je me demandais si, finalement, la volonté des puissants d’extraire les enfants de leurs « gueux de parents » n’avait pas été une constante de l’histoire du monde ?

    Marion Sigaut
    Je n’ai pas cette impression. D’après ce que j’ai pu voir, la pédophilie a toujours existé, c’est une réalité, une constante qui, heureusement, est toujours restée à la marge. Prions et luttons pour qu’elle ne devienne jamais la norme. Ce qui me frappe en revanche, à partir de ce que j’ai découvert sur l’hôpital général, c’est le début d’une institutionnalisation de la chose. On dirait que le mal progresse en parallèle de la civilisation ; il y a une sorte de course entre le bien et le mal, une course contre la montre pour savoir qui fera trébucher l’autre le premier. Il y a cent ou deux cents ans, la situation n’était pas aussi grave qu’aujourd’hui. Elle est devenue pire que tout, notamment à cause du développement des moyens sophistiqués de contrôle et de nuisance.

    La pédocriminalité existait déjà bien avant, comme le montre le procès de Gilles de Rais en 1440. Sauf qu’un Gilles de Rais, à l’époque, on lui faisait son procès et on le liquidait. Aujourd’hui, pour juger les pédophiles, il faut déjà parvenir à les attraper. Et quand ils se trouvent au sein même de la magistrature, essayez donc d’aller les débusquer. Une organisation s’est mise en place au fil des siècles, qui permet aux pédophiles de s’agréger là où ils seront inatteignables. La magistrature est certainement la meilleure planque. On cite souvent l’Église, mais si l’Église était majoritairement responsable des enfants en France, cela se saurait. Actuellement, son rôle dans ce domaine est marginal. Si j’étais pédophile aujourd’hui, j’essaierais de m’infiltrer dans l’Éducation nationale ou dans un club de sport ; ce sont des lieux idéaux. Mais la magistrature reste la meilleure cachette, puisque c’est là que l’on peut s’autojuger et se déclarer innocent. Idéalement, la planque absolue serait d’être ministre de la Justice.

    Au fur et à mesure que les années passent, les mauvais sont aux manettes depuis de plus en plus longtemps, et nous arrivons aux situations que nous connaissons. Mais cela ne peut que sauter, que s’arrêter. De tout temps, il y a eu des pédophiles ; ils ont été pourchassés. Aujourd’hui, ils nous dirigent. C’est sans précédent. Le nouvel ordre mondial, ces gens qui donnent des ordres aux grandes agences de l’ONU et qui, de très loin, réussissent à imposer des cours de sexualité aux enfants dans les campagnes françaises, sont diaboliquement organisés et monstrueusement puissants. Mais cela va s’effondrer. Ce n’est pas un effet de mon optimisme béat ; je suis une observatrice. La garantie de leur succès, c’est le secret. Et le secret est éventé.

    Marwan
    Bonsoir Marion Sigaut, bonsoir à tous. C’est une chance de vous avoir parmi nous. En vous écoutant, je vois un écho entre la gouvernance par la peur que vous décrivez pour l’époque de 1750, avec ses rumeurs et ses urgences, et notre situation actuelle. L’hôpital se dissimulait derrière une mission d’assistance pour couvrir des rafles, comme l’Éducation nationale aujourd’hui s’abrite derrière sa mission pour diffuser une idéologie. On nous parle de « fake news » comme on parlait de « faux bruits ». Et l’on pense aux lanceurs d’alerte, aux opposants politiques, traités en boucs émissaires comme les « lampistes » de l’époque qui payaient pour les puissants. Ma question est : comment faire face à toutes ces manipulations aujourd’hui ? Comment lever le voile auprès de la jeunesse et des moins jeunes ?

    Marion Sigaut
    Je pense qu’il n’y a pas d’alternative à chercher la vérité et la dire. La vérité, c’est que la sexologie n’est pas une science. C’est que tout ce qui a été raconté par Alfred Kinsey, qui sert de base à l’éducation sexuelle à l’école, est un tissu de mensonges, comme l’a magnifiquement démontré mon amie Judith Reisman. Il n’y a donc pas d’autre solution que de continuer à dévoiler la vérité.

    Pour ce qui concerne La Marche Rouge, il faut faire savoir que la pédocriminalité existait déjà et qu’elle était organisée. Les salopards qui mentaient, qui trafiquaient des enfants, qui s’organisaient en sociétés secrètes, sont arrivés au pouvoir en 1789, et ils y sont encore. L’ancien régime a été renversé dans ce qu’il avait de meilleur, au profit de ce qu’il avait de pire. Les meilleurs sont tombés, les pires ont pris le pouvoir. Il y a donc une nouvelle révolution à faire. Il faut que la France, que l’Europe chrétienne, l’Europe de foi et de valeurs, retombe sur ses pieds et mette à bas tous ces pervers qui veulent tout renverser. Toucher aux enfants, cela va réveiller les morts. Les parents laissent faire, dit-on. Mais comment le pourraient-ils ? Ils n’arrivent pas à y croire. Le jour où ils verront, où ils seront obligés de croire, il y aura du sang sur les murs. Une vague est en train de monter.

    Le Président
    Bonsoir Madame Sigaut. Je vous découvre ce soir. Sur votre fiche Wikipédia, ils disent que vous êtes d’extrême droite…

    Marion Sigaut
    Wikipédia est diffamatoire depuis la première ligne.

    Le Président
    Je me demandais ce que vous pensiez de la relation étrange entre notre président et sa femme, ou ceux qui pensent que c’est un homme. Le fait qu’une femme majeure ait eu une relation avec un enfant de quinze ans, est-ce pour vous un symptôme ? De l’ingénierie sociale ? Ou le symptôme d’une société si tentaculaire que ses élites ne peuvent même plus se cacher ?

    Marion Sigaut
    Je pense que c’est un scandale sans précédent. Les révélations qui ont été faites, le travail qui a été relayé par Xavier Poussard et d’autres, tout cela est un scandale absolument inouï. Comment peut-on tromper un peuple à ce point ? C’est symptomatique de quelque chose d’immense, d’énorme, de satanique. Le mot me vient comme ça. Leur façon de déposer plainte aux États-Unis contre une journaliste est ridicule. Je ne doute pas une seconde que Brigitte soit Jean-Michel Trogneux. C’est mon opinion intime. On ne peut pas se jouer d’un pays comme ils le font, c’est insensé. En plus, personne au monde n’a jamais changé de sexe ; c’est inscrit dans les chromosomes. Tout cela relève de l’ingénierie sociale pour embrouiller les esprits et renverser les valeurs. C’est diabolique. Le diable, c’est la confusion et le mensonge. Je crois que cette affaire est sans précédent et qu’elle va se terminer. Elle n’attendra pas qu’ils meurent de leur belle mort. Quelque chose est en marche et va exploser.

    Alain
    Ne pensez-vous pas que cela fait l’objet d’un chantage de la part de certaines puissances ?

    Marion Sigaut
    Bien sûr. Une semaine avant son élection, j’étais près d’Amiens, et des gens m’ont dit : « Nous, on a des photos de ce gars-là dans des positions… Si nous les avons, elles sont ailleurs. » Donc ce type est tenu. J’ai alors pensé qu’il serait vraisemblablement élu par la triche, qu’il ferait tout le mal possible, et qu’il sauterait, car il y a une main dans la marionnette. Je pense que la main dans la marionnette Macron, c’est Brigitte Macron. Et il y a encore une autre main dans la marionnette Brigitte Macron, et celle-là est très, très méchante. J’ai eu l’impression, la première fois que je me suis penchée sur son portrait, qu’il mourrait de mort violente. Ce n’est pas un vœu, c’est une impression. Cela se terminera mal pour lui, car tout cela est fondé sur le mensonge, et le mensonge vous rattrape toujours.

    Frédéric
    Ma chère Marion, vous allez encore passer pour une écrivaine d’extrême droite sur Wikipédia avec tous ces propos.

    Marion Sigaut
    De toute façon, Wikipédia est une usine à mensonges. Mon amie Judith Reisman m’a dit que le fondateur de Wikipédia était un pédophile. Elle m’a dit : « Je ne vais jamais sur Wikipédia, ce sont des pédos. » J’ai récemment demandé à ChatGPT s’il y avait un rapport entre une personne portant mon patronyme et moi. Il m’a répondu : « aucun ». C’est ma sœur. Et quand j’ai demandé pourquoi, il m’a répondu qu’il n’y avait rien sur Wikipédia. Finalement, je ne suis pas la sœur de ma sœur parce que Wikipédia l’a décidé. Incidemment, Wikipédia a aussi décidé que je n’étais pas historienne.

    Alain
    Je voulais savoir, chère Marion, si vous avez eu des liens éventuels avec Ariane Bilheran ou Karl Zéro, qui ont eu tous les malheurs du monde depuis qu’ils se sont penchés sur les affaires de détournement d’enfants.

    Marion Sigaut
    Oui, et j’aimerais autant ne pas en parler.

    Frédéric
    C’est une marque d’élégance de la part de Marion. Il y a des choses, derrière le rideau de la notoriété, qui sont inavouables, et je connais l’histoire. Sa réaction est extrêmement généreuse. Toute la dissidence n’est pas aussi fiable qu’on le croit.

    Val
    Bonsoir à vous tous, et bonsoir Madame Sigaut. C’est un honneur. Je vous ai découverte lors d’un séminaire avec Alexandre Juving-Brunet, puis sur GPTV avec Nicolas Bouvier. C’était passionnant, j’ai appris plus de choses avec vous que durant toute ma scolarité. Vous m’avez ouvert les yeux sur la Révolution française, sur la vraie définition de la démocratie d’avant, sur les horreurs commises. On comprend mieux les « révolutions oranges », mai 68… Pour en revenir à la pédocriminalité, je suis révoltée par ce projet commercial, cette prospection auprès d’un jeune public avec la loi EVRAS. On crée de futurs clients au cerveau perturbé, on déprécie notre descendance pour mieux la manipuler et la détruire psychologiquement.

    Frédéric
    Ce sont les dissonances cognitives, les injonctions paradoxales. C’est une méthode pour créer des êtres dépendants, qui cherchent une ligne de fuite dans le consumérisme.

    Val
    Donc Marion Sigaut, je vous fais connaître au maximum. Vous m’avez ouvert les yeux, mes neurones se sont connectés. Merci beaucoup.

    Marion Sigaut
    Merci de votre gentillesse, je suis très touchée. J’ai pris beaucoup de coups, beaucoup de haine. Mais ce que je ressens en vous entendant compense plus que largement tout ce que j’ai enduré. Je n’aurai jamais le grand public, je serai toujours à la marge, mais cette marge a un bien-être insensé. Des gens me disent : « Je me suis fait baptiser depuis que je vous ai rencontrée. » Des familles musulmanes me disent : « Grâce à vous, on aime la France qu’on détestait. » Ça fait plaisir. C’est moi qui vous remercie. Continuez.

    Laissez tomber les gens qui ne veulent pas entendre. La vérité fait son chemin toute seule. N’essayez pas de convaincre, c’est contre-productif. Le travail que nous avons à faire, c’est de chercher la vérité, la dire, et la laisser faire son chemin. Une minorité agissante et intelligente fait que les choses changent. Les masses suivent toujours les élites. Il faut donc changer les élites.

    Frédéric
    Je peux me risquer à une conclusion. Ce que je retiens, c’est que l’histoire n’est jamais une science morte. C’est une braise qui couve sous la cendre des récits officiels. Ce n’est pas un refuge pour érudits, mais un champ de bataille où se joue notre compréhension du pouvoir. Ce soir, nous n’avons pas reçu une historienne, mais une incendiaire. Marion Sigaut est de ces auteurs rares qui arrachent les masques. Au cœur de son œuvre, une question lancinante, un fil rouge qui traverse les siècles : qui protège les enfants, et surtout, qui les attaque ? De son enquête sur les enlèvements sous Louis XV à sa déconstruction de l’idéologie des droits sexuels, elle traque le même prédateur : un pouvoir qui, sous les dehors de la bienfaisance, voit dans l’enfance une matière première pour ses projets de domination. C’est une plongée en apnée dans les arcanes d’une guerre non déclarée, une guerre pour l’âme de notre civilisation.

    Marion Sigaut
    De notre humanité. Car derrière notre civilisation, il y a les autres civilisations, qui sont aussi en danger.

    Frédéric
    Exactement. Nous reviendrons, lors d’un prochain échange, sur d’autres aspects de La Marche Rouge, pour continuer à tisser ce lien entre le passé et le présent. Je souhaite à tous de s’enquérir de votre travail. La machine à broyer les innocents est toujours là, embusquée dans les détours de l’histoire. J’espère que vous continuerez cette autopsie des mensonges des Lumières. Quand vous arrivez, vous dites « Il était une fois… », et nous sortons de notre crédulité. On se sent un peu sot de ne pas avoir su ouvrir les yeux plus tôt, mais on n’a qu’une envie, c’est de vous dire merci.

    Marion Sigaut
    Merci Fred, merci à vous tous, et merci à ces quelques intervenants si sympathiques.

    Alain
    Merci Marion pour votre présence. Nous avons passé une excellente soirée.

    Synthèse

    L’entretien avec Marion Sigaut, au-delà de la richesse des faits qu’il expose, est ponctué de fulgurances, de traits de génie subversifs qui en constituent la véritable force et la singularité. Ce sont ces coups d’éclat sans filtre qui élèvent le propos au-delà de la simple critique historique pour en faire un outil de déchiffrement de notre temps, une œuvre indispensable pour tout esprit qui refuse de se laisser anesthésier.

    Le mythe des lumières dynamité

    Le premier coup de force de Marion Sigaut est de ne pas se contenter de critiquer les Lumières, mais de les pulvériser. Là où l’historiographie officielle a bâti un mausolée à la gloire d’un xviiiᵉ siècle de raison et de progrès, elle y met le feu. Elle nous montre que derrière la façade élégante des salons feutrés et des écrits philosophiques se cachait la réalité sordide d’un pouvoir qui méprisait le peuple et dévorait ses enfants. La « crédulité populaire » dénoncée par Voltaire n’était, sous sa plume, que le nom que les élites donnaient à la lucidité des victimes. Ce n’est plus une simple nuance historique ; c’est un renversement complet de notre roman national. Elle ne déboulonne pas une statue, elle fait sauter les fondations du temple. C’est une invitation radicale à questionner la nature même du « progrès » et à se demander si les lumières n’ont pas surtout servi à éclairer le chemin des bourreaux.

    La généalogie de la guerre contre l’enfance

    Le second trait saillant est la terrifiante continuité qu’elle établit. L’entretien révèle que la guerre menée contre la famille et l’enfance n’est pas un phénomène récent, mais l’aboutissement d’une logique mise en place il y a plusieurs siècles. La « théorisation de la séparation » des enfants de leurs parents pauvres, au sein de l’hôpital général au xviiᵉ siècle, apparaît comme l’ancêtre direct des pratiques contemporaines de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ou des programmes d’éducation sexuelle qui visent à soustraire l’enfant à l’autorité parentale. « Il n’y a jamais eu de rupture », martèle-t-elle. Cette mise en perspective est vertigineuse. Elle suggère que les institutions modernes, soi-disant progressistes et bienveillantes, ne sont que les héritières perfectionnées d’une machine à broyer les liens naturels, dont la finalité reste la même : produire un individu déraciné et contrôlable.

    Le pouvoir occulte et ses métastases

    Marion Sigaut ne se contente pas de dénoncer un système ; elle en nomme les architectes. Elle traque le « pouvoir occulte », cette force qui agit derrière le rideau des institutions officielles. Hier, c’était la Compagnie du Saint-Sacrement ou la caste des magistrats jansénistes, agissant en secret, sans jamais rendre de comptes, même au roi. Aujourd’hui, cette logique se métastase dans les ONG supranationales, les fondations privées et les agences de l’ONU qui, loin de tout contrôle démocratique, imposent une idéologie au monde entier. Le lien qu’elle fait entre cette mécanique du secret et la nature même de certaines organisations est un concept d’une force inouïe. Il nous force à nous poser la question : qui gouverne réellement ? Et au nom de quelle légitimité ?

    Le secret d’état comme rempart de la perversion

    Peut-être la fulgurance la plus sombre et la plus dérangeante de l’entretien est la connexion qu’elle établit entre le crime au plus haut niveau et le secret d’État. En évoquant l’affaire des Poisons, elle rappelle comment Louis XIV aurait ordonné le silence sur les sacrifices d’enfants impliquant sa propre maîtresse, pour ne pas détruire l’image de la monarchie. Elle suggère ensuite que la passivité de Louis XV face aux enlèvements d’enfants de son temps est directement liée à sa propre compromission dans le « Parc-aux-Cerfs ». L’idée est radicale : le secret d’État, la raison suprême du pouvoir, ne servirait pas seulement à protéger la nation, mais à garantir l’impunité des crimes les plus monstrueux de ses dirigeants. Cela offre une clé de lecture terrible pour comprendre le silence assourdissant qui entoure aujourd’hui encore certaines affaires.

    L’insurrection des consciences comme seule issue

    Face à ce tableau apocalyptique d’un pouvoir totalitaire et pervers, Marion Sigaut ne propose pas le désespoir, mais le combat. Son concept le plus inspirant est celui de la « spirale de la vérité ». Elle utilise la métaphore de la « citerne lézardée » : le mensonge, aussi puissant soit-il, ne peut contenir indéfiniment la vérité, surtout à l’ère d’Internet qui « se retourne contre ses créateurs ». Son appel n’est pas à la révolte violente, mais à une insurrection des consciences. L’arme principale, la seule qui vaille, est de « chercher la vérité et la dire ». Elle affirme que ce n’est pas la masse, mais une « minorité agissante, active et intelligente » qui change le cours de l’histoire. C’est un trait d’esprit profondément subversif car il redonne à chaque individu une puissance d’action immense : celle de refuser personnellement le mensonge. C’est la transformation d’une analyse historique en un manuel de résistance pour le citoyen du xxiᵉ siècle.

    Concepts à retenir

    Notions et concepts-clés à retenir dans ce direct

    Voici une sélection de vingt thèmes-clés, hiérarchisés selon leur importance dans la conversation, chacun accompagné d’une synthèse pédagogique destinée à éclairer le lecteur.

    La « ré-histoire » : une contre-enquête sur le récit officiel (Marion Sigaut)

    Ce concept, forgé par Marion Sigaut, définit sa démarche intellectuelle. Il ne s’agit pas de faire de la « contre-histoire » par simple esprit de contradiction, mais de la « ré-histoire » : une réécriture de l’histoire fondée sur un retour scrupuleux aux sources primaires, en particulier celles qui ont été ignorées ou méprisées par l’historiographie dominante. Cette approche vise à redonner une voix aux vaincus, au peuple, et à déconstruire les « romans nationaux » écrits par les élites pour légitimer leur propre pouvoir. C’est une méthode qui postule que la vérité historique est souvent ensevelie sous des couches de propagande, et que le travail de l’historien honnête est de l’exhumer.

    L’hôpital général : une machine carcérale (Marion Sigaut)

    Loin de l’image d’Épinal d’une institution charitable, l’hôpital général du 17e et 18e siècle est présenté comme un vaste système de « renfermement » des pauvres. Conçu par une élite dévote et secrète, la Compagnie du Saint-Sacrement, son but n’était pas de secourir, mais de contrôler et de punir une population jugée oisive et coupable, en lui imposant le travail forcé et une discipline de fer. Géré en toute opacité par des magistrats qui n’avaient de comptes à rendre à personne, il fonctionnait comme un État dans l’État, où la vie des plus vulnérables, et notamment des enfants, était à la merci d’un pouvoir absolu et sans contre-pouvoir.

    La « marche rouge » : une insurrection pour l’enfance (Frédéric)

    Cet événement de mai 1750, nommé ainsi par Marion Sigaut, est requalifié comme un moment fondateur. Il ne s’agit pas d’une émeute de la faim ou d’une panique irrationnelle, mais d’un soulèvement conscient et légitime de parents parisiens contre les enlèvements réels et systématiques de leurs enfants par des agents de l’État. C’est la manifestation d’une conscience populaire qui, lorsque la justice institutionnelle la trahit, affirme son droit naturel à protéger ce qu’elle a de plus sacré. Cet épisode révèle une rupture profonde entre le peuple et des élites jugées prédatrices.

    La guerre contre les parents : une constante historique (Frédéric)

    Ce thème traverse toute la conversation, créant un pont entre le 18e siècle et aujourd’hui. L’idée que la « gueuserie » se transmet de parent à enfant, justifiant la « théorisation de la séparation » à l’époque de l’hôpital général, est présentée comme l’ancêtre de la logique actuelle. Aujourd’hui, cette « guerre » se manifesterait par le mépris envers l’autorité parentale, la volonté de l’État de s’imposer comme le premier éducateur via l’école, et la disqualification des parents qui s’opposent à l’idéologie dominante en matière d’éducation sexuelle (EVRAS) ou de genre.

    Le mensonge des lumières : la face sombre d’une élite (Frédéric)

    L’entretien mène une instruction à charge contre le mythe d’un siècle des Lumières unanimement progressiste et humaniste. Des figures comme Voltaire y sont dépeintes non comme des défenseurs du peuple, mais comme des intellectuels au service des puissants, prompts à qualifier la souffrance populaire de « crédulité » et à cautionner le mépris de classe. Cette critique suggère que les Lumières ont aussi été le paravent idéologique d’une nouvelle élite (la noblesse de robe, les magistrats) qui a consolidé son pouvoir sur le dos du peuple.

    Le pouvoir occulte : des sociétés secrètes aux lobbies modernes (Marion Sigaut)

    La conversation met en lumière le rôle de forces organisées agissant en dehors des cadres démocratiques pour imposer leur vision du monde. La Compagnie du Saint-Sacrement et la secte janséniste, qui contrôlaient l’hôpital général, sont présentées comme les précurseurs des ONG, des lobbies et des organismes supranationaux (ONU, OMS) actuels. La méthode est la même : un pouvoir occulte, coopté, qui n’a de comptes à rendre à personne et qui utilise une rhétorique de la bienfaisance pour faire avancer un agenda politique et idéologique.

    La justice de classe : le deux poids, deux mesures (Frédéric)

    Le procès qui a suivi la « marche rouge » sert d’exemple paradigmatique. Les émeutiers issus du peuple, qui défendaient leurs enfants, sont condamnés à mort, tandis que les policiers ravisseurs, agents du pouvoir, ne reçoivent que des sanctions symboliques. Cette issue est présentée comme la preuve que la justice, loin d’être neutre, est un instrument au service de la classe dominante, dont la fonction est de réprimer la contestation populaire et de garantir l’impunité des agents du système.

    Le secret d’état : le rempart des crimes des puissants (Marion Sigaut)

    En évoquant l’affaire des Poisons sous Louis XIV, l’entretien avance une thèse radicale. Le secret d’État ne servirait pas seulement à protéger les intérêts de la nation, mais aussi et surtout à couvrir les crimes et les perversions les plus inavouables des élites. Le silence ordonné par le roi sur les sacrifices d’enfants impliquant sa favorite, ou la faiblesse de Louis XV face aux trafiquants parce qu’il était lui-même compromis, illustrent comment l’impunité des puissants est consubstantielle de la raison d’État.

    La continuité des trafics : de l’hôpital à l’ase (Marion Sigaut)

    L’une des affirmations les plus troublantes de Marion Sigaut est qu’il n’y a « jamais eu de rupture ». Elle suggère que les trafics et les abus sur enfants, dont elle a trouvé les traces dans les archives de l’hôpital général, n’ont jamais été dénoncés ni purgés. Les institutions se sont succédé (assistance publique, DDASS, aide sociale à l’enfance), mais la logique systémique et les réseaux auraient pu perdurer. Cette hypothèse pose la question terrifiante de la persistance de structures criminelles au sein même des organismes chargés de la protection de l’enfance.

    La « guerre cognitive » et la fabrique des « faux bruits » (Marwan)

    Ce thème, soulevé par un intervenant, établit un parallèle direct entre les « faux bruits » de 1750 et les « fake news » d’aujourd’hui. L’entretien montre que la disqualification de l’information dissidente est une technique de pouvoir intemporelle. En créant une rumeur grotesque (le prince lépreux) pour discréditer les craintes légitimes du peuple, le pouvoir de l’époque utilisait déjà les mêmes méthodes de manipulation de l’opinion que les « fact-checkers » modernes, qui amalgament la critique fondée et les théories les plus délirantes pour invalider toute opposition.

    La réhabilitation du peuple (Marion Sigaut)

    À rebours d’une vision élitiste, l’entretien célèbre la vitalité, la dignité et le bon sens du peuple. La résistance constante des Parisiens aux « archers des gueux », leur courage lors de la « marche rouge », et même le « vieux bon sens parisien » qui vandalise une plaque jugée mensongère, sont présentés comme les manifestations d’une santé morale et d’une lucidité que les élites ont perdues.

    La figure du dissident (Frédéric)

    À travers le portrait de Marion Sigaut, l’entretien explore la figure du chercheur dissident. Celui qui, au prix de l’ostracisme médiatique et académique (« dès que j’écris un livre, les gens s’empressent de ne pas en parler »), s’attache à la vérité des faits contre le confort de l’idéologie. C’est une réflexion sur le courage intellectuel et le rôle de l’intellectuel face au pouvoir.

    La spirale de la vérité (Marion Sigaut)

    Face à un tableau très sombre, Marion Sigaut propose une vision optimiste fondée sur la métaphore de la « citerne lézardée ». Elle postule que le mensonge, aussi puissant soit-il, ne peut survivre à l’ère d’Internet. Le secret, qui était la condition de survie de ces systèmes de pouvoir, est désormais éventé. La vérité, même si elle met du temps, finit toujours par sortir, et son jaillissement peut être soudain et dévastateur pour les pouvoirs en place.

    La perversité comme signature du pouvoir (Frédéric)

    L’entretien suggère que la perversité n’est pas un accident, mais une caractéristique de certaines formes de pouvoir. L’alliance, chez les magistrats jansénistes, entre une rigueur morale affichée et des pratiques sadiques (les tortures des convulsionnaires, le supplice de Damiens) révèle une psychologie du pouvoir qui jouit de sa propre cruauté et de son impunité.

    La question du chantage au sommet de l’état (Le Président)

    Soulevée à propos du couple présidentiel actuel, cette question élargit la notion de « secret d’État ». Elle suggère que les dirigeants peuvent être tenus et manipulés non seulement par des secrets politiques, mais aussi par des secrets personnels et moraux, faisant d’eux des « marionnettes » entre les mains de ceux qui les détiennent. C’est une réflexion sur la fragilité du pouvoir à l’ère de la surveillance totale.

    La destruction de l’église de l’intérieur (Marion Sigaut)

    La critique du jansénisme est précise : il est présenté non comme une simple hérésie, mais comme une « secte » dont le projet était de détruire l’Église catholique de l’intérieur, en sapant son autorité et sa doctrine. C’est une analyse qui voit dans certaines querelles théologiques une véritable stratégie de subversion politique à long terme.

    La force de la minorité agissante (Marion Sigaut)

    En réponse à ceux qui désespèrent face à l’apathie des masses, Marion Sigaut développe une théorie de l’action politique. Ce n’est jamais la majorité qui fait l’histoire, mais une « minorité agissante, active et intelligente ». Les masses, selon elle, suivent toujours les élites. Le but n’est donc pas de convaincre tout le monde, mais de constituer une nouvelle élite intellectuelle et morale qui finira par entraîner le reste de la société.

    Le refus de l’obéissance à un ordre illégal (Marion Sigaut)

    C’est un point juridique et civique crucial soulevé en fin d’entretien. Marion Sigaut rappelle qu’aucun fonctionnaire n’est tenu d’obéir à un ordre manifestement illégal. C’est un appel direct à la désobéissance civile et à la responsabilité individuelle des agents de l’État (enseignants, policiers, etc.), qui ne pourront se réfugier derrière le « j’obéissais aux ordres » lorsque le système sera jugé.

    L’éveil au sein des communautés lgbt (Frédéric)

    L’entretien note un fait d’actualité perçu comme un « signe avant-coureur » : la désolidarisation de plusieurs associations LGBT nationales du mouvement international, en raison de son offensive jugée trop agressive sur le « transgenrisme » et l’enfance. C’est la preuve, pour les intervenants, que la conscience du danger de la « guerre contre l’enfance » commence à traverser même les lignes de fracture idéologiques.

    La guerre pour l’âme de l’humanité (Frédéric)

    La conclusion de l’échange élargit la perspective. Le combat décrit n’est pas une simple querelle franco-française ou même occidentale. C’est une « guerre pour l’âme de notre civilisation », et même de « notre humanité ». Cela positionne le débat sur un plan spirituel, où l’enjeu ultime est la définition même de ce que signifie être humain, face à des forces qui cherchent à le redéfinir, voire à le dissoudre.

    Frédéric Bascuñana
    Frédéric Bascuñanahttps://politoscope.fr
    Entrepreneur, citoyen engagé. J’observe avec tristesse mon pays perdre son honneur sous les exactions d’une caste cynique. Retrouvons notre dignité collective.

    Latest articles

    LAISSER UN COMMENTAIRE

    S'il vous plaît entrez votre commentaire!
    S'il vous plaît entrez votre nom ici

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

    Related articles

    Marion Saint-Michel : « ils ne sont pas incompétents, leurs objectifs sont inhumains »

    Source : (Université d'Eté de la Résistance Dimanche 2025 14 septembre 2025)(1ère vidéo : à partir de 01:03:00 ; 2ème vidéo) Au-delà de la colère ou du sentiment d'impuissance face aux crises que nous traversons,...

    PPE3, L’insupportable trahison énergétique – analyse critique en 10 Points Clés

    (mise à jour importante : cette analyse, produite quelques jours avant le départ poisseux du premier ministre François Bayrou le 8 septembre 2025, reste plus que je jamais nécessaire en dépit du fait que...

    Manifeste du PIC : « Pirater le système », le plan radical d’un mouvement émergeant pour rendre le pouvoir au peuple

    Nous vivons sous le joug d'une oligarchie élective qui a perfectionné l'art de notre impuissance. Ce sentiment qui vous étreint n'est pas une fatalité, mais le résultat d'une ingénierie sociale sophistiquée. Face à...

    10 grands principes philosophiques, moraux et sociétaux capables de nous rassembler

    Une petite pépite trouvée sur X et publiée par le collectif de réinformation « mammie Bocock », qui propose « 5 principes philosophiques, moraux et sociétaux capables de nous rassembler ». En hommage à cette démarche stimulante, nous...

    10 points-clés pour comprendre et déjouer l’Astroturfing

    L'astroturfing n'est pas un simple gadget marketing ou une ruse de communicant. C'est une arme politique, une technique d'ingénierie sociale dont le but est de fabriquer le consentement, de simuler le soutien populaire et...